À la une

Les pistes d'action publique

Afin d’accélérer la croissance au service de l'élimination de la pauvreté en Afrique subsaharienne, le rapport souligne, entre autres investissements et priorités de l'action publique, l’urgence de remédier aux difficultés de l’éducation et à la pénurie de compétences. Actuellement, sept enfants sur dix en Afrique subsaharienne ne bénéficient pas d’une éducation préprimaire. Et moins de 1,5 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont inscrits dans des programmes d’enseignement professionnel, contre environ 10 % dans les pays à revenu élevé.

TÉLÉCHARGER LE RAPPORT COMPLET (PDF)

Les banques centrales devront poursuivre leurs efforts de maîtrise de l’inflation afin de renforcer la crédibilité de la politique monétaire et permettre un plus grand assouplissement au cours des deux prochaines années. Les responsables de la politique budgétaire devront consolider les comptes du secteur public tout en dégageant la marge de manœuvre nécessaire pour financer des investissements publics et des programmes sociaux prioritaires et viables. Ils doivent également s’attaquer au coût élevé du service de la dette et assurer un niveau d’endettement soutenable. Il est primordial de promouvoir des pratiques de gestion de la dette qui mettent l’accent sur la transparence et des sources de financement plus concessionnelles. 

Face aux risques liés à la viabilité des finances publiques et de la dette et à la nécessité, pour y remédier, de mieux mobiliser les ressources intérieures et accroître l’efficacité des dépenses, il faudra accorder une attention soutenue à la qualité des services et des investissements publics. Cela commence par des pratiques de dépenses transparentes et responsables, prévoyant notamment de soumettre les projets publics à des examens indépendants afin de s’assurer qu’ils ont bien atteint leurs objectifs.

Pour accélérer la croissance au profit de tous et créer des emplois de qualité, les pays de la région doivent transformer leur système éducatif, en mettant l’accent sur deux piliers interdépendants qui sont le socle d’une bonne formation : apporter à tous les enfants un bagage de compétences fondamentales ; et doter la main-d’œuvre (y compris les jeunes) de compétences en adéquation avec l'évolution de l’économie mondiale, et notamment avec les nouveaux débouchés offerts par le numérique et la transition écologique.  

Il faudra pour cela mettre l’accent sur l’enseignement préprimaire et prêter la plus grande attention aux objectifs d'apprentissage dans les compétences fondamentales (lecture, écriture et calcul). Les investissements les plus précoces sont les plus rentables : investir dans le développement de la petite enfance est l’une des manières les plus efficaces et les moins coûteuses de favoriser la réussite scolaire ultérieure. Les investissements dans l'éducation doivent s’accompagner d’interventions dans les domaines de la nutrition, de la santé et de la protection sociale, afin de mettre en place une base solide pour le développement tout au long de la vie et de lutter contre les retards de développement chez l'enfant.

Les stratégies d’éducation doivent être pensées dans le cadre plus large des plans de développement du secteur privé. Il est essentiel de soutenir l’entrepreneuriat et les start-up, de permettre aux petites entreprises de grandir et d’attirer des entreprises plus vastes et bien établies pour assurer à une main-d'œuvre diplômée et qualifiée de véritables opportunités d’emploi au moment de l’insertion professionnelle ou en cours de carrière. Il est également important de développer les stages et les aides à la recherche d'emploi, en portant une attention particulière aux obstacles spécifiques que rencontrent les femmes et les adolescentes.

Sachant que les enseignants représentent plus de 90 % des coûts récurrents de l’offre d'éducation, il convient d’utiliser plus judicieusement ces effectifs. Dans de nombreux pays, les faiblesses des systèmes d’affectation des enseignants sont à l'origine d’une forte iniquité dans les dépenses publiques, dans un contexte marqué par des niveaux élevés d’absentéisme et de manque de motivation chez les enseignants.

Lancement du rapport à l'Université de Pretoria

Les faits marquants

Reprise économique : L’économie de l’Afrique subsaharienne devrait croître de 3 % en 2024, tirée par la hausse de la consommation privée et des investissements. Cette croissance est toutefois insuffisante pour réduire la pauvreté et retrouver les niveaux pré-COVID.
 

Ralentissement de l’inflation : L’inflation devrait considérablement refluer en 2024, la plupart des pays enregistrant des taux inférieurs à ceux de l’année passée. Dans un grand nombre d’entre eux, les taux d’inflation demeureront cependant plus élevés qu’ils ne l’étaient avant la pandémie.


Politiques monétaires divergentes :
Les réponses monétaires divergent d’un État à l’autre : les pays en désinflation envisagent de baisser leurs taux directeurs, tandis que ceux où l’inflation est encore forte maintiennent des politiques plus strictes.


Croissance et dette :
L’économie mondiale se stabilise, mais la croissance en Chine devrait marquer le pas. L’inflation mondiale est en reflux, mais à un rythme plus lent que prévu. Les soldes budgétaires s’améliorent, mais le coût élevé du service de la dette limite la marge de manœuvre budgétaire pour des investissements générateurs de croissance.


Conflits et changement climatique :
La violence politique, le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes continuent de freiner les perspectives de croissance.


Le rôle de catalyseur de l’éducation :
Le rapport souligne le rôle crucial de l’éducation pour augmenter la productivité, créer des emplois et favoriser une croissance inclusive.


Investir dans l’éducation :
L’Afrique subsaharienne doit augmenter considérablement les investissements dans l’éducation pour atteindre les objectifs nationaux et mondiaux fixés dans ce domaine. Il s’agit notamment de résoudre les problèmes de gestion des enseignants et de veiller à ce que les programmes d'éducation et de formation répondent aux besoins économiques locaux.

Données

L'élévation du niveau de vie est corrélée à l'élévation du niveau d'apprentissage en Afrique

ll existe une corrélation positive entre l'apprentissage et le PIB par habitant, car une meilleure éducation conduit à une main-d'œuvre plus productive, qui contribue à son tour à la croissance du PIB. Cependant, l'apprentissage seul n’est pas suffisant : si la demande du marché est faible, les travailleurs diplômés et qualifiés peuvent avoir du mal à traduire leur capital humain en emplois de meilleure qualité et mieux rémunérés.