Voici une sélection de projets soutenus par la BIRD :
Maroc : le Projet de développement communautaire basé sur l’irrigation (ex. 2001) a amélioré la qualité de vie de 58 800 habitants dans les communautés rurales pauvres des hautes terres isolées du pays, en permettant la remise en état d’ouvrages d’irrigation de taille moyenne et des infrastructures communautaires connexes. Durant les saisons de plantation de 2004-2005 à 2007-2008, les cultures céréalières de faible valeur ont été progressivement abandonnées au profit de cultures horticoles et arboricoles de forte valeur. Pendant la même période, le revenu moyen net a doublé en valeur constante, passant de 1 051 dollars à 2 095 dollars par hectare. Au total, 11 022 hectares d’ouvrages d’irrigation ont été améliorés ; 209 kilomètres de routes rurales ont été construits et les temps de déplacement réduits des deux tiers ; l’installation de 48 points d’eau potable a réduit de moitié le temps consacré aux corvées d’eau, ainsi que l’incidence des maladies d’origine hydrique. De plus, 117 écoles et 20 centres de santé ont été construits. Dans le cadre du renforcement des institutions, 69 associations des usagers de l’eau ont été constituées et toutes ont contribué, en nature ou en espèces, au financement des investissements du projet.
Mexique : le Projet de foresterie communautaire (a) (ex. 2003) a aidé des communautés indigènes et des ejidos propriétaires de forêts dans les régions prioritaires (Durango, Guerrero, Jalisco, Michoacán, Oaxaca et Quintana Roo) à améliorer la gestion et la conservation de leurs ressources et à développer de manière durable des sources alternatives de revenu. La moitié environ des bénéficiaires étaient originaires de groupes autochtones. Résultat, plus de 760 000 hectares ont été ajoutés aux aires de conservation, à la suite de plans de zonage, soit pour préserver la vie communautaire, soit pour préserver la faune et la flore. Les bénéficiaires ont par ailleurs reçu une formation pour mieux assurer la conservation et la gestion durable des habitats naturels. Le projet a facilité la protection d’environ 50 000 hectares de zones naturelles, à travers l’octroi de fonds à des dispositifs de services environnementaux. Plusieurs résultats importants ont été obtenus, comme la certification par des organismes indépendants de 90 920 hectares de forêts considérés comme durablement gérés, le renforcement de 41 associations et 179 entreprises forestières communautaires et l’intégration de 913 000 hectares de forêts dans des dispositifs de gestion améliorée. Des instruments de planification communautaire ont été introduits tout au long du projet, pour aider les bénéficiaires à avoir une vision élargie de leur propre avenir. La recherche du consensus et la participation des membres de la communauté aux prises de décision, afin de renforcer le capital social, ont contribué à assurer la pérennité des initiatives engagées.
Kazakhstan : le Projet de compétitivité agricole (a) (ex. 2005) a contribué à l’expansion d’une agriculture écologique consistant à travailler le sol le moins possible grâce aux formations et à l’assistance technique dispensées par le CGIAR (a) et d’autres partenaires. Cette forme d’agriculture « climato-intelligente » a permis d’augmenter la production de blé de deux millions de tonnes environ, d’engranger des revenus supplémentaires de 580 millions de dollars sur les années 2010 à 2012 et de piéger 1,3 millions de tonnes de CO2 par an.
Voici une sélection de projets soutenus par l’IDA :
Niger : le Projet de promotion de l’irrigation privée (ex. 2002) a permis d’accroître la production et la rentabilité des cultures irriguées de forte valeur appartenant à de petits exploitants privés, en appliquant des technologies simples et bon marché. Au total, 30 826 agriculteurs ont adopté l’une au moins des technologies nouvelles présentées dans le cadre du projet, auquel 13 087 femmes ont par ailleurs pris part. Par rapport aux données de référence de 2001, les rendements des quatre cultures principales étaient passés de 57 % à 85 % à l’issue du projet, sur une période de sept ans. Les gains de rentabilité se sont situés entre 200 et 2 000 % en termes constants.
