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NOTE16 mars 2023

Ces nouveaux plans de préparation permettront aux pays de répondre plus efficacement aux futures crises de sécurité alimentaire et nutritionnelle

The World Bank

Photo : Salahaldeen Nadir / Banque mondiale

Conflits, chocs économiques, catastrophes naturelles et flambées des prix des engrais et des aliments : ce cocktail explosif a causé en 2022 une crise mondiale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une ampleur sans précédent et frappant de plein fouet les plus pauvres. En 2023, tous les signaux laissent redouter une détérioration encore plus importante des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë et chronique. Selon la mise à jour semestrielle du Rapport mondial sur les crises alimentaires 2022 (a), le nombre de personnes se trouvant dans une situation classée au moins comme critique (phase 3 du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire ou IPC) et nécessitant par conséquent une aide humanitaire d’urgence devrait atteindre 205 millions dans 45 pays ou territoires. Il faut donc agir sans délai pour protéger les vies humaines, préserver les moyens de subsistance et empêcher la perte de gains acquis à grand-peine sur le front du développement. Face à des crises comme celle-ci, il est crucial d’agir rapidement. Plus il faut de temps pour se mobiliser, plus la crise s'aggrave. Les vulnérabilités s’accentuent et s'enracinent, érodant la résilience face aux chocs futurs. D’où l’importance capitale de la préparation aux crises, que l’on peut définir comme l’ensemble des connaissances et des capacités nécessaires pour anticiper des chocs majeurs, y faire face efficacement et s’en relever.

La situation actuelle a poussé la Banque mondiale à accompagner plusieurs pays dans l'élaboration et la mise en œuvre de « plans de préparation aux crises de sécurité alimentaire ». Une initiative qui s’inscrit dans le cadre de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (GAFS) (a) et menée en étroite collaboration avec plusieurs partenaires : Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Programme alimentaire mondial (PAM) et Bureau de la Coordonnatrice des Nations Unies pour la réponse et la prévention de la famine (OFPRC). L’objectif est de se doter d’un plan opérationnel national qui définit ce qui constitue une grave crise de sécurité alimentaire et nutritionnelle pour un pays. Chaque plan explique comment identifier et assurer le suivi des risques de crise, et décrit les protocoles étape par étape, les rôles et les échéances pour la mobilisation de financements supplémentaires et le déploiement d'interventions rapides.


Qu'est-ce qu’un plan de préparation aux crises de sécurité alimentaire ?


Chaque plan national regroupe des éléments jusque-là fragmentés dans un cadre opérationnel cohérent afin de reconnaître systématique une crise naissante. Le cas échéant, il permettra de déclencher une action rapide et concertée des pouvoirs publics, des acteurs humanitaires et des partenaires de développement, afin de prévenir et d’atténuer les effets de la crise. Les interventions s’appuient sur les forces de la soixantaine de partenaires humanitaires et de développement multilatéraux et bilatéraux réunis dans l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (GAFS) et sur son Tableau de bord mondial de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que sur le Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC). Le plan de préparation repose sur sept principes directeurs :

1. Contrôlé et dirigé par les autorités nationales
Lorsque cela est possible, le gouvernement sera au cœur de l’élaboration et de la gestion du plan de préparation à travers tous les organismes et institutions concernés au niveau national et local. Dans les cas où un gouvernement n’a pas de capacités opérationnelles suffisantes, ces fonctions seront provisoirement assurées par la communauté internationale — les responsabilités étant partagées entre les acteurs humanitaires et les partenaires de développement.

2. Axé sur les crises graves :
Au cours d’une année donnée, un pays peut être confronté à de nombreux chocs touchant la sécurité alimentaire et nutritionnelle, dont certains peuvent avoir des effets localisés et limités, et d’autres des conséquences généralisées et graves dans l’ensemble du territoire. Le plan de préparation est axé sur ce dernier type de chocs, qui exacerbent les problèmes chroniques existants et menacent de dégénérer en une crise de sécurité alimentaire et nutritionnelle majeure. Face à des chocs d’une telle ampleur, il est essentiel de mobiliser tous les canaux de soutien, au niveau des pouvoirs publics, des acteurs humanitaires et des partenaires de développement.

