WASHINGTON, le 29 septembre 2016— En 2016, l’activité économique a été très contrastée en Afrique subsaharienne. C’est ce qui ressort de la dernière édition d’Africa’s Pulse, publication semestrielle de la Banque mondiale qui analyse les perspectives économiques du continent.
Si la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre cette année son plus bas niveau depuis vingt ans, à 1,6 %, un quart des pays sont parvenus à résister aux chocs. La Côte d’Ivoire et le Sénégal figurent parmi les économies les plus dynamiques de la région, suivis par l’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie qui continuent d’afficher des taux de croissance supérieurs à 6 %.
La mauvaise performance du continent s’explique principalement par la dégradation de la conjoncture au Nigéria et en Afrique du Sud, les deux plus importantes économies de la région qui représentent la moitié de la richesse produite en Afrique. Au Nigéria, la contraction du PIB au cours des deux premiers trimestres 2016 résulte de la baisse des recettes pétrolières et du ralentissement de la production manufacturière. Tirée par l’augmentation de sa production minière et manufacturière, l’économie sud-africaine connaît, quant à elle, un léger rebond au cours du dernier trimestre, après s’être légèrement contractée.
Dans l’ensemble, les pays exportateurs de pétrole subissent encore les conséquences de l’effondrement des cours des matières premières, ce qui souligne la nécessité de diversifier leur économie.
« De nombreux pays exportateurs de matières premières n’ont pas suffisamment ajusté leur politique économique pour faire face à la faiblesse des cours mondiaux et à une conjoncture défavorable », souligne Punam Chuhan-Pole, économiste principale de la Banque mondiale pour l’Afrique et auteur du rapport. « Ces pays doivent accroître leurs recettes intérieures afin de réduire leur dépendance excessive vis-à-vis des matières premières. »
En analysant de plus près l’évolution de la croissance dans la région, le rapport observe une dynamique économique différente avant et après la crise financière mondiale de 2008. Les pays dits « robustes » ont maintenu leur forte croissance au cours de ces deux périodes. Et plus récemment, la croissance s’est accélérée dans quelques autres pays dits « en amélioration ». Les pays qui ont le mieux résisté aux chocs sont aussi ceux qui disposent d’un cadre macroéconomique plus solide, d’une réglementation plus favorable aux échanges commerciaux, d’exportations plus diversifiées et d’institutions plus efficaces.
Perspectives
Dans un tel contexte, la reprise devrait être modeste en 2017, et l’activité économique devrait légèrement augmenter pour atteindre 2,9 %. Les pays continueront probablement de croître à un rythme différent. Les grands exportateurs de matières premières connaîtront un faible rebond avec la hausse progressive des cours mondiaux, tandis que d’autres pays poursuivront leur croissance soutenue sous l’effet de leurs investissements dans les infrastructures.
À plus long terme, l’Afrique subsaharienne doit absolument booster sa productivité agricole pour transformer son économie. Le rapport souligne la nécessité d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques dans ce secteur et de mieux les calibrer afin de générer des retombées plus positives sur l’économie dans son ensemble.
Principales conclusions:
- Après avoir ralenti à 3 % en 2015, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait s’établir à 1,6 % en 2016, son plus bas niveau depuis vingt ans.
- L’effondrement du taux de croissance de l’ensemble du continent s’explique par les difficultés rencontrées par les plus grandes économies de la région. Principaux exportateurs de matières premières, ces pays subissent toujours les conséquences de la chute des cours, doivent faire face à des conditions de financement moins favorables et réajuster leur cadre macroéconomique.
- Parallèlement, près du quart des pays du continent semble avoir mieux résisté. L’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie continuent d’afficher, en moyenne, un taux de croissance supérieur à 6%, dépassant ainsi les principales économies de la région. D’autres pays, tels que la Côte d’Ivoire et le Sénégal, enregistrent les taux de croissance les plus élevés du continent.
- Il convient toutefois de se garder d’un optimisme excessif, la conjoncture internationale étant toujours défavorable avec des cours mondiaux encore volatiles, des conditions internationales de financement plus difficiles et des incertitudes en matière de sécurité.
- Dans l’ensemble, l’activité économique de la région n’est plus aussi dynamique qu’avant la crise financière de 2008. Certains pays s’en sortent toutefois beaucoup mieux que d’autres.
- Pour renouer avec la croissance, il est impératif d’augmenter la productivité agricole. Les États devront également réorienter et réorganiser leurs dépenses budgétaires consacrées à ce secteur afin d’améliorer l’efficacité de leur politique agricole.