OUAGADOUGOU, 10 juin 2021—Le Burkina Faso a enregistré une croissance de 2 % en 2020. Bien que ce chiffre soit inférieur de quatre points de pourcentage aux prévisions d’avant le début de la pandémie de COVID-19, il confirme une reprise amorcée au deuxième semestre, selon le dernier rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques au Burkina Faso, publié aujourd’hui.
Publication semestrielle sur les tendances économiques récentes et des questions de développement importantes pour le pays, la Note actuelle sur la situation économique du Burkina Faso analyse les conséquences micro et macroéconomiques de la pandémie, dresse le bilan de la réponse du gouvernement et formule quelques recommandations pour accélérer la relance. Intitulée : Protéger les pauvres pendant la reprise et au-delà, elle prévoit un retour progressif de la croissance qui devrait continuer d’augmenter en 2021, malgré la persistance de nombreux effets négatifs de la pandémie.
« En dépit du contexte sécuritaire, sanitaire et humanitaire difficile, les ménages et les entreprises burkinabé ont fait preuve d’une capacité de résilience extraordinaire qui a permis à l’activité économique de repartir », souligne Maimouna Fam Mbow, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso. « Et nous espérons que les recommandations de ce rapport et l’accompagnement des partenaires au développement contribueront à favoriser une relance économique robuste et inclusive. »
Le retour de la croissance tient notamment à la bonne performance du secteur secondaire qui a progressé de 12,8 %, porté par l’essor de l’industrie aurifère. Le secteur primaire a quant à lui progressé de 5,2 %, grâce à une bonne saison pour les cultures de subsistance et de coton, tandis que le secteur tertiaire, la plus grande composante de l’économie, s’est contracté de 4,9 % en raison des mesures de distanciation sociale pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus. L’inflation est restée positive en 2020 et a clôturé l’année au-dessus de 4 %.
Par ailleurs, l’étude révèle que la pandémie a eu un impact positif sur le secteur extérieur mais a pesé lourdement sur les comptes budgétaires. En 2020, la balance commerciale s’est améliorée d’un point de pourcentage du PIB, soutenue par des prix de l’or historiquement élevés et la baisse des prix du pétrole. La balance des services, structurellement négative, s’est améliorée de 0,3 point de pourcentage du PIB en raison de la baisse du coût d’importations de l’électricité en provenance des pays voisins. Le déficit budgétaire en pourcentage du PIB a atteint 5,2 % en 2020, une augmentation importante par rapport aux 3,2 % de 2019. Fin 2020, la dette publique représentait 47,6 % du PIB.
Avec la tendance actuelle à l’augmentation du service de la dette, le rapport recommande au gouvernement quelques mesures pour assurer la viabilité des finances publiques. « L’émission d’obligations et de bons du Trésor sur le marché régional des titres est cinq fois plus coûteux—en termes de taux d’intérêt moyens—que le financement concessionnel », explique Daniel Pajank, économiste principal de la Banque mondiale pour le Burkina Faso et co-auteur du rapport. « L’État a plusieurs options pour créer l’espace fiscal nécessaire pour favoriser la croissance et réduire la pauvreté pendant la reprise et après. Notamment en éliminant les exonérations fiscales, renforçant la collecte des impôts fonciers et en réduisant sa masse salariale », complète Kodzovi Abalo, économiste pays pour le Burkina Faso et co-auteur du rapport.
Enfin, pour accélérer la réduction de la pauvreté, le rapport propose de consolider le système de protection sociale à travers trois axes de réformes. Premièrement : développer ou renforcer des outils intégrés de prestation de services sociaux, tels qu’un registre social, une base informatique d’indentification des ménages précaires et un système de paiement. Deuxièmement : établir un programme national de filets sociaux afin d’atteindre l’ensemble des citoyens les plus pauvres. Troisièmement : améliorer l’efficacité et la soutenabilité du financement de la protection sociale, notamment en réformant le système actuel de subventions. « Toutes ces réformes proposées permettraient d’accroître l’efficacité des dépenses publiques au Burkina Faso, de réduire les facteurs de conflit, de garantir une meilleure équité et de renforcer le capital humain » conclut Matthieu Lefebvre, spécialiste principale en protection sociale à Banque mondiale et co-auteur du rapport.