Washington, 8 septembre 2016 – La pollution atmosphérique s’est hissée au quatrième rang des facteurs de risque de décès prématurés dans le monde, et il s’agit de nos jours du type de pollution le plus meurtrier. Les pertes de revenus du travail imputables à ces décès se sont chiffrées à environ 225 milliards de dollars en 2013, selon les conclusions d’une nouvelle étude qui vient souligner le fardeau que fait peser la pollution de l’air sur l’économie mondiale.
Cette étude, intitulée en anglais The Cost of Air Pollution: Strengthening the economic case for action, est le fruit d’une collaboration entre la Banque mondiale et l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). Elle a pour but de mesurer le coût des décès prématurés liés à la pollution de l’air afin de fournir des arguments économiques en faveur de la lutte contre ce type de pollution et de faciliter la prise de décisions prioritaires dans un contexte de rareté des ressources.
On estime que les maladies liées à la pollution de l’air extérieur et intérieur ont provoqué la mort de 5,5 millions de personnes en 2013. Des pertes en vies humaines qui sont sources de souffrances mais aussi synonymes d’entraves au développement économique.
Si les jeunes enfants et les personnes âgées en sont les premières victimes, la mortalité prématurée liée à la pollution atmosphérique a également de lourdes retombées pour la population d’âge actif, en termes de pertes de revenus du travail. Selon l’étude, celles-ci représentent l’équivalent de pratiquement 1 % du PIB (0,83 % précisément) en Asie du Sud. Dans la région de l’Asie de l’Est et le Pacifique, qui est confrontée au vieillissement de sa population, ces pertes représentent 0,25 % du PIB. En revanche, en Afrique subsaharienne, où les conséquences de la pollution de l’air viennent diminuer la capacité de gain d’une population majoritairement jeune, les pertes de revenus du travail représentent chaque année l’équivalent de 0,61 % du PIB.
Si l’on envisage les pertes sous l’angle du bien-être, selon une méthode couramment utilisée pour évaluer les coûts et les bénéfices des réglementations environnementales dans un pays donné, le coût total des décès prématurés dus à la pollution de l’air, toutes tranches d’âge confondues, est estimé à plus de 5 000 milliards de dollars en 2013. En Asie de l’Est et en Asie du Sud, ces « pertes de bien-être » représentaient l’équivalent d’environ 7,5 % du PIB.
« La pollution atmosphérique a pour conséquences de menacer le bien-être des populations, de porter atteinte au capital naturel et matériel, et de limiter la croissance économique. Avec cette étude, qui chiffre les coûts économiques de la mortalité prématurée liée à ce fléau, nous espérons trouver un écho chez les décideurs et faire en sorte que l’on consacre davantage de ressources à l’amélioration de la qualité de l’air. Avec des mesures de lutte contre la pollution urbaine et des investissements dans des sources plus propres d’énergie, nous pouvons parvenir à réduire les émissions de particules dangereuses, ralentir le changement climatique et, par-dessus tout, sauver des vies », indique Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable.
On observe une forte hausse des décès liés à la pollution extérieure dans les régions densément peuplées qui connaissent une urbanisation rapide, tandis que le nombre de décès imputables à l’utilisation de combustibles solides pour se chauffer et cuisiner est resté constant en dépit des avancées accomplies sur le plan du développement et de meilleurs services de santé. Globalement, les maladies causées par la pollution atmosphérique intérieure et extérieure ont été à l’origine d’un décès sur dix en 2013, soit un chiffre six fois plus élevé que les décès provoqués par le paludisme.
« La charge de morbidité liée à la pollution de l’air est telle qu’il faut agir vite, et ce rapport est un appel urgent à l’action », commente le Dr Chris Murray, directeur de l’IHME. « Il s’agit, parmi tous les facteurs de risque de décès prématurés, d’un élément sur lesquels les individus n’ont pas véritablement de prise : nous ne sommes guère maîtres de l’air que nous respirons. On exige de plus en plus des responsables des organismes chargés de la santé et de l’environnement, mais aussi des dirigeants d’industries, qu’ils s’attaquent à ce problème. »
Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, environ 90 % de la population est exposée à des niveaux dangereux de pollution atmosphérique. La Banque mondiale collabore avec les pays en développement et avec ses partenaires en vue de réduire la pollution, en apportant son soutien à des travaux d’analyse et de suivi, des réformes réglementaires et des investissements. En 2016, par exemple, la Banque a engagé 1 milliard de dollars de financements pour aider la Chine à améliorer la qualité de l’air dans le cadre de deux opérations ; il s’agit, d’une part, de réduire les émissions de polluants atmosphériques dans l’industrie, les transports et l’agriculture dans la province du Hebei, et, d’autre part, d’accroître l’efficacité énergétique et les énergies propres par le recours à des financements innovants dans la région de Beijing-Tianjin-Hebei (ou « Jing-Jin-Ji »), qui regroupe l’agglomération de la capitale et les provinces alentours.