Résultats
Au cours de la période 2000-2013, la Banque mondiale a financé des projets de construction et de remise en état portant sur quelque 98 362 kilomètres de lignes de transport et de distribution, et l'installation d'une capacité de production d'environ 13 499 mégawatts en vue d'élargir l'accès à une énergie fiable. Les programmes appuyés par la Banque ont permis à quelque 42 millions de personnes d’accéder à l’électricité. Cet accès est avéré pour 17,5 millions d’habitants (soit l’équivalent de la population du Cameroun) et supposé (d’après les nouvelles capacités de production installées) pour 24,4 millions (soit l’équivalent de la population du Ghana).
Voici un aperçu des résultats obtenus dans le cadre des projets financés par l’Association internationale de développement (IDA) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) :
En Inde, l’élargissement de l'accès à l'électricité aux près de 400 millions d'habitants qui en sont actuellement privés implique d’accroître massivement les capacités de transport de l'énergie. Les financements de la Banque mondiale ont aidé le pays à augmenter la capacité du réseau de transport de 52 milliards de kilowattheures à travers l'ensemble des régions du pays. Ils ont également servi à soutenir un programme quinquennal (2008-2012), mené par la société indienne Power Grid Corporation et destiné à étendre le réseau de cette dernière de 40 000 km pour atteindre 100 000 km, portant la capacité de transport interrégional d'électricité de 21 à 37 gigawatts. Un projet financé par la BIRD à hauteur de 1 milliard de dollars a soutenu l'extension de cinq réseaux régionaux de transport afin de permettre le transfert de l'énergie des régions qui en ont en excès vers les villes et villages des régions insuffisamment desservies. Cette extension a permis l'intégration du réseau national, ce qui a rendu le système plus fiable et réduit les pertes sur le réseau de transport.
Alors que la Turquie est fortement tributaire de l’importation de combustibles, la progression de la demande énergétique a pour conséquence de creuser le déficit du compte courant et d’exposer le pays à des vulnérabilités, tout en aggravant les risques environnementaux. C’est pourquoi les autorités nationales ont élaboré un cadre d’action visant à attirer les investissements vers le secteur énergétique. En août 2012, le Projet pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans le secteur privé avait soutenu la création d’une capacité de production de 969 mégawatts d’énergie renouvelable et financé 20 projets pour l'efficacité énergétique, ce qui a permis d’économiser 1 840 téra-calories (TCal), soit environ 1 % de la consommation électrique du pays en 2009. Dans le cadre de ce portefeuille, les financements apportés par le Fonds pour les technologies propres (CTF) ont appuyé la construction de neuf centrales hydroélectriques de petite taille, ainsi que de six centrales éoliennes et d’une centrale géothermique, mais aussi de 20 projets d'efficacité énergétique. Les investissements soutenus par ce projet devraient permettre de réduire de 3,3 millions de tonnes par an les émissions de gaz à effet de serre sur la durée de vie du projet. Le Groupe de la Banque mondiale prépare actuellement un projet de maîtrise de l’énergie destiné à inciter les banques commerciales à prêter aux petites et moyennes entreprises afin qu’elles puissent investir dans l'efficacité énergétique.
Le Mexique a franchi une étape importante en matière de maîtrise de l'énergie en distribuant gracieusement près de 23 millions d'ampoules basse consommation (a). En 2011/12, le programme national, financé en partie par le Fonds pour l’environnement mondial qui a débloqué une enveloppe de 185 millions de dollars, a permis de créer plus de 1 100 points d'échange, où les particuliers peuvent venir échanger leurs ampoules à incandescence contre des lampes fluorescentes compactes (LFC). Au total, plus de 5,5 millions de familles mexicaines utilisent désormais des lampes économes en énergie, qui ne consomment que 20 % de l'énergie et durent 10 fois plus longtemps qu'une ampoule traditionnelle. La première phase du programme, partiellement financée par la Banque mondiale, a permis d'économiser 1 400 gigawattheures (GWh). Le programme permet également aux familles d’alléger leur facture d'électricité jusqu'à 18 %. À l'achèvement de la deuxième phase en 2014, les économies d'énergie se chiffreront à 2 800 GWh par an, selon les estimations, ce qui évitera l’émission d’environ 1,4 million de tonnes de CO2.
En 2002, 7 000 ménages bangladais seulement utilisaient des panneaux solaires. Aujourd'hui, plus de 1,4 million de ménages ruraux pauvres de ce pays bénéficient de l'électricité produite par des panneaux solaires photovoltaïques. Les montages de panneaux solaires dans le cadre du Projet d'électrification rurale et de valorisation des énergies renouvelables, financé par l'IDA, ont doublé depuis 2010, atteignant 40 000 installations par mois. Un crédit de 130 millions de dollars consenti par l’IDA en 2009 par an et un autre de 172 millions de dollars accordé en 2011 ont fait suite à un financement antérieur de l'IDA qui a permis de lancer le projet en 2002.
