Destinée au grand public, ce rapport vise à alimenter les débats entre les décideurs politiques, les organisations citoyennes, la jeunesse et les chercheurs sur des enjeux économiques et sociaux essentiels à la réduction de la pauvreté au Burkina Faso.
Voici ce qu’il faut retenir de la dernière édition du rapport :
1. L’économie a enregistré une croissance de 2 % en 2020, soit 4 points de pourcentage de moins que prévu avant le début de la COVID-19.
Les bonnes performances des cultures de subsistance et de coton ont permis au secteur primaire de progresser de 5,2 %. Un essor sans précédent de l’industrie aurifère a tiré le secteur secondaire, qui a crû de 12,8 %. Le secteur tertiaire—plus grande composante de l’économie—s’est quant à lui, contracté de 4,9 % en raison des mesures de distanciation sociale prises pour lutter contre la propagation du coronavirus.
2. La qualité de la politique économique du Burkina Faso s’est progressivement détériorée au cours des dix dernières années, sous l’effet de la baisse des performances de sa politique budgétaire.
Les dépenses publiques ont augmenté et leur composition a changé en raison d’une croissance très forte de la masse salariale et de transferts courants élevés. Les dépenses d’investissement public stagnent depuis le milieu des années 2010. Même chose pour les recettes intérieures mobilisées, qui ont également stagné après quelques progrès notés au début des années 2010.
3. La composition de l’encours de la dette devrait continuer à évoluer en défaveur des financements concessionnels, et en 2021, l’encours de la dette intérieure pourrait dépasser celui de la dette extérieure pour la première fois.
La dette intérieure devrait constituer la part majoritaire (51 %) de la dette, soit 27,1 % du PIB en 2021. Alors qu’un pic de mobilisation de la dette sur le marché régional des titres était prévu pour 2021, avant même l’arrivée de la COVID-19, la pandémie a ouvert un déficit de financement de 250 milliards de francs CFA en 2020, dont près de la moitié a été financée par des émissions supplémentaires de dette intérieure. En 2021, la mobilisation nette sur le marché régional devrait atteindre 357 milliards de francs CFA, soit le troisième rang parmi les membres de l’UEMOA.
4. La couverture géographique des programmes d’assistance sociale pourrait être mieux alignée sur la répartition spatiale de la pauvreté.
Une enquête réalisée en 2018 révèle d’importantes disparités régionales dans la couverture de l’assistance sociale, allant de 6,4 % dans la région Centre-Est à 43,7 % dans la région Plateau-Central. Les régions dont la prévalence de pauvreté est élevée, ont également une couverture d’assistance sociale parmi les plus faibles. Le décalage entre la couverture géographique et la pauvreté s’explique principalement par la concentration des bourses d’enseignement supérieur dans la capitale (Centre). Les disparités régionales sont également importantes pour les programmes de cantines scolaire. Ils couvrent 20 % des ménages dans les régions de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et des Haut Bassins, mais seulement 2,7 et 0,8 % dans les régions du Nord et de l’Est.
5. Renforcer le système d’assistance sociale du Burkina Faso et assurer sa réactivité aux chocs reposerait sur trois piliers de réforme.
Tout d’abord en institutionnalisant des mécanismes intégrés de protection sociale, y compris un registre social, une identification de base et un système de paiement. Puis, en établissant un programme national de filets sociaux avec une couverture de l’ensemble du pays pour les plus pauvres. Et enfin, en améliorant l’efficacité et la pérennité du financement de la protection sociale, notamment par une réforme des subventions. La mise en œuvre conjointe des réformes proposées permettraient d’accroître l’efficacité des dépenses publiques au Burkina Faso, de réduire les facteurs de conflit, de garantir l’équité, et de renforcer le capital humain.