Le rapport dresse un état des lieux de l’infrastructure dans la région : après avoir analysé la situation sur le plan de la quantité, de la qualité et de l’accès, il s’intéresse à la relation entre croissance des infrastructures et croissance de l’économie. Il examine aussi le niveau des investissements publics et l’efficacité des dépenses.
Les auteurs relèvent une tendance particulièrement positive : l’ensemble des pays africains, qu’ils soient à revenu intermédiaire ou faible, ont enregistré ces 25 dernières années une expansion rapide de la couverture des services de télécommunications. Les taux d’accès à l’eau potable ont également bien progressé, pour passer de 51 % en 1990 à 77 % en 2015.
Les problèmes à résoudre n’en demeurent pas moins nombreux et profonds. La capacité de production électrique par habitant a notamment peu augmenté en vingt ans ; 35 % seulement de la population a accès à l’électricité, sachant en outre que les taux d’accès en milieu rural sont inférieurs d’un tiers à ceux observés dans les villes. Les transports sont également à la traîne : l’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où la densité routière a baissé au cours des deux dernières décennies.
Dans ce contexte, l’accroissement et l’amélioration des infrastructures pourraient avoir des effets considérables sur la croissance. Le rapport estime ainsi que si l’Afrique parvenait à atteindre un niveau d’infrastructure égal à celui de la médiane des autres régions en développement, son PIB par habitant pourrait progresser de 1,7 point de pourcentage supplémentaire chaque année. Et si elle se hissait au niveau des « meilleurs élèves » en la matière, les profits se chiffreraient à 2,6 points de pourcentage de plus par an. Des gains de croissance potentiels qui résident en grande partie dans le développement de la capacité de production électrique.
Aujourd’hui, les dépenses publiques d’équipement ne permettent pas de répondre aux besoins d’infrastructures des pays africains. Selon les données budgétaires recueillies par l’initiative BOOST pour 24 pays d’Afrique subsaharienne, les États ont consacré 2 % de leur PIB aux dépenses d’infrastructure sur la période 2009-15. Les routes se taillent la part du lion, puisqu’elles absorbent les deux tiers des investissements d’infrastructure consentis dans la région. Le secteur de l’électricité représente quant à lui 15 % du volume total des dépenses d’équipement, à l’instar de celui de l’eau et de l’assainissement.
En outre, le rapport met en évidence que le budget alloué aux dépenses d’infrastructure est sous-exécuté : les dépenses sont en réalité bien inférieures au niveau prévu, ce qui nuit à la réalisation des projets auxquels sont destinés ces investissements et témoigne d’une inefficacité chronique dans ce secteur.
Les partenariats public-privé ne représentent encore qu’un marché très réduit en Afrique subsaharienne, où ils ne concernent qu’une poignée de pays : l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya et l’Ouganda.
« Notre analyse montre que l’investissement public pourrait avoir des effets plus positifs sur la croissance économique si les pays prenaient des mesures pour le rendre plus efficace », explique Punam Chuhan-Pole, économiste principale de la Banque mondiale pour l’Afrique et auteur du rapport. « Il est prouvé qu’un pays disposant d’un bon système de gestion des investissements publics génère davantage d’investissements privés. »
Pour cela, les États doivent notamment améliorer les institutions et les procédures qui régissent l’évaluation, la sélection et le suivi de leurs projets d’investissement.