Un nouveau rapport de la Banque mondiale met ainsi en évidence l’impact économique à court et à moyen terme que l’épidémie d’Ebola pourrait avoir dans les trois pays les plus touchés — la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone — si ces pays et leurs partenaires n’intensifient pas leurs efforts pour endiguer la maladie. L’impact est chiffré dans les trois pays entre 97 millions de dollars (si l’épidémie est rapidement endiguée) et 809 millions de dollars (si l’on tarde à contrôler ce fléau).
Guinée
Les effets de de la crise sanitaire sont déjà manifestes en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, les trois pays qui comptent le plus grand nombre de cas d’infections. Les premières estimations suggèrent que la croissance économique en Guinée diminuera de moitié -passant de 4,5 % à 2,4 % - du fait de l’épidémie. Dans ce pays de 12 millions d’habitants, qui figure parmi les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest, c’est le secteur agricole qui a le plus souffert des conséquences de la crise. La désertion des campagnes par les travailleurs agricoles s’est soldée par une chute des exportations de produits phares tels que le cacao et l’huile de palme.
Sierra Leone
La Sierra Leone, qui était en voie d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire avec un taux de croissance annuel de 11,3 %, pourrait voir sa croissance chuter à 8 % en 2014, puis fondre à 0 % en 2015. Le virus s’est propagé dans 12 des 13 districts du pays, causant notamment le décès de quatre médecins et 30 membres du personnel soignant. L’économie du pays a été très gravement affectée par les restrictions sur les déplacements internationaux, la fermeture des marchés, la perturbation des activités agricoles et le ralentissement de l’activité minière (pourtant essentielle au pays) en raison du départ des travailleurs étrangers craignant de contracter la maladie.
Libéria
Le Libéria est actuellement le pays le plus touché par l’épidémie de fièvre Ebola. Le virus s’est rapidement propagé, le taux d’infection est en forte hausse et le nombre des décès ne cesse d’augmenter. Selon le rapport, « les répercussions économiques les plus graves de l’épidémie ne relèvent pas de coûts directs (mortalité, morbidité, temps consacré aux malades, perte de journées de travail, etc.), mais plutôt de coûts induits par des changements de comportement dictés par la peur de la contagion avec pour résultat une baisse de la demande de biens et services qui affecte le revenu intérieur et l’emploi. »
Si l’épidémie n’est pas rapidement endiguée, le Libéria pourrait connaître une croissance négative en 2015, suite à la fermeture de l’une des deux plus importantes compagnies minières et de la perturbation des activités agricoles du pays. Le secteur des services est également touché. Le Libéria n’accueille plus que six vols commerciaux par semaine contre 27 avant la crise. Alors que certains hôtels enregistrent un taux de remplissage de 10 % seulement, de nombreux travailleurs du secteur hôtelier ont perdu leur emploi.
Jusqu’ici les pays voisins ont été relativement épargnés sur le plan économique. Cependant, le rapport précise que le Nigéria, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Sénégal et la Gambie pourraient à leur tour être affectés si des mesures ne sont pas rapidement mises en place pour circonscrire la maladie.
Le rapport distingue deux aspects de l’impact du virus Ebola : d’une part, les effets directs et indirects liés à la maladie elle-même et aux pertes en vies humaines ; et, d’autre part, les effets sur le comportement des gens craignant une propagation de l’épidémie, soit la peur des contacts avec autrui susceptible d’entraîner la fermeture des lieux de travail, des perturbations dans les transports et des réactions de panique dans les administrations et les entreprises, avec notamment la fermeture des ports maritimes et des aéroports.