Skip to Main Navigation
DISCOURS ET TRANSCRIPTIONS 07 avril 2021

Transcription : Conférence de presse du Groupe de la Banque mondiale par le Président David Malpass à l’occasion des Réunions de printemps 2021

La vidéo de la conférence de presse est disponible ici (activez les sous-titres en français).

M. THEIS :  bonjour, bon après-midi ou bonsoir selon le fuseau horaire dans lequel vous vous trouvez.  Je m’appelle David Theis, attaché de presse de la Banque mondiale, et merci de nous rejoindre à cette conférence de presse virtuelle avec le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, à l’occasion des Réunions de printemps 2021.

Après un court propos introductif de M. Malpass, je lirai vos questions et j’en profite pour remercier ceux qui nous ont adressé leurs questions à l’avance.  Nous prendrons les autres questions en ligne, en temps réel.

Il peut arriver que nous fusionnions les questions similaires ou que nous les reformulions par souci de clarté ou de concision. Nous implorons votre indulgence à cet égard.  J’espère que tout le monde se porte bien.

M. Malpass, vous avez la parole.

M. MALPASS : Merci David. Bonjour à tous. Je voudrais parler brièvement des présentes Réunions de printemps, dont les centres d’intérêt sont nombreux, notamment les vaccins, le climat et la dette. Nous avons aussi la reprise, l’objectif de toutes les activités en cours.

J’ai eu des réunions bilatérales avec des dirigeants et rencontré aussi des groupes. Ce matin, j’ai rencontré le G20. Hier, c’était le G7. La veille c’était le G24, qui regroupe les 24 pays en développement les plus importants. J’ai rencontré des défenseurs du climat, des organisations de la société civile et le secteur privé. Ces réunions se sont bien déroulées.  Nous avons eu des tables rondes. Hier par exemple, Janet Yellen a participé à une discussion de groupe avec la Banque mondiale, aux côtés de Kristalina Georgieva et moi-même. Nous avons eu des échanges intéressants. Demain aura lieu une discussion avec le Secrétaire d’État John Kerry au sujet du climat - nous débattrons avec lui et d’autres dirigeants des questions climatiques. Toutes ces rencontres, très intéressantes, se déroulent bien. Nous évoquerons les vaccins dans certains groupes vendredi. Toutes ces discussions sont importantes et constituent l’un des objets des Réunions de printemps.

Je reviens brièvement sur la rencontre de ce matin avec le G20. La bonne nouvelle est que la croissance mondiale s’accélère sous l’impulsion principalement des États-Unis, de la Chine et de l’Inde, dont la reprise est solide. Mais les inégalités restent aussi préoccupantes. Inégalités en matière de vaccins, de revenus médians qui n’augmentent pas très vite dans certains pays et peuvent même diminuer. Nous avons le différentiel de taux d’intérêt, en vertu duquel les pays pauvres supportent des taux d’intérêt plus élevés, qui n’ont pas baissé comme l’ont fait les taux d’intérêt mondiaux. Il existe une inégalité liée à la procédure de faillite dont ne peuvent se prévaloir des États souverains, de sorte que les pays les plus pauvres n’ont aucun moyen de se décharger des fardeaux très pesants de la dette. L’autre inégalité concerne l’accès au crédit, le gros des efforts de relance étant dirigé vers les acteurs du haut de l’échelle, tandis que les personnes, dont la cote de crédit n’est pas brillante, par exemple, ou les petites entreprises, les nouveaux opérateurs, les femmes désireuses de démarrer une activité économique ont beaucoup de mal à obtenir des crédits.

Nous nous réjouissons de ce que le G20 ait accueilli favorablement l’accélération du processus d’IDA 20 que nous espérons boucler au plus tard en décembre. La démarche est importante pour les pays les plus pauvres du monde, cette branche très efficace du Groupe de la Banque mondiale permettant de fournir une aide concessionnelle et des dons aux pays les plus pauvres.

La prolongation de l’initiative de suspension du service de la dette jusqu’en fin 2021 a été entérinée, et la transparence des contrats de la dette, objet d’échanges assez importants, a été fortement encouragée.

Les discussions ont aussi porté sur le Cadre commun de traitement de la dette. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) collaborent étroitement en vue du succès de la mise en œuvre du Cadre commun du G20 qui devrait permettre de résoudre les situations d’endettement insoutenable. Et le secteur privé a été invité à assurer un traitement comparable de la dette. 