Afghanistan : le Projet de réhabilitation d’urgence de l’irrigation (a) (ex. 2003) a permis, en dépit de multiples difficultés, en particulier le manque de sécurité et les faibles capacités des pouvoirs publics, de réhabiliter plusieurs systèmes d’irrigation, au bénéfice de plus de 600 000 ménages dans l’ensemble des 34 provinces du pays. Il a été l’occasion d’expérimenter de nouveaux moyens de surveillance des aménagements en cours dans des zones peu sûres, en recourant notamment à des photos ou des vidéos géocodées pour contrôler et rendre compte des progrès réalisés.
Sri Lanka : le Projet d’amélioration des moyens de subsistance des communautés dans les zones touchées par un conflit (a) (ex. 2004) a été conçu pour procurer des revenus aux personnes vulnérables, et notamment aux victimes de la guerre civile qui a opposé pendant 30 ans le gouvernement sri lankais aux Tigres de libération de l’Îlam tamoul et a dévasté la vie de près des deux tiers de la population des provinces du Nord et de l’Est. À l’issue du projet, près de 200 000 familles bénéficiaires ont vu leurs revenus augmenter jusqu’à 50 % ; dans les villages, les communautés ont investi dans des activités génératrices de revenus (pour un montant de 5,5 millions de dollars) et créé des fonds de roulement (pour un total de 7 millions de dollars) tandis que 1 568 jeunes ont reçu une formation pour développer leurs compétences et possèdent aujourd’hui un emploi.
Afrique de l’Ouest : le Programme de productivité agricole (ex. 2007) s’emploie à favoriser et accélérer la diffusion et l’adoption des techniques améliorées mises au point par les centres du CGIAR, les organismes de vulgarisation et les établissements universitaires en privilégiant les grandes priorités agricoles de chaque pays. Au mois de septembre 2012, le programme avait enregistré 253 881 bénéficiaires directs et couvert 166 938 hectares.
Contribution de la Banque mondiale
Au cours des dix dernières années, les engagements de la BIRD et de l’IDA en faveur de l’agriculture ont significativement progressé (avec quelques fluctuations néanmoins), passant de 1,5 milliard de dollars pour l’ex. 2004 à un pic de 4,2 milliards de dollars en 2012, avant de se situer à 2,5 milliards pour l’ex. 2013 (les engagements de l’IDA en 2012 et 2013 se sont élevés respectivement à 2,9 milliards et 1,5 milliards de dollars). Alors que les chiffres de l’aide augmentaient régulièrement, la part de l’agriculture dans le total de l’aide BIRD/IDA est restée constante, à 8 %, entre les ex. 2004-2008 et 2009-2013. C’est l’Afrique subsaharienne qui se taille la part du lion, avec 34 % des ressources allouées à l’agriculture sur les ex. 2009-2013 (contre 24 % pour la période 2004-2008), suivie par l’Asie du Sud. Depuis l’ex. 2004, l’irrigation et le drainage ainsi que l’agriculture générale représentent 51 % environ des financements BIRD/IDA en faveur de l’agriculture.
L’IDA et la BIRD ont réagi avec célérité à la crise des prix alimentaires de 2008/2009, à travers le GFRP : 66 millions de personnes dans 49 pays ont bénéficié de ce programme, grâce à une aide d’urgence de 1,6 milliard de dollars, dont 339,3 millions de dollars dans des fonds fiduciaires soutenus par les donateurs.
L’atout de la Banque mondiale tient à sa capacité d’étayer son aide financière par d’autres dispositifs conçus pour promouvoir des priorités stratégiques, comme le renforcement des capacités, le développement solidaire et la coordination des activités d’investissement et de réforme dans les pays clients. Les prêts à l’appui des politiques de développement dans l’agriculture ont pratiquement triplé entre les ex. 2004-2008 et 2009-2013, passant d’une moyenne de 491 millions à 1,1 milliard de dollars. Les opérations visées assurent en général un accès rapide à une aide financière en appui à un éventail d’objectifs de développement qui exigent, pour se concrétiser, une action publique et institutionnelle à moyen terme. Cette approche est particulièrement adaptée à l’agriculture à petite échelle où un grand nombre d’actions doivent intervenir de manière séquentielle pour permettre aux exploitants de produire davantage et de vendre le fruit de leur travail sur des marchés certes plus nombreux mais aussi plus exigeants.
