S’attaquer aux inégalités est essentiel pour la croissance et la réduction de la pauvreté

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Les pistes d'action publique

Le rapport Africa’s Pulse préconise plusieurs mesures pour favoriser une croissance plus soutenue et plus équitable, à savoir rétablir la stabilité macroéconomique, promouvoir la mobilité intergénérationnelle, soutenir l’accès aux marchés et veiller à ce que les politiques budgétaires ne pèsent pas plus lourdement sur les pauvres.

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Les pouvoirs publics devraient se conformer aux meilleures pratiques monétaires et budgétaires : indépendance des banques centrales, règles budgétaires, conseils budgétaires indépendants, etc. Ils devraient aussi mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la transparence dans la planification budgétaire et la passation des marchés et renforcer leurs capacités techniques en matière de gestion et de transparence de la dette.

Les pays africains devraient investir dans la nutrition afin de réduire les taux de retard de croissance dans la petite enfance (en mettant en place par exemple des programmes d’alimentation scolaire) et renforcer les apprentissages fondamentaux et la formation des enseignants dans l'éducation de base. Ils devraient s’attacher en priorité à élargir l’accès aux services pour les populations et les régions défavorisées.

Les gouvernements devraient éliminer les distorsions qui empêchent les entreprises de grandir et qui conduisent à une allocation inappropriée des compétences individuelles. Ils devraient améliorer l’administration de la justice, afin que les règles soient mieux appliquées et plus prévisibles. Afin de favoriser l’accès aux marchés, les pouvoirs publics devraient aussi s’associer activement avec le secteur privé, mettre en place des accords commerciaux régionaux tels que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et investir dans des corridors de transport.

Les impôts et les subventions mal ciblées peuvent avoir un impact disproportionné sur les pauvres. C'est pourquoi les réformes devraient s'attacher à revoir les subventions énergétiques et les tarifs de l’eau afin d’accroître l’efficacité et l’efficience de ces services d’utilité publique, l'enjeu étant de favoriser l’accès à des services de meilleure qualité sans pénaliser les ménages les plus pauvres. Les gouvernements pourraient augmenter leurs recettes en éliminant les exonérations de TVA et en mettant en œuvre un contrôle plus strict des nouvelles dépenses fiscales ; ils pourraient aussi harmoniser les taxes régionales et concentrer leurs efforts de mobilisation des recettes sur les ménages fortunés par le biais de l’impôt sur le revenu et de l’impôt foncier.

S’attaquer aux inégalités est essentiel pour la croissance et la réduction de la pauvreté

Ce qu’il faut retenir

L'activité économique en Afrique subsaharienne montre des signes de reprise fragile. Après avoir chuté à 2,6 % en 2023, la croissance régionale devrait remonter à 3,4 % cette année et 3,8 % en 2025.

 

Ce rebond est principalement tiré par la croissance de la consommation privée, la baisse de l’inflation augmentant le pouvoir d’achat du revenu des ménages.

 

Si l’inflation reflue dans la plupart des économies d’Afrique subsaharienne, elle reste élevée par rapport aux niveaux pré-COVID. L’inflation médiane dans la région devrait passer de 7,1 % en 2023 à 5,1 % en 2024 et 5 % en 2025-26.

 

Le risque de surendettement reste élevé : plus de la moitié des pays sont aux prises avec des niveaux de dette insoutenables. En 2023, les gouvernements de la région ont consacré plus de 45 % de leurs recettes au remboursement de la dette et au paiement des intérêts (contre 31 % en 2022).

 

Les répercussions d’une conjoncture mondiale incertaine sont aggravées par l’intensification des situations de fragilité et de conflit et par les effets du changement climatique, qui font actuellement planer la menace d’une grave insécurité alimentaire sur 105 millions de personnes.

 

Le rythme de l’expansion économique régionale reste inférieur aux taux de croissance enregistrés dans la décennie précédente (2000-2014) et insuffisant pour avoir un effet significatif sur la réduction de la pauvreté. En outre, l’impact de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne est plus faible que dans d’autres régions. Une croissance du PIB par habitant de 1 % est associée à une réduction du taux d’extrême pauvreté de 1 % seulement dans la région, contre 2,5 % en moyenne dans le reste du monde.

 

Les gouvernements africains doivent s’attaquer aux inégalités structurelles pour favoriser une croissance plus soutenue et plus équitable. Pour ce faire, ils doivent rétablir la stabilité macroéconomique, promouvoir la mobilité intergénérationnelle, soutenir l’accès aux marchés et veiller à ce que les politiques budgétaires ne pèsent pas plus lourdement sur les pauvres. La communauté internationale peut également jouer un rôle en apportant davantage de financements concessionnels pour faciliter la mise en œuvre des réformes structurelles et appuyer la gestion de la dette extérieure.

Données

Les inégalités en Afrique subsaharienne par rapport aux autres régions