Évidemment, les questions de fiscalité et de climat ont aussi été évoquées. S’agissant du climat, la semaine dernière la Banque mondiale a rendu publics les éléments de son plan d’action sur le changement climatique. Je vais en citer plusieurs simplement pour m’assurer que nous en discutons. Il s’agit de l’accroissement des dépenses, de la définition de cibles plus ambitieuses. Il s’agit aussi d’obtenir de meilleurs résultats. Nous souhaitons ardemment que les émissions mondiales de gaz à effet de serre soient déterminées et réduites, et placées sur une meilleure trajectoire.

Nous ferons davantage de diagnostics à cet égard et aiderons les pays à déterminer leurs contributions [contributions déterminées au niveau national]. Nous lançons une nouvelle série de diagnostics sous forme de Revues du changement climatique et du développement pour les pays qui sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre et sont aussi vulnérables aux aléas du climat. La Banque mondiale a annoncé que ses financements seront alignés sur l’Accord de Paris.

Il est beaucoup question de la tarification et de la fiscalité du carbone dans notre plan comme au sein du G20. Il est question aussi des marchés de crédit pour les émissions de carbone. 

Pour finir, je tiens à relever quelques-uns des progrès enregistrés au niveau de la Banque. En ce qui concerne les vaccins, d’ici le milieu de l’année nous espérons fournir des financements à 50 pays pour l’achat des vaccins et le déploiement des programmes de vaccination.

Pour la première fois de son histoire, l’institution a dépassé les 100 milliards de dollars d’engagements sur une période de 12 mois.  Le Groupe de la Banque mondiale a très considérablement augmenté ses activités pour riposter à la COVID.

Quelques avancées ont été observées sur le front de la transparence de la dette, bien que le cadre des garanties de la dette et les clauses de non-divulgation imposées par certains créanciers continuent de poser problème. L’on a pris pleinement conscience du problème que la dette pose aux pays pauvres. Je m’en félicite.  J’ai parlé tantôt d’IDA 20. Nous avons aussi progressé au Soudan, ce qui est très important. Nos programmes sur place s’élargissent rapidement, bien qu’il reste beaucoup à faire. Nous y travaillons en étroite collaboration avec le FMI.

Sur ce, je remets la parole à David Theis et suis prêt à répondre à vos questions.

M. THEIS :  merci beaucoup.  Passons aux questions, dont la première nous vient de Doaa Abdel Moneim du site d’information Ahram Online en Égypte. Faisant suite à vos propos, la question est celle-ci : « Comment l’accélération de l’action climatique dans les pays en développement contribue-t-elle effectivement au processus de leur redressement » ?

M. MALPASS :  Merci de poser cette question. Je dirai deux choses.

La première est que bon nombre de pays pauvres sont très touchés par le changement climatique alors qu’ils ne font pas partie des gros émetteurs de gaz à effet de serre. Nous pensons que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des pays IDA, les pays les plus pauvres. Ainsi, ces pays profiteraient, par exemple, d’un regain d’efforts du reste du monde, ce qui aurait pour effet de réduire leurs vulnérabilités et de leur apporter les ressources leur permettant de s’adapter au changement.

La deuxième est la corrélation directe de l’emploi avec l’adaptation aux aléas du climat et la garantie de la sécurité alimentaire dans les régions. Ces aspects seront très importants du point de vue de la création d’emplois. Je tiens par conséquent à insister sur l’importance de l’emploi dans les pays les plus pauvres. Les populations sont majoritairement jeunes, de sorte que nous réfléchissons aux moyens de rendre le secteur privé attrayant pour les nouvelles entreprises et propice à la création d’emplois. De même, les pays doivent être prêts pour la reprise et permettre à leurs économies de s’adapter au monde de l’après-COVID, qui sera très différent de ce qu’il était avant la pandémie. Il s’agit là d’autant d’occasions positives de créer des emplois. 

Merci.