L’intérêt à l’égard de la protection des terres arables va croissant, sous l’effet de la hausse des prix alimentaires et des carburants, des obligations relatives aux biocarburants, des préoccupations en matière de sécurité alimentaire et des inquiétudes quant aux effets du changement climatique sur des ressources qui se raréfient. Tout cela exige de protéger les biens des pauvres. Des politiques foncières inappropriées freinent considérablement le développement économique et social. Les interventions visant à améliorer la sécurité foncière, l’accès aux terres et leur transmissibilité accroissent la valeur du patrimoine des ménages, les investissements et la productivité agricole et facilitent l’accès au crédit. En janvier 2014, 19 projets portant sur ces questions, pour des engagements nets de 771 millions de dollars, étaient en cours d’examen.
Selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudrait augmenter de pratiquement 50 % les seuls investissements privés dans l’agriculture pour pouvoir nourrir une population mondiale en plein essor à l’horizon 2050. Le développement de systèmes de cultures à grande échelle fait partie des nombreux outils de promotion d’une agriculture et d’un développement rural durables, mais à certaines conditions : l’acquisition de larges étendues de terres ne doit pas se faire au détriment des petits exploitants, qui dépendent de cette ressource pour survivre, ni menacer les droits des communautés locales.
Le Groupe de la Banque mondiale ne soutient pas les investissements fonciers spéculatifs ni les acquisitions qui profitent de la faiblesse institutionnelle des pays en développement ou qui passent outre aux principes d’un investissement agricole responsable. L’institution a soutenu activement la préparation et l’adoption (en mai 2012) par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale. Elle travaille aussi au suivi des Principes d’investissement responsable dans l’agriculture, qui viendront nourrir le processus de consultation de deux ans du CSA. Pour plus d’informations sur cette question et sur la réponse de la Banque mondiale, veuillez vous reporter à la fiche intitulée « Politique foncière : garantir les droits fonciers pour réduire la pauvreté et promouvoir la croissance ».
Partenaires
L’évolution de la conjoncture internationale, sur fond de volatilité des prix alimentaires et de dérèglement climatique, appelle à une action collective plus déterminée susceptible d’atténuer l’impact de ces phénomènes sur les populations pauvres. Certains enjeux émergents présentant un réel intérêt politique et financier pour les clients de la Banque mondiale transcendent les aspects nationaux ou régionaux et sont dans le droit fil de la mission spécifique du Groupe de la Banque mondiale en tant qu’institution multilatérale, multirégionale, plurisectorielle et pluridimensionnelle mettant à disposition des financements et des produits intellectuels. Cet avantage comparé se révèle utile quand il s’agit d’aborder des questions aussi diverses que l’impact de la crise des prix alimentaires de 2008, les stocks de poissons migrateurs ou l’échange de connaissances entre régions, notamment sur les questions de sécurité alimentaire.
Certains partenariats mondiaux s’attachent à forger un consensus technique sur les procédures, en déployant force consultations et assistance technique, quand d’autres portent sur l’augmentation des apports financiers à telle ou telle solution particulière, à travers des projets mis en œuvre par les bénéficiaires. Le Groupe de la Banque mondiale a lui de plus en plus tendance à agir sur ces deux fronts, pour s’atteler à des enjeux agricoles mondiaux parallèlement à l’appui aux pays, à travers les actions suivantes : mise à disposition de connaissances pour nourrir le débat sur les biens publics mondiaux (notamment ceux qui ont un impact sur les programmes nationaux) ; coordination accrue des activités et des connaissances avec des partenaires internationaux ; consultations approfondies avec les différentes parties prenantes ; et mobilisation de ressources additionnelles. En voici quelques exemples :
Production agricole et sécurité alimentaire : en plus du GFRP, la Banque mondiale a lancé le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) (a) afin de répondre aux besoins de financement des plans d’investissement stratégique à plus long terme dans l’agriculture et la sécurité alimentaire, déjà conçus par les pays en concertation avec les donateurs et d’autres parties prenantes. Le GAFSP comprend deux guichets de financement, pour le secteur public et pour le secteur privé. En janvier 2014, le guichet pour le secteur public avait alloué à 25 pays un montant total de 912 millions de dollars comprenant les dons exécutés par les bénéficiaires et les frais de supervision. Le guichet pour le secteur privé avait accordé 45 millions de dollars à 11 projets d’investissement et 4 millions à 17 projets de service-conseil. Par ailleurs, le Groupe de la Banque mondiale coordonne son action avec celle des agences des Nations Unies dans le cadre de l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire, de même qu’avec celle des organisations non gouvernementales. Il apporte son appui au Système d’information sur les marchés agricoles (a), avec l’objectif d’améliorer la transparence des marchés des produits alimentaires et d’aider les pays à prendre des mesures adaptées face aux flambées des cours internationaux.