Des panneaux solaires photovoltaïques à des prix compétitifs et un plan de financement bien conçu ont, ensemble, changé la vie des familles rurales, sans émettre de CO2, en leur fournissant de l'électricité à une échelle qui était inconcevable il y a quelques années à peine. Dans le cadre de ce programme, les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires installent les dispositifs dans les habitations en respectant certaines normes. Les ménages payent 10 à 15 % des frais au départ et financent le solde par un microcrédit. Les fonds de l'IDA, entre autres, servent à refinancer une partie du microcrédit accordé aux ménages.
Outre l'appui de l'IDA, le programme de promotion des dispositifs solaires individuels au Bangladesh a bénéficié de financements du service de la Banque mondiale chargé de la finance carbone, du Partenariat mondial pour l’aide basée sur les résultats (GPOBA), et de plusieurs autres bailleurs de fonds, dont la Banque asiatique de développement et les agences allemandes KfW et GIZ. Depuis 2002, le programme procure une énergie photovoltaïque hors réseau à 2,8 millions de foyers, ce qui contribue à une hausse de 9 % de l’accès à l’électricité au Bangladesh, tout promouvant des mini-réseaux pour les consommateurs ruraux. Actuellement, plus de 50 000 foyers par mois font l’acquisition de ces dispositifs. En plus d'approvisionner en énergie les populations non desservies, le programme contribue à réduire les émissions de carbone car il évite aux populations d’utiliser du kérosène et du diesel pour s’éclairer. Le secteur de l'électrification solaire et sa chaîne d'approvisionnement au Bangladesh ont également aidé à créer environ 50 000 emplois, directement et indirectement. Pour l’avenir, le programme vise à atteindre 6 millions de foyers c’est-à-dire à fournir à 20 % de la population un accès à l’électricité grâce à des dispositifs solaires individuels.
En Éthiopie, trois crédits de l'IDA, d'un montant total de 440 millions de dollars, ont contribué à élargir l'accès à l'électricité à des services communautaires dans environ 4 300 villes et villages, au profit de plus de 30 millions de personnes qui, en cinq ans, ont ainsi bénéficié de l'éclairage public et de l'approvisionnement en énergie des minoteries locales, des pompes à eau et installations d'irrigation, des dispositifs de télécommunication, des entreprises, des écoles et des cliniques. Le Projet de renforcement et d'extension du réseau électrique, approuvé par la Banque mondiale en mai 2012, prolonge ce travail en aidant à moderniser et étendre le réseau afin d'améliorer la prestation globale de services sur le réseau électrique éthiopien. Il devrait bénéficier à 385 000 personnes.
En Mongolie, un programme lancé en 2006 par le gouvernement avec l'appui de la Banque mondiale et des Pays-Bas a permis à environ 500 000 personnes d’accéder à l'énergie solaire. Grâce au Programme national d'électrification solaire de 100 000 gers, 70 % des bergers mongols ont désormais accès à une source moderne d'électricité.
Contribution du Groupe de la Banque mondiale
Depuis 2008, le Groupe de la Banque mondiale finance des projets énergétiques à hauteur de 48,6 milliards de dollars, dont 24 milliards de la BIRD et 11,4 milliards de l’IDA. Sur le montant total du financement du Groupe, 12,4 milliards de dollars, soit 25,6 %, étaient destinés à des projets et programmes axés sur les énergies renouvelables, ce qui traduit la détermination de nombreux pays à rechercher des solutions énergétiques à faibles émissions de carbone. L'amélioration de l'efficacité énergétique, et le transport et la distribution de l'énergie ont représenté près du tiers des financements alloués à l'énergie. Depuis 2008, environ 16 % du portefeuille sont consacrés à des projets portant sur les combustibles fossiles.
Partenaires
L’initiative Une énergie durable pour tous (SE4ALL) (a), coprésidée par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et par le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, est une coalition mondiale rassemblant des représentants des États, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales. Elle vise trois objectifs d’ici 2030 :
1) garantir l’accès universel à l'électricité et à des combustibles propres pour la cuisson des aliments ;
2) multiplier par deux le taux d’amélioration de la maîtrise énergétique et ramener à -2,6 % le taux de croissance annuel moyen de l’intensité énergétique ;
3) doubler la part de l'énergie mondiale d'origine renouvelable, en la faisant passer de 18 % à 36 %.