M. THEIS :  Excellent. Merci beaucoup.

La prochaine question nous vient de Pan Gao de l’agence de presse Xinhua News Agency. « L’on estime que la pandémie de COVID a fait basculer environ 120 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2020. La Banque mondiale dispose-t-elle d’un plan pour réduire la pauvreté dans le monde et aider les pays en développement à se remettre plus rapidement de la pandémie ? »

M. MALPASS : Merci beaucoup. Nous avons des plans pour le développement et nous nous intéressons aux pays individuellement, afin d’aider le monde en développement à aller mieux cette année que l’année dernière. C’est l’essence même de l’action et de la raison d’être de la Banque mondiale. Concrètement, cela signifie réduire la pauvreté ; cela signifie mieux répondre au changement climatique en cours ; cela signifie améliorer les systèmes d’éducation et de santé. En 2020, les engagements de la Banque mondiale ont atteint un chiffre record tant en termes relatifs et qu’absolus. 

Au cours de l’année civile 2020, les engagements de la BIRD et de l’IDA ont augmenté de 65 % par rapport à 2019 ; de l’inédit. Et nous ne cessons d’élargir la capacité d’engagement de la Banque. Et l’accélération d’IDA 20, c’est-à-dire du prochain cycle de reconstitution des ressources de l’IDA y contribuera. Toutes ces actions concourent à la réalisation du changement modulable, porteur de transformations que nous voulons apporter aux personnes vivant dans les pays les plus pauvres. Il peut s’agir de garantir un meilleur État de droit, un meilleur accès des femmes au système légal et des filles au système d’éducation. Les systèmes de soins de santé ont besoin d’être améliorés et d’être plus disponibles pour les populations. Fait important, l’accès à l’électricité et à l’eau potable est un défi énorme pour les personnes vivant dans la pauvreté et pour même celles qui essaient de gravir l’échelle des revenus. Ainsi, pour avancer, nous travaillons sur tous ces aspects et dans le domaine des infrastructures. 

Et, bien entendu, comme je l’ai déjà dit, le changement climatique et le fardeau insoutenable de la dette sont des enjeux majeurs sur lesquels nous travaillons.

M. THEIS :  je vous remercie.

La prochaine question a été posée par Julius Satsi du journal Business Finder Newspaper au Ghana :  « Quelles sont les mesures concrètes que prend la Banque mondiale pour s’assurer que les ressources allouées aux pays parviennent aux personnes, aux groupes ou aux secteurs ciblés ? »

M. MALPASS :  Les questions environnementales, sociales et de gouvernance occupent une place importante dans les processus de la Banque mondiale. Il s’agit de mesures de sauvegarde qui contribuent donc à prévenir la corruption, les projets mal conçus. Et chaque institution du Groupe de la Banque mondiale est dotée d’un mécanisme qui permet de traiter directement ces questions. Bien évidemment, des erreurs sont possibles, il y en a eu par le passé, et nous nous employons sans cesse à corriger les processus et aller de l’avant. 

Je tiens à rappeler l’importance des normes de lutte contre la corruption. L’OCDE a défini de telles normes et il conviendrait que tous les pays y adhèrent - malheureusement, certaines des grandes économies du monde n’y participent pas, ce qui sape les efforts engagés. 

Je parlerais aussi de la transparence, en général. J’en ai fait le plaidoyer en ce qui concerne les contrats de la dette. Certains de ces contrats comportent des clauses de non-divulgation de la part du créancier, mais aussi du débiteur, ce qui est très peu courant. Et pourtant, cette pratique est devenue la norme pour certains contrats ces dernières années. Et nous voulons aussi la transparence, ou l’encourageons, en ce qui concerne le partage d’informations sur la vaccination. L’un des plus gros défis est d’acheminer les vaccins le plus tôt possible vers le monde en développement en vue du lancement du processus de vaccination. Et pour que ce processus soit lancé, les économies avancées et les fabricants doivent partager davantage d’informations.

M. THEIS : très bien. Nous avons reçu plusieurs questions sur la dette de la part de journalistes, notamment Leah Katung-Babatunde de la Nigerian Television Authority

Je paraphrase sa question. « Que fait la Banque mondiale pour aider les pays en développement, notamment les pays à revenu intermédiaire, à résoudre leurs problèmes de liquidités et à alléger la dette durant la pandémie ? »

M. MALPASS : Nous collaborons activement avec le FMI sur le cadre commun que le G20 a mis en place pour traiter l’encours de la dette et le surendettement. Il vise principalement les pays les plus pauvres, les pays IDA, et nous avons hâte de voir des avancées. Au cours des délibérations de cette semaine, le G20 a, je pense, été appelé à former le premier comité des créanciers au titre du cadre commun. Je crois que ce sera au sujet du Tchad. Nous avons travaillé sur la dette - le Tchad a sollicité de l’aide dans le cadre commun pour régler la situation de sa dette. Nous collaborons donc étroitement avec le FMI sur le sujet.