Nutrition : le Mouvement pour le renforcement de la nutrition (SUN), destiné à lutter contre la sous-alimentation, a été validé par plus de 100 partenaires, dont la Banque mondiale. Toutes les nouvelles propositions de projets dans l’agriculture font l’objet d’une évaluation en amont pour apprécier la prise en compte explicite de performances sur le plan nutritionnel.
Recherche agronomique : la Banque mondiale soutient les biens publics mondiaux critiques en finançant le CGIAR (a) et en collaborant avec cette structure. Le CGIAR est un partenariat mondial entre organismes de recherche sur le développement durable et bailleurs de fonds qui vise à réduire la pauvreté rurale, renforcer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et la santé, et assurer une gestion durable des ressources naturelles. Chef de file dans le domaine de l’agriculture « climato-intelligente », ses recherches scientifiques permettent d’innover et de mettre au point des solutions, outils et technologies qui répondent aux besoins des petits agriculteurs dans les pays en développement. Ses financements ont doublé, pour passer de 500 millions de dollars en 2008 à un milliard en 2013 (avec un effet de levier qui multiplie par 20 la contribution de la Banque mondiale).
Finance rurale : la Banque mondiale et la Fondation Bill et Melinda Gates ont mis sur pied un fonds de soutien au financement de l’agriculture afin de contribuer à la reproduction ou l’élargissement de modèles opérationnels de finance rurale viables ainsi qu’à la diffusion de connaissances et d’enseignements autour de ces modèles.
Pêche maritime : afin d’améliorer la gouvernance et la pérennité des moyens de substance dans le secteur de la pêche, la Banque mondiale a établi, de concert avec de grands donateurs et parties prenantes, le Partenariat mondial pour les océans (a) et l’Alliance pour une pêche responsable.
Maladies animales : face aux répercussions mondiales de maladies émergentes ou ré-émergentes d’origine animale sur la santé publique, la sécurité alimentaire, le commerce et les moyens de subsistance, la Banque mondiale agit en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et d’autres acteurs pour renforcer les systèmes de santé publique et vétérinaires dans le monde et mieux prévenir et contrôler les zoonoses. La prise en charge des maladies animales et l’amélioration des régimes fonciers sont deux facteurs critiques pour sécuriser les biens des pauvres en milieu rural.
Sécurité alimentaire : la mondialisation des chaînes d’approvisionnement alimentaire induit des risques pour la sécurité alimentaire qui dépassent largement les frontières nationales et ont de graves implications en termes de santé publique mais aussi pour le commerce. En s’appuyant sur des travaux engagés sous l’égide du Forum de coopération sur la sécurité alimentaire (a) de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), le Groupe de la Banque mondiale facilite la création d’un nouveau Partenariat mondial pour la sécurité alimentaire (a) réunissant plusieurs parties prenantes afin de renforcer les capacités en matière de sécurité alimentaire dans le monde ; ses membres incluent des organisations internationales comme l’OMS, la FAO, l’OIE, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel et l’Organisation mondiale du commerce, des entreprises privées et des associations, des prestataires de services techniques et des agences gouvernementales.
Foresterie : la Banque mondiale s’efforce de coordonner des activités menées en partenariat afin d’accroître le financement et d’améliorer la gouvernance et les répercussions positives des activités liées au secteur de la sylviculture. Elle travaille en concertation étroite avec la FAO sur le nouveau « Fonds pour les forêts et les agriculteurs » (a), découlant des travaux de l’initiative Growing Forest Partnerships (a), soutenue par la Banque mondiale. Ce nouveau dispositif agira en vue de promouvoir des partenariats entre États, organisations de la société civile, agences de développement et de financement et secteur privé pour soutenir une gestion durable des forêts à l’échelle des paysages et créer une plateforme à travers laquelle la société civile pourra participer à l’élaboration des politiques forestières nationales. La Banque mondiale participe en outre au Programme pour les forêts (a), un partenariat multidonateurs axé sur des analyses pointues et des activités de coopération. En tant que banque multilatérale de développement, elle participe aussi à l’exécution des programmes des Fonds d’investissement climatiques (a), à l’image du Programme d’investissement forestier (a) ; elle administre par ailleurs le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions dues à la déforestation (a).