3. Fondé sur des données probantes
Le plan de préparation reposera sur des informations et des données rigoureuses, vérifiées et actualisées, issues d’une grande variété de sources afin de fournir une vue d’ensemble des risques naissants et importants pesant sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

4. Organisé au préalable, opérationnel et opportun
Le plan de préparation va au-delà des activités de suivi des risques et exige la mise en place de trois éléments opérationnels interdépendants. Ces dispositifs et protocoles opérationnels doivent permettre :

  • de mettre rapidement en évidence et de suivre en permanence les graves crises de sécurité alimentaire et nutritionnelle ;
  • de mobiliser les responsables des programmes au sein du gouvernement et chez les partenaires de développement et de l’action humanitaire, afin d’évaluer les risques de crise naissante et de déployer les interventions nécessaires ;
  • de réunir les hauts responsables afin de constater ensemble la réalité de la crise, de combler les déficits opérationnels et de financement, et de favoriser des interventions bien coordonnées et globales des pouvoirs publics et de leurs partenaires dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

5. Global
Si une crise importante est détectée, les activités devraient être rapidement étendues et coordonnées entre l’ensemble des partenaires (gouvernement, humanitaire et développement), en tirant parti de leurs avantages comparatifs et dans le souci de sauver des vies, préserver les moyens de subsistance et renforcer la résilience aux chocs futurs.

6. Fondé sur le principe de ne pas nuire
Le plan de préparation doit tenir soigneusement compte des contextes nationaux et locaux, en veillant aux interactions et aux effets potentiels des interventions sur les dynamiques économiques, politiques et sociales existantes, en particulier pour les personnes les plus vulnérables.

7. Évolutif
La préparation aux crises est une activité permanente qui nécessite un entretien et un investissement constants afin que les dispositifs opérationnels soient à jour et puissent être activés rapidement. Le plan de préparation apparaît donc comme un document évolutif qu’il convient de réviser et actualiser régulièrement pour s’assurer qu’il reste adapté aux objectifs visés.

Un premier aperçu des collaborations dans les pays : la Somalie

La Somalie est en proie à une insécurité alimentaire aiguë prolongée et dévastatrice. En décembre 2022, les estimations indiquaient que 5,6 millions de personnes (a) se trouvaient dans une situation de crise, et trois autres millions dans des conditions de stress. Face à l’aggravation de la situation, le gouvernement somalien entreprend l’élaboration d’un plan national de préparation aux crises de sécurité alimentaire, avec le concours de la Banque mondiale dans le cadre de la GAFS et en étroite collaboration avec le GNAFC, la FAO, l’OCHA, l’UNICEF, le PAM et l’OFPRC.

En janvier 2023, après plusieurs mois de consultations bilatérales, le gouvernement fédéral organise un atelier de consultation technique afin d’examiner la version provisoire du plan, peaufiner les modalités proposées et s'accorder sur les prochaines étapes et le calendrier de sa mise en opération.

Les consultations se poursuivront au cours des prochains mois afin d’affiner et détailler les modalités opérationnelles. Le plan devrait être finalisé en septembre 2023, après son approbation officielle par le gouvernement fédéral de Somalie et ses partenaires menant des programmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays.

Conception et mise en opération

Les processus d’élaboration spécifiques différeront en fonction des capacités, des besoins et des priorités de chaque pays. Dans les pays dotés de systèmes de riposte solides aux crises de sécurité alimentaire et nutritionnelle, les nouveaux plans de préparation offrent l’occasion d’examiner ces systèmes et de mieux renforcer leurs composantes liées à la préparation. Dans ceux dont les systèmes ne couvrent que partiellement la préparation aux crises, ils offrent un moyen important de mettre en lumière les lacunes importantes et de préparer le terrain pour les combler au fil du temps, y compris en renforçant progressivement les capacités des pouvoirs publics et leur prise en main des activités. Les travaux préparatoires sont en cours au sein des gouvernements, et des ateliers techniques seront organisés dans 26 pays avec l'objectif d'élaborer la première mouture de la majorité des plans d’ici la fin de 2023.

La menace d’une crise alimentaire va continuer de planer sur de nombreux pays à travers le monde. Bien que la crise mondiale actuelle soit exceptionnelle par son ampleur, elle n’est qu’un coup de boutoir de plus contre un système alimentaire déjà en grande tension. Dans de telles circonstances, la préparation aux crises n’a jamais été aussi importante. Les plans de préparation aux crises de sécurité alimentaire constituent pour les pays un outil essentiel à la reconnaissance des premiers signes d’une crise et à la mise à contribution efficace de tous les partenaires pour y répondre. Ils viendront compléter la réalisation d’investissements à long terme et à plus grande échelle qui sont indispensables pour s’attaquer aux causes profondes de ces crises à répétition et permettre de sortir de ce cercle vicieux de vulnérabilité.

Pour en savoir plus sur cette initiative et obtenir en particulier les coordonnées des points focaux de la Banque mondiale dans les pays, veuillez consulter notre brochure.