La question vise les pays à revenu intermédiaire dont un grand nombre éprouve aussi des difficultés à accéder aux financements commerciaux et fait face à des déficits budgétaires croissants difficiles à gérer. Je dirais donc, au risque de me répéter que la transparence est très importante. Je crois aussi que la relation entre les créanciers et les débiteurs doit être plus équilibrée. En ce qui concerne les créanciers, le système actuel leur est favorable, car il leur permet de recourir à une action judiciaire pour imposer l’exécution de privilèges contractuels même à un État souverain. Même les contrats non divulgués semblent être - ou sont exécutoires ; cela pose problème.

Je voudrais aussi évoquer le problème des dettes garanties auquel sont confrontés les pays à faible revenu. Ce type de dette est difficile à restructurer. L’Équateur a vécu cette situation en 2020 et a pu divulguer certains vieux contrats, mais pas les contrats actuels ni les conditions de garantie. Voilà autant de difficultés auxquelles se heurtent les pays à revenu intermédiaire et qui, je pense, pourraient être réglées. 

Je citerais aussi les contrats en euro-obligations comportant des clauses d’action collective, mais qui pourraient être plus équitables du point de vue des relations avec les pays à revenu intermédiaire émergents.

M. THEIS : très bien. Une autre question sur la dette, visant plus particulièrement l’Amérique latine, qui nous vient de Alfonso Fernández, de l’agence de presse espagnole EFE : « L’Amérique latine a été la région la plus touchée par la pandémie. Craignez-vous une nouvelle crise de la dette et pensez-vous qu’elle pourrait déboucher sur une autre décennie perdue pour la région, effaçant les progrès accomplis ces dernières années ? »

M. MALPASS : Le PIB de l’Amérique latine a fortement diminué en 2020. On devrait observer une certaine embellie, du moins numérique, en 2021, sans pour autant qu’on atteigne les niveaux d’avant la pandémie. Je suis donc plutôt très inquiet de la situation humanitaire en Amérique latine et aux Caraïbes. L’accès aux vaccins, par exemple, serait grandement utile. Aussi, j’espère que les organismes intermédiaires à travers le monde de même que les fabricants peuvent commencer les livraisons. Pour ce faire, il faut notamment que les contrats soient signés et leur exécution lancée. La Banque mondiale fournit des financements à plusieurs de ces pays et il peut s’agir de programmes de grande envergure, mais les pays négocient les calendriers de livraison avec les différents fournisseurs de vaccins. Ce sera un aspect important de la reprise.

Je pense que la reprise en cours aux États-Unis, particulièrement la création d’emplois qui en résulte, sera aussi très bénéfique à l’Amérique latine et aux Caraïbes. L’Amérique latine a des capacités énormes en matière de biens manufacturés, de services pouvant être mis à disposition. Les avancées numériques peuvent être utiles à la région. Dans certains cas, les pays ont été à la traîne pour des choses dont ils pouvaient disposer. Et je crois que chacun de ces pays peut examiner ses propres systèmes et rechercher dans quels domaines les améliorer, qu’il s’agisse de la transparence, de la lutte contre la corruption, de la construction des infrastructures, tous ces éléments pouvant concourir au progrès. En ce qui concerne la Banque mondiale, nous nous employons activement au quotidien dans bon nombre de pays d’Amérique latine à mettre en place les meilleurs programmes possible pour venir en aide aux populations.              

Au Brésil par exemple, nous apportons une aide supplémentaire non négligeable au dispositif de protection sociale qui a contribué à sauver des vies.  Et, comme je l’ai dit tantôt, nous tenons à disposition des financements pour les programmes de vaccination une fois que les calendriers de livraison pourront être convenus avec les pays avancés.

Merci.

