NOUAKCHOTT, le 22 juillet 2020—La croissance économique a augmenté de 2,1 % en 2018 à 5,9 % en 2019, portée par un rebond du secteur extractif dû à la hausse de la production minière, notamment de l’or et du fer. Parallèlement, la croissance non extractive est restée robuste (à 5 % en 2019) grâce à une forte croissance des secteurs de l’énergie et des télécommunications qui a compensé la décélération du secteur agricole et de la pêche. L'inflation est passée de 3 % en 2018 à 2,3 % en 2019.
Intitulé : Renforcer l’éducation pour favoriser la cohésion sociale et soutenir le développement économique, le rapport note que si la stabilité macroéconomique s’est améliorée au cours des dernières années, elle sera sévèrement touchée par la pandémie de COVID-19 en 2020. L’épidémie affectera principalement l'économie à cause du ralentissement de la conjoncture mondiale et la contraction de la consommation domestique résultant des mesures de distanciation sociale mises en place par les autorités pour réduire la propagation du virus. En conséquence, la croissance du PIB pourrait diminuer fortement, passant de 5,9 % en 2019 à une fourchette comprise entre -2 et -6,8 % en 2020.
« Pour faire face à cette crise et atténuer son impact socio-économique, le gouvernement est encouragé à élaborer une stratégie axée sur deux fronts : sauver les vies et protéger les moyens de subsistance », explique Samer Matta économiste à la Banque mondiale et principal auteur du rapport.
Le second chapitre de ce rapport se focalise sur le renforcement du système éducatif mauritanien, partant du constat que l’éducation est le principal frein au développement humain et qu’un bon système éducatif est une condition indispensable à la réussite de la diversification économique et à la création d’une croissance inclusive en Mauritanie. Le pays est actuellement classé à la 150e position parmi 157 économies sur l’Indice du capital humain (ICH) de la Banque mondiale avec un score de 0,35.Cela veut dire qu’un enfant mauritanien qui naît aujourd’hui ne réalisera en moyenne que 35 % de son potentiel de développement professionnel et de santé par rapport à ce qui aurait été possible s’il avait bénéficié d’une scolarisation complète et de qualité et de soins de santé.
« Bien qu’il y ait eu des améliorations en termes d’accès, la faible qualité de l’éducation en Mauritanie est un obstacle à la croissance économique et pour le développement du capital humain », explique Waly Wane, chargé des projets d'éducation en Mauritanie et co-auteur du rapport.
Plusieurs lacunes dans le système d’éducation de base expliquent ce constat :
- Un très faible niveau de compétence des enseignants et une pénurie d’enseignants qualifiés ;
- la faible gouvernance du secteur et l’absentéisme élevé des enseignants ;
- le mauvais état des infrastructures scolaires et un matériel d’apprentissage inadéquat ;
- une discontinuité de l’offre scolaire.
Afin de relever les défis importants soulignés ci-dessus, le rapport propose quelques pistes de réflexion pour améliorer en profondeur le système éducatif mauritanien. Il suggère notamment, que le gouvernement se concentre sur l‘amélioration de la qualité des enseignants en mettant en place des évaluations régulières et en développant leur formation continue. Afin d’améliorer la gestion des écoles et de la carte scolaire, l’étude recommande de former les directeurs d’école en gestion et en leadership et de décentraliser le processus de gestion de la carte scolaire. En outre, il serait important de mettre en place un système de sanction pour mettre un terme au taux important d’absentéisme des enseignants. Enfin, le rapport encourage à améliorer les conditions d’apprentissage en introduisant des leçons scénarisées pour guider les enseignants et d’accroître l’autonomie financière des écoles en recourant davantage a un mécanisme de financement direct des écoles.