Depuis 2012, quelque 80 pays partenaires du monde en développement ont fait savoir qu’ils souscrivaient à cette initiative.
Les investissements actuels dans l’énergie totalisent environ 409 milliards de dollars par an. Si l’on veut atteindre les objectifs ci-dessus, il faut les porter à 600-800 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, avec 45 milliards de dollars supplémentaires pour l’extension de l’accès à l’électricité, 4,4 milliards de plus pour les combustibles propres pour la cuisson des aliments, 394 milliards pour l’efficacité énergétique et 174 milliards pour les énergies renouvelables. Ces estimations s’inscrivent dans un Cadre de suivi mondial élaboré en 2013 par une équipe d’experts de 15 agences dirigées conjointement par le Groupe de la Banque mondiale et l’Agence internationale de l’énergie. En plus de son rôle de leadership au sein de cette initiative, et du programme annuel de prêts en cours (7 milliards de dollars), le Groupe de la Banque mondiale contribue aux trois objectifs généraux via plusieurs autres initiatives :
- Le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) (a) est un programme d’assistance technique et de promotion d’un savoir mondial administré par la Banque mondiale. Ce programme fournit des services d'analyse et de conseil à des pays à revenu faible ou intermédiaire afin qu’ils améliorent leur savoir-faire et leurs capacités institutionnelles en vue d’adopter des solutions énergétiques écologiquement viables qui favorisent la réduction de la pauvreté et la promotion de la croissance économique. Le programme ESMAP est financé par l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, le Danemark, la Finlande, la France, l'Islande, la Lituanie, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède, ainsi que par la Banque mondiale. En partenariat avec l’ESMAP, le Groupe de la Banque mondiale apportera une aide technique à l’initiative SE4ALL pour la rédaction des prospectus d’investissement dans 10 des 80 pays partenaires. L’objectif est de repérer les projets énergétiques critiques et de faciliter les financements correspondants. L’ESMAP soutiendra également le Plan de développement mondial de la géothermie, le Programme de cartographie des énergies renouvelables et l’Initiative pour des villes sobres en carbone.
- Le Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés (GGFR) est un partenariat public-privé mené par la Banque mondiale qui réunit des représentants des principaux pays producteurs de pétrole et entreprises pétrolières. Il vise à réduire le torchage de gaz naturel associé à la production de pétrole, en favorisant une collaboration capitale entre les gouvernements et les acteurs du secteur afin qu'ils puissent ensemble relever les défis liés aux politiques et à la mise en œuvre de projets spécifiques. Ces efforts commencent à porter leurs fruits. Depuis 2005, le torchage de gaz a reculé de presque 20 % dans le monde. On a ainsi évité l'émission de plus de 270 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent du retrait de la circulation de quelque 52 millions de véhicules. Le GGFR va renforcer ses efforts de réduction du torchage sur les quatre prochaines années afin d’améliorer l’efficience du secteur de l’approvisionnement énergétique.
- L'initiative Lighting Africa est un programme conjoint de l’IFC et de la Banque mondiale, qui vise à élargir l'accès à un éclairage de meilleure qualité dans les zones qui ne sont pas encore raccordées au réseau électrique. Ce programme catalyse et accélère le développement de marchés durables de solutions d'éclairage hors réseau, à la fois modernes et d’un coût abordable, destinées aux ménages pauvres et aux micro-entreprises du continent. Il est parvenu à favoriser un primo-accès à l’électricité grâce à la fourniture de lanternes solaires, une réussite sur laquelle s’appuient aujourd’hui deux autres projets : l’initiative Lighting Asia et le partenariat Global LEAP pour l’accès à l’éclairage et l’énergie.
Perspectives
Le Document d’orientation stratégique pour le secteur de l’énergie de 2013 énonce la priorité stratégique de la Banque mondiale pour le secteur énergétique : celui-ci doit fournir l’approvisionnement énergétique fiable, durable et abordable dont les pays ont besoin pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. L’engagement de la Banque dans l’énergie est guidé par cinq grands principes :
1) ancrer l’engagement du pays client dans une vision holistique (systémique et de long terme) des besoins du secteur énergétique ;
2) œuvrer à l’amélioration de l’environnement financier, opérationnel et institutionnel du secteur ;
3) rechercher des solutions de marché et encourager l’investissement du secteur privé ;
4) embrasser une approche inclusive réunissant des acteurs multiples autour des projets ;
5) adapter les interventions à la situation de chaque pays.
La Banque mondiale continue de travailler en collaboration avec les Nations Unies sur l’initiative Énergie durable pour tous afin d’atteindre les trois objectifs fixés par celle-ci, en mobilisant notamment les trois dispositifs mentionnés précédemment (Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique, Global LEAP et Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés).