Un réseau de laboratoires pour sauver des vies

07 juin 2016



En partageant ressources et savoir-faire, les pays s’efforcent ensemble de trouver des solutions régionales à des problèmes régionaux. Afin d’endiguer la propagation de maladies contagieuses dans les zones frontalières, des responsables de la santé publique du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie se sont organisés pour offrir à 6 millions de personnes un réseau de 41 laboratoires modernes.

Voici une petite dizaine d’années, les responsables de la santé publique en Afrique de l’Est ont réalisé à quel point leurs systèmes sanitaires étaient inadaptés face à l’émergence d’une forme de tuberculose multirésistante et à la menace grandissante de flambées épidémiques (Ebola, fièvre de Marburg ou fièvre jaune). Des décennies de sous-investissement dans les laboratoires étaient à l’origine d’effets délétères en cascade : erreurs de diagnostic, prise en charge inadéquate des patients et incapacité à détecter rapidement une menace pour la santé publique avec, pour corollaires, la propagation des maladies et une hausse des coûts de la santé. Il fallait impérativement agir pour éviter une crise dévastatrice, à l’image de ce qu’avait vécu l’Afrique de l’Ouest avec l’épidémie d’Ebola.


« J’ai cru que j’avais le sida… Grâce à l’appareil GeneXpert, le diagnostic de tuberculose multirésistante a été posé. J’ai alors pu bénéficier d’un traitement adapté.  »

Aliyi Mwanika

Patient en convalescence à l’hôpital régional de référence de Mbale en Ouganda

Agir ensemble pour plus de résultats

Les décideurs concernés se sont donc rassemblés pour créer un réseau de laboratoires de santé publique destiné à améliorer les soins cliniques et à accélérer la riposte en cas d’épidémie. Grâce à un financement de l’IDA de 128 millions de dollars en faveur de cinq pays (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie), ce réseau de 41 laboratoires promeut des normes de qualité et sert de plateforme d’apprentissage, de formation et de recherche. Chaque pays intervient comme centre d’excellence dans un domaine précis, teste des innovations, partage les bonnes pratiques et renforce l’efficacité de la prévention et de la prise en charge des épidémies.

Des avancées sur de nombreux fronts

Spécialisation : en 2013, le laboratoire de référence pour la tuberculose, en Ouganda, a obtenu son accréditation internationale et a été reconnu comme « laboratoire de référence supranational » par l’Organisation mondiale de la santé (soit le deuxième en Afrique). Aujourd’hui, il apporte son soutien à plus de 20 pays sur le continent.

Accréditation : en 2017, 96 % des installations avaient obtenu un label de deux étoiles au moins dans le cadre d’un dispositif régional d’amélioration de la qualité, reconnu par l’OMS. Quatre laboratoires ont obtenu l’accréditation maximale ISO 15189.

Nouvelles technologies : le déploiement d’appareils GeneXpert dernier cri dans les hôpitaux isolés et transfrontaliers, comme l’hôpital régional de référence Mbale en Ouganda, situé à quelque 200 kilomètres de la capitale Kampala, a contribué à accélérer et affiner les diagnostics en cas de tuberculose multirésistante. Depuis le lancement du projet, plus de 157 000 tests ont été réalisés à l’aide des machines GeneXpert sur l’ensemble du réseau, qui permettent d’obtenir des résultats en l’espace de quelques heures au lieu de plusieurs mois.

« Avant d’aller consulter à l’hôpital de Mbale, j’ai été soigné pour une grippe et de la fièvre dans une clinique située près de chez moi, sans aller mieux pour autant. J’ai cru que j’avais attrapé le sida », raconte Aliyi Mwanika, un motocycliste de 30 ans. Grâce au diagnostic effectué avec GeneXpert (une tuberculose multirésistante), Aliyi a eu immédiatement accès au traitement requis. « Au bout de six mois, j’ai pu reprendre mon travail. »

Contrôle renforcé des maladies : grâce à une augmentation de 80 % du taux de confirmation des agents pathogènes en laboratoire, les pays ont amélioré leurs capacités à détecter une épidémie et à y répondre rapidement. Ces avancées sont également liées à une coopération régionale resserrée : création de huit nouveaux comités transfrontières entre les cinq pays, conduite de dix enquêtes conjointes et exercices de simulation d’épidémies ou encore mise en place d’un système de notification par téléphone de tout foyer épidémique, pour partager les informations en temps réel.

Formation et recherche : le vivier d’évaluateurs, de responsables de laboratoires et d’agents de surveillance épidémiologique qualifiés a été étoffé (13 000 personnes environ ont été formées) tandis que les recherches opérationnelles ont apporté de nouveaux éléments avérés pour étayer les décisions politiques. Le système de financement des laboratoires en fonction des résultats adopté au Rwanda a pu ainsi servir de modèle dans les autres pays.




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