Contexte
Le Mali est un pays fragile, semi-aride, enclavé et à faible revenu, dont l’économie est essentiellement rurale et dont la population augmente rapidement. L’agriculture est le secteur le plus important de l’économie, mais il est confronté à de graves difficultés liées au changement climatique et à la pression humaine croissante. L’insécurité alimentaire est omniprésente : chaque année, depuis 2012, environ 3,6 millions de personnes (18 % de la population) sont en situation d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure. En 2021, plus de 6 millions de personnes devraient être en situation d’insécurité alimentaire, en raison du changement climatique et de l’insécurité qui ont limité l’accès aux champs.
Une décennie de croissance économique rapide n’a que modestement réduit les taux de pauvreté, et les inégalités de revenus se creusent. On estime que le taux de pauvreté du Mali est passé de 42,5 % en 2019 à 44,4 % en 2021, faisant basculer 375 000 personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en raison de l’effet cumulé de la perte de revenus, de la baisse des envois de fonds et de la hausse des prix. Les chocs répétés devraient avoir un impact sur les résultats déjà faibles en matière de développement humain (l’indice de capital humain du Mali n’est que de 0,32, inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne) et aggraver les inégalités de revenus élevées.
Les ménages maliens sont fortement exposés aux chocs covariants et idiosyncratiques. Les changements climatiques constituent une menace importante pour le développement du pays ainsi que pour la nutrition et la santé de ses habitants, ce qui exacerbe l’insécurité alimentaire existante et pousse souvent les populations vulnérables dans l’extrême pauvreté. Le Mali se trouve dans une zone qui devrait subir certains des changements de températures et de précipitations les plus intenses et les plus prononcés
Activités du SASPP
Les activités du SASPP du Mali sont ancrées dans le projet d’urgence de filets sociaux (Jigiséméjiri), désormais clôturé. L’objectif du projet et de ses financements additionnels ultérieurs était de construire un système national de filets sociaux adaptatifs et d’accroître l’accès à des transferts monétaires ciblés. Le projet Jigiséméjiri a jeté les fondations d’un système ASP. Il a réussi à fournir une assistance régulière de filets sociaux à 96 900 ménages (y compris des transferts monétaires, des travaux publics à forte intensité de main-d’œuvre et des activités génératrices de revenus) et des transferts monétaires en réponse aux chocs à près de 30 000 ménages.
Projet de filets sociaux Jigiséméjiri au Mali
Durée du projet : Exercice 2013 – Exercice 2023
Financement :
· Financement initial de 70 millions USD de l’IDA
· Financement additionnel de 10 millions USD du MDTF du SASPP au cours de l’exercice 2017.
Si la réponse à la COVID-19 a été entièrement financée par l’État (et non par l’IDA ou le SASPP), elle a bénéficié de l’appui technique de la Banque mondiale. Les effets de la pandémie de COVID-19 cumulés à la crise sociopolitique déjà existante ont eu un impact significatif sur les pauvres et les personnes vulnérables. La Banque mondiale a apporté son soutien à la planification de la réponse à la COVID-19 et à la mise en place des paiements mobiles pour les 400 000 bénéficiaires des transferts monétaires d’urgence déployés en 2021 et 2022. Aussi, depuis début 2022 et jusqu'en juin 2023, le cofinancement parallèle de l’AFD (10 millions d’euros) au projet de filets sociaux soutient-il les transferts monétaires dans les régions les plus affectées par le climat au Mali.
L’équipe de la Banque mondiale a également apporté son soutien à l’élaboration du Registre social unifié (RSU). Fondé en partie sur l’analyse du groupe de travail (comprenant l’UNICEF, le PAM et la Banque mondiale), le décret présidentiel adopté en mai 2022 institutionnalise le RSU. Le registre sera la porte d’entrée de toute intervention sociale et renforcera la coordination entre les acteurs de la protection sociale et les acteurs humanitaires.