Perspectives
Conscient de l’évolution de la conjoncture internationale, le Groupe de la Banque mondiale a mis en exergue plusieurs thématiques dans son nouveau Plan d’action pour l’agriculture (a) :
- le développement de l’agriculture climato-intelligente, sous le thème de l’augmentation de la productivité agricole, en prévoyant notamment d’augmenter la part des prêts et des investissements agricoles de la BIRD, de l’IDA et de l’IFC en appui à l’atténuation et l’adaptation au changement climatique (mise au point et adoption de variétés végétales plus tolérantes à la sécheresse et aux inondations et soutien à des systèmes de gestion des animaux et des forêts qui réduisent les émissions de gaz à effets de serre, par exemple) ;
- la facilitation de la réponse du secteur privé, y compris mais sans exclusive par l’augmentation des investissements de l’IFC dans l’agro-industrie ;
- la prise en compte plus explicite de la gestion des risques dans l’agriculture, en augmentant notamment le nombre des évaluations sectorielles du risque dans les différents pays et en poursuivant la mise au point de nouveaux instruments de couverture du risque axés sur le marché pour les agriculteurs ;
- une attention plus soutenue aux performances nutritionnelles des initiatives prises dans l’agriculture, entre autres à travers l’augmentation de la part des projets agricoles accordant explicitement la priorité à la nutrition ;
- un recours accru aux approches paysagères, en augmentant notamment le nombre de projets qui travaillent sur les complémentarités entre l’agriculture, l’eau, les forêts et la biodiversité ;
- la gouvernance, avec en particulier le renforcement des travaux analytiques afin de mieux comprendre la nature des contraintes politiques et institutionnelles qui entravent l’amélioration des résultats agricoles et de soutenir l’amélioration de la gouvernance des régimes fonciers.
Bénéficiaires
La Banque mondiale joue un rôle crucial pour atteindre les populations rurales pauvres et souffrant de la faim, en contribuant à faire de l’agriculture un levier du développement. Un exemple concret permettra de mieux comprendre les enjeux.
C’est l’histoire de Malathi Devi, une mère de cinq enfants (trois fils et deux filles) vivant dans le village d’Aima dans l’État indien du Bihar. Elle est âgée de 40 ans. Comme la plupart des femmes de sa communauté, les Musahar — une population sans terre qui a toujours dépendu des forêts pour vivre et condamnée désormais à se placer comme travailleurs occasionnels — Malathi a été mariée lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Elle avait l’habitude de cultiver son minuscule lopin de terre (2,02 ares) et de travailler pour des exploitants mieux dotés qui lui versaient un salaire de trois kilos de céréales par jour de travail. Mais la saison agricole ne dure que trois mois par an environ. Pendant cette période, les activités de Malathi se partageaient entre la plantation, le désherbage, la culture et le battage des grains. En dehors de la saison agricole, elle cherchait des emplois occasionnels sur des sites de construction ou dans des briqueteries. Quand un conseiller villageois du Projet d’amélioration des moyens d’existence dans les zones rurales du Bihar, une initiative financée par l’IDA, lui a parlé du système de riziculture intensive (une technique scientifique permettant d’accroître la productivité du riz irrigué en modifiant la gestion des plantes, des sols, de l’eau et des substances nutritives), Malathi a décidé de tenter sa chance. Pleine d’espoir, elle a également pris un bail sur une parcelle de 6,87 ares afin d’engranger les retombées du nouveau système. Avec le soutien technique de Pradhan, une organisation non gouvernementale qui travaille en partenariat avec ce projet, Malathi a sélectionné de meilleures semences et des engrais adaptés à la riziculture. Les rendements obtenus avec le système de riziculture intensive étaient supérieurs de 60 % aux anciens. Aujourd’hui, Malathi voit sa sécurité alimentaire assurée toute l’année et dispose d’un peu d’argent en plus.