M. THEIS : très bien, merci.

À présent, une question de Kamal Sahriar de Kolkata TV : « La situation actuelle de la COVID est terrible au Bangladesh. Quelles mesures un pays comme le Bangladesh devrait-il prendre pour maintenir son économie à flot et pour systématiser la vaccination ? Quelles sont les difficultés à cet égard ? »

M. MALPASS :  Je voudrais dire plusieurs choses sur le Bangladesh. Je ne me suis pas rendu dans ce pays. Au cours des deux à trois dernières semaines, notre Conseil a conclu l’examen d’une vaste opération de vaccination et a décidé de mettre à la disposition du Bangladesh un financement et l’assistance technique de la Banque mondiale. Cette dernière est très utile aux pays lorsqu’ils essaient de négocier des contrats, mais aussi lorsqu’ils réforment leurs systèmes de santé pour vacciner les populations, afin de rendre ces systèmes effectivement plus aptes à vacciner rapidement une fois que les livraisons de vaccins par les systèmes internationaux - COVAX ou autres fabricants - auront débuté. C’est une étape importante sur le chemin de la reprise du Bangladesh.

Je voudrais aussi parler de l’adaptation. Au fil des modifications du climat dans le monde, la croissance démographique a tendance à se concentrer dans les zones côtières des pays. Ainsi, la question est de savoir comment sauver les vies et comment mieux se préparer pour protéger ces populations des événements climatiques qui peuvent survenir ? 

Je tiens à ajouter aussi que le Bangladesh a fait des progrès énormes. En effet, le pays est sorti du groupe des pays les moins avancés des Nations Unies, en raison de la hausse de son revenu par habitant. Le Bangladesh a permis l’essor des petites industries manufacturières et des petites entreprises, ce qui est une démarche appréciable. Le pays est confronté à un gros problème, celui des réfugiés Rohingya à sa frontière orientale. C’est une source de grande inquiétude pour le monde, car nous le savons, les situations des réfugiés posent des problèmes du point de vue de la santé et de la sécurité des populations.

Dernier point, l’agriculture : pour bon nombre des pays les plus pauvres, avoir un système agricole et d’utilisation des sols efficient est un facteur fondamental de leur parcours de croissance. C’est un pas indispensable pour avancer. Et le Bangladesh ne manque pas de possibilités pour améliorer son système agricole et le rendre plus efficace. 

Merci.

M. THEIS :  très bien. La prochaine question vient de Tran Nguyen de Zing News au Viet Nam : « La Banque mondiale dispose-t-elle de plans pour faire face à des pandémies similaires dans le futur ? »  Une question, donc, sur une pandémie future.

M. MALPASS :  Merci. La préparation est très importante et elle fait partie de nos programmes. Nous disposons du CAT DDO, un mécanisme de financement à option de tirage différé en cas de catastrophe, auquel un pays peut souscrire à l’avance en mettant en évidence son état de préparation et dans lequel il peut obtenir des fonds en cas de crise. Cet instrument n’est cependant pas assez costaud pour une pandémie comme celle de la COVID. Je pense que beaucoup doit encore être fait sur le plan international en matière de préparation, mais c’est un aspect important des programmes de la Banque mondiale et nous pouvons encourager les pays à s’y employer.

Vous savez, c’est un gros problème pour les pays. La pauvreté étant généralisée, l’argument invoqué est comment se préparer pour l’avenir alors qu’on a des enfants qu’on peine à nourrir correctement. C’est une question pertinente à laquelle le monde doit répondre. Il serait bénéfique pour la planète entière que des populations soient capables de se sortir de la pauvreté et de se préparer à des pandémies ou d’autres cataclysmes.  Et, je crois, nous avons besoin d’un effort mondial pour y parvenir. 

Par exemple, en fournissant davantage de financements - ce qui me fait revenir à IDA 20. Nous nous sommes réjouis que le G20 ait approuvé la reconstitution anticipée des ressources de l’IDA, l’institution du Groupe de la banque mondiale qui s’occupe particulièrement d’aider les pays pauvres. 

Le journaliste qui a posé la question est du Viet Nam, je crois. Je voudrais parler aussi du problème du climat.  Le Viet Nam est un gros utilisateur de charbon et un émetteur de gaz à effet de serre et l’un des défis de notre plan d’action sur le changement climatique est d’aider les pays à réaliser une transition équitable du charbon vers des énergies plus propres ou émettant moins de carbone, tout en maintenant leur capacité énergétique de base et leurs systèmes électriques. Il est essentiel que les populations aient accès à l’électricité, mais il faut, à l’échelle mondiale, la capacité de le faire en émettant moins de gaz à effet de serre. Le monde devrait réfléchir en priorité à la manière de financer la transition des pays ayant investi dans des formes d’énergie à forte intensité de carbone.  Et comment sortir rapidement de cette modalité pour s’engager dans la phase de transition ? C’est ce que prévoit notre plan d’action sur le changement climatique : introduire rapidement dans les réseaux électriques des énergies émettant moins de carbone.

