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publication 26 mars 2019

Comment permettre aux femmes entrepreneures d’être aussi performantes que les hommes en Afrique



LES POINTS MARQUANTS

  • D’après un nouveau rapport de la Banque mondiale, les femmes entrepreneures prennent, ou sont obligées de prendre, des décisions différentes que les hommes en raison de contraintes sexospécifiques.
  • Par conséquent, le rapport établit que les femmes entrepreneures enregistrent en moyenne des bénéfices 34 % inférieurs à ceux de leurs homologues masculins, ont un plus faible chiffre d’affaires et emploient moins d’employés.
  • Le rapport formule des recommandations pour remédier à ces obstacles, notamment recourir à des formations axées sur la psychologie pour encourager les femmes à développer leur esprit d’entreprise, offrir des outils d’épargne aux femmes et leur fournir un capital de départ important à travers des concours de plans d’affaires.

WASHINGTON, le 26 mars 2019 – En Afrique subsaharienne, les femmes entrepreneures sont un moteur essentiel de croissance économique. Toutefois, une nouvelle analyse de la Banque mondiale révèle que la performance des entreprises dirigées par des femmes est uniformément plus faible que celle de leurs homologues masculins en raison de contraintes sexospécifiques.

Intitulé Profiting from Parity: Unlocking the Potential of Women’s Businesses in Africa et fondé sur un large éventail de données nouvelles et pointues sur les ménages et les entreprises recueillies dans un grand nombre de pays, le rapport montre que les femmes entrepreneures sont confrontées à davantage d’obstacles que les hommes, comme certaines normes sociales, des cadres juridiques inégaux et des différences au niveau de l’éducation, des ressources, du capital et des réseaux. Il explique en outre que ces facteurs ont une influence négative sur la prise de décisions, entravent la performance des entreprises dirigées par des femmes et freinent la croissance économique. Bien que les disparités hommes-femmes varient d’un contexte à l’autre, le rapport constate que ces contraintes sont généralement à l’origine des bénéfices plus faibles enregistrés par les femmes entrepreneures, d’un nombre inférieur d’employés et d’un chiffre d’affaires moins élevé.

« Tous les entrepreneurs du continent sont confrontés à divers obstacles pour lancer, exploiter et développer leurs entreprises, mais les femmes entrepreneures doivent relever des défis d’une plus grande ampleur », souligne Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique. « C’est en s’attachant à alléger les entraves spécifiques auxquelles les femmes entrepreneures sont confrontées que les gouvernements pourront non seulement créer un environnement économique propice, mais aussi augmenter les bénéfices du développement du secteur privé. »

Sur la base de cette analyse, le rapport offre aux décideurs un éventail d’options et d’orientations, fondées sur des données factuelles, pour la conception de programmes axés sur les différents obstacles afin d’améliorer la performance des femmes entrepreneures. Le rapport met en lumière plusieurs domaines prometteurs en matière de renforcement des capacités des femmes entrepreneures, dont :

Augmentation de l’accès aux capitaux

Sur la base des données tirées de 14 évaluations d’impact, le rapport établit que les entreprises masculines bénéficient en moyenne d’un investissement en capital six fois supérieur à celui des entreprises féminines. La capacité des femmes à financer leurs activités commerciales est également entravée par des pressions supplémentaires (par rapport aux hommes) les poussant à dépenser leurs revenus pour satisfaire les besoins du ménage. 

Des preuves rigoureuses confirment qu’en aidant les femmes à mettre en place des mécanismes d’épargne sécurisés et en leur fournissant d’importantes subventions en espèces, par le biais de concours de plans d’entreprises, il est possible de promouvoir l’épargne et d’assouplir les contraintes liées au capital auxquelles sont confrontées les femmes à la tête entreprises en expansion. Le rapport recommande en outre d’effectuer une étude complémentaire sur d’autres interventions prometteuses, comme le renforcement des droits fonciers des femmes en vue d’augmenter leur capacité de garantir un investissement et l’introduction de nouveaux outils financiers pour réduire les exigences en matière de garanties.

Aider les femmes entrepreneures à acquérir les bonnes compétences

Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’avoir recours à certaines pratiques commerciales en matière de rentabilité d’entreprise. Les disparités rencontrées entre les hommes et les femmes en termes d’éducation formelle, de compétences de gestion et de compétence socio-émotionnelles influent sur les décisions d’affaires prises par les femmes et contribuent à l’écart de performance. Plusieurs évaluations d’impact ont permis d’établir que les programmes de formation axés sur la psychologie afin d’encourager les femmes à agir en faisant preuve d’un esprit d’entreprise ont eu des effets significatifs et positifs sur le chiffre d’affaires et les bénéfices de micro-entreprises dirigées par des hommes et des femmes. L’enseignement de compétences socio-émotionnelles et de contenus sexospécifiques a également été efficace dans de nombreux contextes en Afrique, bien plus que ne l’ont été les programmes classiques de formation en gestion. Ces formations basées sur la psychologie sont aussi particulièrement rentables en termes de coût-avantage puisque les femmes qui les ont suivies ont vu leur chiffre d’affaires augmenter à long terme.

Faire en sorte que les normes sociales ne soient pas un frein à la croissance

Les normes sociales influencent les choix stratégiques que font les entrepreneures, notamment le choix du secteur d’activité. Les femmes ont tendance à choisir des secteurs traditionnellement féminins, même si les secteurs dominés par les hommes sont généralement plus lucratifs. Mais les femmes qui osent franchir cette frontière sectorielle pour opérer dans les secteurs dominés par les hommes ont tendance à gagner autant d’argent que les hommes.

De nouvelles données tendent à démontrer que les femmes qui ont reçu des informations sur les rendements potentiels des secteurs traditionnellement masculins et se sont familiarisées tôt à ces secteurs par le biais d’apprentissages ou d’un mentor masculin, sont plus enclines à se lancer dans ces secteurs.

« L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où les femmes représentent la majorité des entrepreneurs, mais il n’en reste pas moins encore beaucoup à faire. Ce rapport démontre que lorsque les femmes peuvent travailler et diriger des entreprises, cela a un impact positif sur leurs enfants, les communautés et l’économie de leur pays », souligne Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Banque mondiale pour la croissance équitable, la finance et les institutions. « Il fournit aussi une feuille de route pour renforcer les capacités des femmes et pour guider les sociétés et les économies africaines vers une plus grande prospérité. J’espère que les gouvernements suivront ces recommandations. »

Le rapport Profiting from Parity: Unlocking the Potential of Women’s Businesses in Africa a été produit par Africa Gender Innovation Lab et Finance, Competitiveness and Innovation Global Practice de la Banque mondiale.