Suite à l'accord avec l'Iran sur son programme nucléaire qui a conduit à la levée des sanctions internationales contre ce pays, cette édition du Bulletin trimestriel d’information économique de la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, tente de cerner ses effets sur le marché mondial du pétrole, sur les partenaires commerciaux de l'Iran et sur l'économie de ce pays.
Le principal effet de la levée des sanctions sera le retour de l'Iran sur le marché pétrolier. La Banque mondiale calcule que, sauf réaction stratégique des autres exportateurs de pétrole, l'ajout à terme d'un million de barils par jour par l'Iran fera chuter le prix de l’or noir de 14 % (soit 10 dollars le baril) en 2016. Ce retour profitera aux pays importateurs de pétrole, notamment l'Union européenne et les États-Unis, et nuira à ceux qui l’exportent, notamment les pays du Golfe.
Deuxièmement, l’assouplissement des sanctions et des restrictions sur les transactions financières aura pour effet d’accroître le commerce extérieur de l'Iran, qui avait diminué en valeur absolue et s’était réorienté de l’Europe vers l'Asie et le Moyen-Orient. Selon la Banque mondiale, les sanctions ont diminué la valeur des exportations iraniennes de 17,1 milliards de dollars entre 2012 et 2014, ce qui correspond à 13,5 % de la totalité des exportations et à environ 4,5 % du PIB. Les pays dont les échanges avec l'Iran devraient connaître la plus forte expansion sont le Royaume-Uni, la Chine, l'Inde, la Turquie et l'Arabie saoudite.
Troisième effet, l'économie iranienne, qui était en récession depuis deux ans, devrait nettement rebondir sous l’effet de la remontée en flèche des revenus pétroliers (qui devraient atteindre, selon des estimations prudentes, 15 milliards de dollars la première année), de l'expansion des échanges et de la baisse des coûts commerciaux. De plus, l’Iran détiendrait environ 100 milliards de dollars d'actifs gelés à l’étranger (notamment des investissements dans des projets pétroliers), dont 29 milliards d’avoirs de la Banque centrale et de recettes pétrolières seront libérés dès la levée des sanctions.
Enfin, l'investissement étranger direct (IED), qui avait chuté de plusieurs milliards de dollars après le renforcement des sanctions en 2012, devrait lui aussi s’améliorer. Certaines multinationales étrangères ont d'ailleurs manifesté leur intérêt dès la conclusion de l'accord-cadre sur le nucléaire iranien d'avril 2015, surtout dans les secteurs du pétrole et du gaz. La Banque mondiale prévoit que l'IED atteindra entre 3 et 3,5 milliards de dollars d'ici deux ans, soit le double du niveau de 2015, sans toutefois renouer avec le pic de 2003.