L’Afrique subsaharienne est la région du monde qui contribue le moins au réchauffement planétaire. C'est pourtant celle qui subira les effets du changement climatique les plus dévastateurs. L’ampleur des migrations climatiques internes pourrait toutefois être réduite de 30 % dans la région du lac Victoria et de 60 % en Afrique de l’Ouest grâce à des mesures immédiates et concertées pour favoriser un développement vert, inclusif et résilient.
Tel est le message clé des nouveaux rapports Groundswell Africa, une série d'études publiée par la Banque mondiale qui fait suite au rapport Groundswell 2018 et qui vient compléter la sortie récente de Groundswell II. Ces études analysent l’ampleur et l’augmentation potentielles des migrations climatiques internes en Afrique de l’Ouest et dans le bassin du lac Victoria, ainsi qu’au Nigéria, en Ouganda, au Sénégal et en Tanzanie, afin de guider le dialogue sur les politiques publiques et l’action à mener.
Communiqué de presse I Rapports Groundswell Africa : Les migrations climatiques internes dans le bassin du lac Victoria | les pays d’Afrique de l’Ouest
Zoom sur le bassin du lac Victoria
Le bassin du lac Victoria est une terre de commerce et de pastoralisme, et ses habitants ont depuis toujours l’habitude de se déplacer en quête de moyens de subsistance pendant la saison sèche. La mobilité fait partie intrinsèque de l’histoire, des traditions et du tissu social dans les cinq pays que compte le bassin : Kenya, Tanzanie, Ouganda, Rwanda et Burundi. Le bassin renferme le plus grand lac d’eau douce tropical du monde et jouit de températures relativement modérées tout au long de l’année. Les facteurs de stress climatique, tels que les sécheresses ou les inondations, mettent non seulement en danger la résilience écologique, mais ils modifient aussi les tendances migratoires, en raison de leur impact sur les cultures agricoles, les systèmes de production alimentaire et les ressources en eau, et de la pression croissante sur les zones urbaines. D’ici 2050, jusqu’à 38,5 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer à l’intérieur des pays du bassin du lac Victoria en raison de ces facteurs climatiques. La Tanzanie enregistrera un nombre record de 16,6 millions de migrants climatiques internes, suivie de l’Ouganda avec 12 millions. Il est toutefois possible de réduire considérablement l’ampleur de ces flux migratoires en prenant des mesures concertées sur le double front du climat et du développement.
Rapport : Groundswell Africa : les migrations climatiques internes dans le bassin du lac Victoria | Infographie
Zoom sur l’Afrique de l’Ouest
L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions les plus « mobiles » au monde et son histoire est marquée par le commerce, le pastoralisme nomade et la migration à des fins de diversification des moyens de subsistance. Si les déplacements des zones rurales vers les zones urbaines occupent une place prépondérante dans les flux migratoires internes, le pastoralisme nomade et les migrations saisonnières des zones intérieures vers le littoral jouent également un rôle crucial dans le maintien des moyens de subsistance. Le Sénégal, par exemple, est à la fois un pays d’origine, de destination et de transit des migrants. D’ici 2050, les facteurs climatiques pourraient contraindre jusqu’à 32 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur pays en Afrique de l’Ouest. Le Niger en comptera le plus grand nombre, suivi du Nigéria, mais le nombre de migrants climatiques internes sera proportionnellement plus élevé dans des pays de plus petite taille comme le Sénégal et le Bénin. L'étude porte sur tous les pays d’Afrique de l’Ouest, en s’attachant plus particulièrement à la situation des pays côtiers.
Rapport : Groundswell Africa : les migrations climatiques internes en Afrique de l’Ouest | Infographie