BRAZZAVILLE, 15 mars 2023 – Si la République du Congo veut enrayer ses récents revers économiques et se mettre sur la voie de la prospérité à long terme, elle doit diversifier son économie de sorte à être moins dépendante du pétrole, affirme le dernier Mémorandum économique consacré par la Banque mondiale à ce pays.
Le coût de la dépendance excessive à l'égard du pétrole s'est douloureusement fait sentir au cours de la dernière décennie. La récession dans laquelle a été plongée la République du Congo à partir de 2014 et la fin du boom pétrolier a entraîné une chute spectaculaire du revenu par habitant, contracté l'activité économique et affaibli les perspectives de croissance à long terme. Même si les prix du pétrole sont remontés récemment et que l'économie congolaise a renoué avec la croissance en 2022, il est peu probable que le modèle de développement actuel permette une croissance économique durable et la création d'emplois productifs à l'avenir.
Pour parvenir à un développement durable, le Congo doit de toute urgence diversifier les actifs nationaux, en mettant l’accent sur la mise en place d’institutions plus solides, l’accumulation de capital humain et physique, et une exploitation plus équilibrée des ressources naturelles, indique le rapport intitulé La voie vers la prospérité pour la République du Congo : Mettre en place les fondations de la diversification économique.
« Le modèle de croissance du Congo basé sur le pétrole a fait son temps. Pour concrétiser sa volonté d'adopter un modèle plus diversifié et inclusif, il est essentiel que le Congo renforce son ambition politique et accélère ses efforts de transition vers une économie diversifiée et centrée sur la population », affirme Korotoumou Ouattara, représentante résidente de la Banque mondiale pour la République du Congo.
Le rapport souligne l'urgence des mesures de diversification. La production pétrolière du Congo devrait diminuer à moyen terme en raison de l'épuisement des réserves et de la réduction de la demande extérieure due à la transition mondiale vers une économie décarbonée. De plus, alors que le pétrole représente 40 % du produit intérieur brut (PIB), le secteur n'emploie qu'une petite partie de la main-d'œuvre du pays, les trois quarts des Congolais travaillant dans le secteur informel. Le sous-investissement dans la santé, l'éducation et les infrastructures physiques, ainsi que la faiblesse des institutions publiques, mettent en évidence les limites d'une croissance fondée sur les combustibles fossiles et l'importance de la diversification économique.
Le rapport recense les pistes d'action qui permettront au Congo d’atteindre ses objectifs de diversification économique et recommande des réformes et des investissements dans plusieurs domaines prioritaires :
- Supprimer les obstacles à la concurrence en limitant le pouvoir de marché des entreprises publiques, en encourageant la participation du secteur privé dans les secteurs de l’électricité et des télécommunications et en modernisant les lois sur la concurrence et les capacités de contrôle.
- Accélérer la transformation numérique en créant un environnement propice à la participation du secteur privé, en mettant en place un cadre réglementaire et juridique pour une utilisation accrue des services financiers numériques, en facilitant l'adoption des technologies numériques et en développant les compétences dans ce domaine.
- Assurer un approvisionnement fiable en électricité en rétablissant la rentabilité du secteur, en renforçant la réglementation et en investissant dans les réseaux de transport et de distribution.
- Renforcer la compétitivité et la diversification commerciales en réduisant les droits de douane, en réexaminant les mesures non tarifaires, en concluant les négociations commerciales régionales et en renforçant les marchés locaux.
- Améliorer l’efficacité du système logistique en examinant de près les contrats de partenariat public-privé et en adoptant un système informatique unifié pour le commerce maritime.
- Soutenir le développement de l’écotourisme en réglementant et en finançant la protection du patrimoine naturel, en renforçant les organismes de réglementation et de contrôle et en développant les infrastructures de transport et les efforts de marketing.
« La récente volatilité des prix du pétrole rappelle avec force la nécessité pour le Congo de réduire son exposition aux fortes fluctuations cycliques qui caractérisent les marchés mondiaux des matières premières, souligne Vincent Belinga, auteur principal du rapport. Des actions politiques urgentes visant à développer le secteur non pétrolier, à permettre au secteur privé de se développer et à renforcer les institutions publiques contribueront à stimuler la croissance et à assurer un avenir prospère, résilient et durable. »