John Kerry, envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat : ma prochaine question s’adresse à David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale. Le Groupe de la Banque mondiale est la principale source de financements multilatéraux pour les pays en développement. Et le Plan d’action sur le changement climatique 2021-2025 du Groupe de la Banque mondiale sera rendu public dans les semaines à venir. Comment ce nouveau plan permettra-t-il au Groupe de la Banque de contribuer à renforcer l’ambition climatique ?
Le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass : je vous remercie, M. le Secrétaire d’État John Kerry, et merci à tous. C’est un plaisir pour moi d’être là. Nous avons publié un résumé de notre plan d’action climatique aujourd’hui. L’idée maîtresse du plan est qu’il faut dépenser plus - en fait, des montants record - dans les solutions qui produisent le plus de résultats. Cela signifie aider les plus gros émetteurs à aplanir la courbe des émissions de gaz à effet de serre et accélérer la réduction de ces émissions. Cela signifie en outre consacrer des montants record aux mesures d’adaptation - c’est-à-dire au moins 50 % de notre financement de l’action climatique - afin d’aider les pays à se préparer au changement climatique et à s’y adapter.
Pour la petite histoire, le Groupe de la Banque mondiale a atteint les niveaux les plus élevés de son financement de l’action climatique au cours des deux dernières années. Notre plan s’engage à accroître considérablement les dépenses en se concentrant sur les résultats, en plus de mobiliser activement le secteur privé grâce à IFC et la MIGA, les institutions du Groupe axées sur le secteur privé. Fait important, nous alignerons nos financements sur l’Accord de Paris.
Le succès de cette entreprise réside dans l’intégration du climat et du développement. J’espère que d’autres nous suivront sur cette voie. Il est question de dépenser plus, mais de manière à obtenir des résultats optimaux.
Par exemple, dans un pays donné, serait-il plus utile d’investir dans l’agriculture verte, ou dans l’énergie sobre en carbone ou encore dans des réseaux de drainage susceptibles de sauver des vies en cas d’ouragan ? Nous entreprendrons désormais des diagnostics qui permettront de répondre à ces questions.
Nous collaborons avec les pays afin qu’ils réduisent leurs subventions aux énergies fossiles, conscients qu’elles sont coûteuses et à l’origine de distorsions. Certains pays voudront taxer le carbone et pourraient réduire les impôts ailleurs.
Les solutions basées sur la nature et les sources d’énergies renouvelables ont chacune un rôle clé à jouer. L’un des éléments importants de notre plan est qu’il prévoit d’accompagner la transition du charbon vers une énergie d’un coût abordable et durable. Il prévoit aussi des diagnostics devant permettre d’obtenir les meilleurs résultats en matière d’adaptation : quelles sont les meilleures possibilités pour sauver des vies et les moyens de subsistance ? Je pense qu'il est crucial d’établir ces priorités et de planifier pour optimiser l’impact et les résultats du financement de l’action climatique.
Nous collaborons activement avec les pays en développement sur leurs contributions déterminées au niveau national et leurs stratégies à long terme, et allons lancer de nouveaux rapports approfondis sur le climat et le développement dans les pays.
En somme, notre plan est ambitieux, nous intégrons le climat et le développement pour déployer la panoplie complète des ressources du Groupe de la Banque mondiale et, M. le Secrétaire d’État John Kerry, je me réjouis que vous ayez relevé l’importance des ressources concessionnelles, nous nous employons à mener à bien une reconstitution solide des ressources de l’IDA (IDA20) au profit des pays les plus pauvres. L’action climatique sera un thème phare de ce cycle.
Par ailleurs, les pays à revenu intermédiaire auront besoin d’un soutien supplémentaire. Les obligations vertes, bleues, les innovations financières sont toutes des éléments essentiels. Le Groupe de la Banque mondiale offre une plateforme efficace pour cette forme de mobilisation des ressources des bailleurs de fonds. Nous pouvons combiner les financements et un véritable savoir-faire en matière de climat et de développement dans les pays. La fragmentation observée dans ces deux domaines s’en trouverait réduite.
J’aimerais dire bien d’autres choses. Mais, par-dessus tout, nous avons conscience de la gravité et du caractère inique de la situation actuelle. Partout, les populations rencontrent des difficultés. Il existe des problèmes épineux que je n’ai pas pu mentionner. Les défis varient d’un pays à l’autre et pour que les politiques climatiques que nous adoptons soient applicables, nous devons prendre en compte les coûts et avantages afférents sur le cycle de vie complet.
En ce qui concerne le Groupe de la Banque mondiale, notre objectif - et mon objectif - est d’apporter du soutien, et d’agir promptement, de manière à produire l’impact le plus positif pour un développement vert, résilient et inclusif. Je vous remercie.