KIGALI, 25 juin 2019 – L’économie du Rwanda a progressé en 2018, à un rythme de 8,6 %, tandis que l’inflation globale reste contenue à 1,2 % en mars 2019 selon la dernière édition des Cahiers économiques du Rwanda de la Banque mondiale qui paraît aujourd’hui. L’analyse table sur des perspectives favorables à moyen terme, avec une croissance qui devrait s’établir entre 7.5 et 8 % par an.
Cette croissance est diversifiée, l’agriculture progressant de pratiquement 6 %, les services de 9 % et l’industrie, soutenue par les activités de construction et de fabrication, franchissant la barre des 10 %.
« Grâce aux politiques macroéconomiques suivies, le Rwanda continue de bénéficier d’une dynamique économique solide, caractérisée par une croissance soutenue et une inflation maîtrisée, indique Aghassi Mkrtchyan, économiste senior à la Banque mondiale. À moyen terme, les investissements publics continueront de sous-tendre l’activité mais pour conserver durablement cette trajectoire, le Rwanda doit renforcer son secteur privé naissant. »
Intitulé en anglais Lighting Rwanda, la 14e édition des Cahiers économiques du Rwanda est axée sur l’énergie et l’électrification. Après avoir passé en revue les progrès accomplis sur le plan de l’extension de la production et de l’accès à l’électricité, elle relève les défis qui se profilent pour concrétiser la volonté des autorités de renforcer le secteur de l’énergie sans obérer le budget de l’État, des entreprises et des particuliers.
L’analyse constate l’accélération du développement du secteur électrique au Rwanda depuis dix ans, bien plus rapide que dans de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne. Plus de la moitié de la population est désormais raccordée à l’électricité à domicile, contre 10 % seulement en 2009. Et les capacités de production ont plus que triplé sur la même période, avec des coupures de courant moins longues et moins fréquentes.
« La réussite du secteur de l’énergie du Rwanda est un modèle que de nombreux pays de la région tentent de reproduire. Le quintuplement de l’accès à l’électricité en dix ans n’a pratiquement aucun équivalent dans d’autres pays de même niveau de développement », note Yasser El Gammal, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Rwanda.
Au-delà de cette performance, le coût de l’approvisionnement électrique au Rwanda reste l’un des plus chers de la région et constitue une entrave majeure à son développement économique et industriel. Les tarifs actuels pénalisent les ménages et la situation ne peut que s’aggraver avec les progrès de l’électrification des zones rurales, où les populations sont encore plus démunies.
Avec le soutien de la Banque mondiale et d’autres partenaires du développement, le gouvernement rwandais s’est engagé depuis 2017 dans une série de réformes pour rendre les services d’électricité plus abordables et leur permettre de tirer la croissance économique et le développement du secteur privé. Afin de profiter des fruits de ce programme de réformes et de les approfondir au cours de la prochaine décennie, le rapport identifie sept axes d’action prioritaires :
- poursuivre l’extension du secteur conformément aux principes de la planification à moindre coût ;
- donner à Rwanda Energy Group (REG), la compagnie nationale d’électricité, les moyens de créer de nouveaux partenariats public-privé en appui aux investissements identifiés dans le plan optimal ;
- accélérer les efforts engagés pour sortir le secteur de l’énergie du tout carbone et privilégier l’adaptation au changement climatique ;
- ajuster périodiquement les tarifs et renforcer progressivement le vivier de consommateurs pouvant supporter le coût total du service et se passer de subventions ;
- offrir un cadre optimal pour inciter le secteur privé à se lancer dans l’électrification hors réseau et mettre en place des incitations ciblées pour rendre les installations solaires autonomes plus accessibles ;
- promouvoir le commerce régional d’électricité par des contrats bilatéraux afin de bénéficier de sources d’approvisionnement meilleur marché et d’intégrer au mieux les ressources renouvelables, par essence variables ;
- redoubler d’efforts pour moderniser le fonctionnement opérationnel de REG.