ACCRA, 26 mars 2019 — Un nouveau rapport de la Banque mondiale publié aujourd’hui propose une série de solutions fondées sur des données probantes pour remédier aux profondes disparités de performance et de rentabilité entre l’entrepreneuriat masculin et féminin en Afrique subsaharienne.
En puisant dans le riche réservoir de données obtenues à partir d’une enquête menée dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, dont le Ghana, le rapport intitulé Profiting from Parity: Unlocking the Potential of Women’s Businesses in Africa (Comment profiter de la parité pour exploiter le potentiel des entreprises dirigées par des femmes en Afrique) révèle que les femmes entrepreneures sont systématiquement à la traîne au niveau de plusieurs indicateurs clés de performance des entreprises par rapport à leurs homologues masculins. Elles réalisent en moyenne des bénéfices 34 % inférieurs à ceux des hommes entrepreneurs et des chiffres d’affaires mensuels 38 % inférieurs. Il est crucial pour les économies africaines de combler ces écarts, d’autant que sur ce continent les femmes sont généralement plus nombreuses que les hommes à se lancer dans l’entrepreneuriat, souvent par nécessité, et sont moins nombreuses à être salariées.
À une époque où bon nombre de pays s’efforcent de relever le double défi d’une bonne croissance économique et de la création d’emplois, renforcer les capacités des femmes entrepreneures permettrait d’en faire des vecteurs d’opportunités économiques pour répondre aux besoins de la région en matière de création d’emplois de qualité, en particulier au regard des taux de chômage élevés et de l’augmentation du nombre de jeunes.
« En se concentrant sur l’allègement des obstacles spécifiques auxquels sont confrontées les femmes entrepreneures, les États pourront non seulement améliorer l’environnement des affaires, mais aussi optimiser les bénéfices du développement du secteur privé », souligne Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique. Cependant, pour permettre aux femmes entrepreneures de s’accomplir pleinement, les décideurs politiques et les autres parties prenantes doivent trouver une réponse à cette question fondamentale : pourquoi les entreprises dirigées par des femmes sont moins performantes que celles dirigées par des hommes ?
Après une analyse très approfondie des décisions stratégiques prises par les femmes entrepreneures, le rapport met en lumière de nouveaux éléments pour démontrer l’existence d’obstacles au développement et à la rentabilité de l’entrepreneuriat féminin. Il souligne les principaux facteurs de réussite des femmes entrepreneures, tout au long de la gestion et du développement de leur entreprise. Il appelle également les États à cibler les principaux domaines d’action politique susceptibles de favoriser le renforcement des capacités des femmes entrepreneures, notamment la fourniture de capitaux, le renforcement des compétences ainsi que des facteurs contextuels, tels que les normes sociales.
Le rapport recommande également plusieurs domaines de politiques publiques prometteuses qui permettront de renforcer les capacités des entrepreneures : aider les femmes à mettre en place des mécanismes d’épargne, mettre en œuvre des programmes de formation axés sur l’application de leçons tirées de la psychologie afin d’encourager les femmes à agir en faisant preuve d’un esprit d’entreprise, partager des informations pertinentes, et donner accès à des programmes d’apprentissage et des modèles pour encourager les femmes à « franchir le pas » afin de prendre leur place au sein des secteurs d’activités dominés par les hommes où elles ont tendance à gagner plus d’argent que dans les secteurs d’activités traditionnellement féminins.
« Ce rapport démontre que lorsque les femmes peuvent travailler et diriger des entreprises, les enfants, les communautés et les économies en profitent tout autant. L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où les femmes représentent la majorité des entrepreneurs, mais il n’en reste pas moins encore beaucoup à faire », insiste Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de la Banque mondiale pour la croissance équitable, la finance et les institutions. « Il fournit aussi une feuille de route aux gouvernements sur les mesures, que j’espère qu’ils prendront, pour renforcer les capacités des femmes et pour guider les sociétés et les économies africaines vers une plus grande prospérité. »