Réduire la pauvreté et favoriser l’inclusion économique à travers des investissements dans les compétences
Les pays du continent cherchent actuellement à favoriser l’innovation, faciliter l’adoption des nouvelles technologies et atténuer l’impact déstabilisant de certaines politiques. Mais ils doivent aussi impérativement renforcer les compétences de toutes les tranches de leur population.
Le rapport constate cependant des progrès importants ces dernières décennies : le taux de scolarisation des enfants africains n’a jamais été aussi élevé et, en cinq ans, les taux d’achèvement ont plus que doublé dans le primaire et ont été multipliés par cinq dans le premier cycle du secondaire.
De sérieuses difficultés demeurent cependant : pratiquement un enfant sur trois ne va pas au terme de sa scolarité primaire et, dans la plupart des pays, moins de 50 % des élèves achèvent le premier cycle secondaire — et moins de 10 % accèdent à l’enseignement supérieur.
« Malgré le volume des dépenses publiques d’éducation, des millions d’enfants africains n’acquièrent toujours pas les compétences de base pour pouvoir participer activement au marché du travail, signe que le problème des investissements est avant tout d’ordre qualitatif », explique Punam Chuhan-Pole, économiste principale à la Banque mondiale qui a dirigé le rapport Africa’s Pulse.
Investir judicieusement dans les compétences n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Les gouvernements d’Afrique subsaharienne doivent trouver un juste équilibre entre, d’une part, soutenir la productivité et l’inclusion en général et, d’autre part, investir dans les compétences d’aujourd’hui et dans celles de demain.
Une croissance économique solide exige que les prochaines générations maîtrisent les compétences fondamentales. Trop de jeunes Africains quittent l’école sans avoir acquis les notions indispensables pour mener une vie productive. Dans le même temps, les pays ne peuvent pas se permettre de négliger les attentes de la génération en âge de travailler : dans de nombreux cas, moins de la moitié des adultes savent lire et écrire.
Le rapport plaide donc pour des investissements dans les compétences fondamentales de l’ensemble de la population qui, en renforçant simultanément la productivité, l’inclusion et les capacités d’adaptation, constituent une stratégie gagnante.
En s’attelant à la question des retards de croissance et en confortant les compétences socioaffectives des enfants, des jeunes gens et des adultes ainsi que leur maîtrise de l’écriture et du calcul, les pays d’Afrique subsaharienne pourront combler de profondes lacunes dans l’éducation.
« Il ne peut y avoir de croissance durable si la population ne maîtrise pas les fondamentaux que sont la lecture, l’écriture et le calcul — autant de compétences qui permettent à chacun d’être un citoyen accompli et de réaliser ses rêves », avertit David Evans, économiste principal à la Banque mondiale et co-auteur de l’analyse consacrée au développement des compétences dans les pays africains.
Parallèlement à la mise en place d’un environnement propice à des investissements fructueux dans les technologies et l’innovation, une attention particulière doit par ailleurs être portée à la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.
L’inclusion économique passe par des investissements dans des formations professionnelles ciblées sur les jeunes défavorisés et les travailleurs des secteurs peu productifs. Cela concerne tous les acteurs ruraux des filières agricoles et non agricoles ainsi que les citadins engagés dans un travail indépendant à faible productivité.