M. THEIS :  je vous remercie. Je voudrais informer les participants que M. Malpass doit impérativement assister à une rencontre sur la dette à midi. Je prendrais quand même la prochaine question, puis nous verrons si nous pouvons en prendre une autre.

Nous avons reçu cette question de Anette Meiritz de Handelsblatt, qui a en fait été posée par plusieurs autres organes de presse :  « Quelle incidence néfaste les problèmes de déploiement des vaccins observés récemment dans des pays développés comme l’Allemagne peuvent-ils avoir sur l’objectif d’un redressement mondial après la pandémie ? »

M. MALPASS : La lenteur du déploiement, particulièrement en Europe, est préoccupante, décevante.  Et nous apprenons chaque jour dans les médias les différents problèmes auxquels les pays sont confrontés. J’ose croire et espère vivement que le déploiement s’accélérera lorsque l’on pourra disposer des excédents d’autres pays. Et nous attendrons des organismes de contrôle qu’ils procèdent sans heurt aux approbations voulues pour qu’un plus grand nombre de vaccins soit autorisé, des vaccins sans risques.

J’encourage les populations à se faire vacciner. Je pense que c’est un aspect important de leur sécurité et un facteur décisif de la reprise mondiale.  Lors de la rencontre avec le G20 d’aujourd’hui, l’Allemagne a annoncé que les prévisions de croissance de son PIB seraient peut-être révisées à la baisse à cause de ce problème de vaccin. Ce qui ravive le sentiment d’urgence chez tout le monde et incite chacun à redoubler d’efforts pour rendre disponibles davantage de vaccins à travers le monde.

M. THEIS :  je vous remercie. Cette dernière question de Lara Barsi de Agência Nossa au Brésil :  « Que fait la Banque mondiale pour aider le Brésil, frappé par une crise économique et sanitaire majeure à l’heure actuelle ? »

M. MALPASS :  Le Brésil fait face à beaucoup de problèmes. Nous avons élaboré un grand programme de filets sociaux destiné à renforcer le dispositif de protection sociale du Brésil. À cet effet, nous avons mis à disposition des ressources qui aident les familles à rester ensemble, à mieux se soigner ou à affronter les défis quotidiens de la vie dans le pays.

Nous travaillons aussi activement sur les problèmes relatifs à la biodiversité et l’agriculture qui touchent le pays. Heureusement, le Brésil est un grand pays dynamique, qui a accès aux marchés financiers internationaux. L’une des solutions serait de tirer avantage des échéanciers de la dette pour renforcer les investissements du secteur privé dans l’avenir. Je reste confiant que le Brésil pourra le faire et que le pays bénéficiera de l’élan de reprise mondial.

M. THEIS :  fantastique, je vous remercie. Je sais que vous devez vous rendre à la rencontre ayant pour thème « Repenser la dette : comment financer l’avenir sur fond de crise » qui débute à midi. J’espère que le public pourra suivre ce débat. Vous pourrez le regarder en ligne sur le site worldbank.org

Je vous remercie, M. Malpass. Un dernier mot ?

M. MALPASS :  Cette semaine des Réunions de printemps se déroule bien, David. Et je me réjouis de l’accueil favorable réservé à IDA 20 et à notre plan d’action sur le changement climatique. Nous avançons aussi vite que nous le pouvons sur le front des vaccins. Cela nous rend optimistes. J’ai aussi évoqué les progrès que nous avons faits au Soudan en vue de la reprise des programmes dans le pays. Certains de ces programmes ont pour enjeu de nombreuses populations, de nombreuses vies et je pense donc qu’il y a des raisons d’être optimistes, même si la situation mondiale reste trouble en ce début de 2021.

Je vous remercie. Merci à tous.

M. THEIS : merci beaucoup.  Nous voilà au terme de notre conférence de presse de ce jour. Merci à tous d’y avoir assisté. Prenez soin de vous.

Api
Api