Renforcer l'éducation pour favoriser la cohésion sociale et soutenir le développement économique
Nouakchott, le 22 juillet 2020—Dans sa dynamique de diversifier son économie pour favoriser une croissance durable, l’un des défis pour la Mauritanie consiste à améliorer son système éducatif qui constitue un frein au développement économique et à l’inclusion sociale. C’est la conclusion du 3e rapport sur la situation économique en Mauritanie publié aujourd’hui par la Banque mondiale.
Intitulé Renforcer l’éducation pour favoriser la cohésion sociale et soutenir le développement économique, le rapport révèle que les réformes budgétaires adoptées depuis 2016 par les autorités mauritaniennes ont contribué à rétablir l'équilibre macroéconomique. Avec une augmentation du taux de croissance de 2,1 % à 5,9 % entre 2018 et 2019, l’économie a atteint son plus haut niveau depuis 2006. Cependant, comparée à d’autres pays équivalents, la Mauritanie reste en retard en matière de développement socioéconomique.
« Face à la crise de COVID-19, il est particulièrement important de poursuivre les réformes commencées dans le secteur de l’éducation afin d’améliorer le niveau de vie de la population, d'accroître la cohésion sociale et d'assurer une croissance durable et inclusive », explique Samer Matta, économiste à la Banque mondiale et auteur principal du rapport.
La pandémie de COVID-19 aura des répercussions importantes sur les perspectives à court et moyen terme. Le ralentissement économique en Europe et en Chine dû à l'épidémie affectera la croissance mauritanienne et entraînera une baisse de la demande d’exportations mauritaniennes. Sur le plan intérieur, la consommation domestique risque de baisser considérablement du fait de l’incertitude croissante, des mesures de distanciation sociale et de la fermeture des frontières, des restaurants et des marchés. En conséquence la croissance du PIB pourrait diminuer fortement, passant de 5,9 % en 2019 à une fourchette comprise entre -2 et -6,8 % en 2020.
Le rapport consacre un chapitre spécial au secteur de l‘éducation en Mauritanie et analyse la situation et les performances du système éducatif. Il propose également des réformes à mener à l'avenir pour l’améliorer. Au cours des dernières années, la Mauritanie a réalisé des progrès importants dans le domaine de l’accès à l’éducation et de l’équité scolaire entre les garçons et les filles, une des priorités du gouvernement. « Les progrès réalisés restent toutefois modestes face aux enjeux du système éducatif mauritanien, » souligne Laurent Msellati, responsable des opérations de la Banque mondiale en Mauritanie. « En particulier dans le contexte actuel lié à la crise de COVID-19 qui a creusé les inégalités sociales en matière d’accès à un enseignement de qualité sur l’ensemble du territoire. »
Le rapport souligne que plusieurs facteurs sont à l'origine de ces enjeux. Notamment, des conditions d’enseignement inadéquates, une pénurie d’enseignants compétents, et une faible gouvernance du secteur, que ce soit pour l’affectation des enseignants ou la gestion opérationnelle des écoles qui se traduit par utilisation peut efficiente des ressources.
Pour que le secteur de l’éducation puisse jouer son rôle d’ascenseur social, le gouvernement doit renforcer ses investissements et mettre l’accent sur l’amélioration de la qualité des enseignants, la réduction de l’absentéisme, et une plus forte implication de la communauté au niveau local.