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Le secteur privé, un moteur essentiel de la croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

25 juillet 2016


Le Caire, 25 juillet 2016 – D’après un rapport publié par trois des principales institutions financières et de développement internationales, le secteur privé peut être un moteur essentiel de la croissance et de la prospérité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), pour peu que des politiques efficaces soient mises en œuvre afin de répondre aux défis majeurs dans cette région.

Ce rapport conjoint de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de la Banque européenne d’investissement (BEI), ainsi que du Groupe de la Banque mondiale pose la question suivante : « Quels sont les obstacles au développement du secteur privé dans la région MENA ? ». Il tire des enseignements de l’enquête sur les entreprises à laquelle ont participé plus de 6 000 sociétés situées dans huit pays et territoires différents* .
Ces dernières ont été nombreuses à mentionner l’instabilité politique, la corruption, l’alimentation électrique déficiente et l’accès inadapté au financement parmi les obstacles à leur développement.

Elles ont également désigné les barrières commerciales et le manque de personnel qualifié comme des entraves à l’innovation et à la croissance. Dans plusieurs pays, les participants à l’enquête constatent un décalage entre les entreprises et les canaux de financement formels, empêchant de saisir les opportunités de croissance.

Le rapport conclut que « les pouvoirs publics de la région MENA ont tout intérêt à inscrire parmi leurs principales priorités l’adoption de stratégies pour accroître la productivité des entreprises, ainsi que la réaffectation des ressources aux plus productives d’entre elles ».

Il met par ailleurs en évidence quatre aspects qui réclament une action des autorités : améliorer le climat des affaires, accroître l’accès au financement, parvenir à une meilleure éducation, à de meilleurs emplois et compétences, et promouvoir le commerce, la concurrence et l’innovation.

Le rapport souligne qu’il est essentiel de viser une plus grande stabilité politique pour aboutir à un meilleur climat des affaires : « Dans de nombreux pays, il y a toutes les chances pour que figurent parmi les principales priorités la lutte contre la corruption et le manque de fiabilité de l’alimentation électrique ».

« En identifiant les obstacles et les défis qui pèsent sur le secteur privé et sur la croissance économique de la région MENA, nous aiderons nos institutions respectives à soutenir des politiques pour améliorer le climat des affaires. Dès les premiers temps de notre engagement dans la région, nous nous sommes concentrés sur le développement du secteur privé par des programmes ad hoc ainsi que par des investissements dans les infrastructures et les services. En parallèle, nous nous attachons à renforcer la compétitivité qui est la clé pour régler l’un des principaux problèmes de la région, le chômage, en particulier chez les femmes, les jeunes, et les diplômés », explique Sergei Guriev, le nouvel économiste en chef de la BERD.

Le rapport montre que, bien que le secteur bancaire de la région MENA soit relativement développé, de nombreuses entreprises sont éloignées des canaux de financement formels. Elles ne font pas de demandes de crédit, car elles affirment disposer de ressources suffisantes. Il est possible d’améliorer l’accès au financement en consolidant les méthodes d’évaluation du risque de crédit auxquels les banques ont recours. Des mécanismes de garantie des crédits peuvent réduire les problèmes liés au collatéral, et il peut par ailleurs s’avérer utile de renforcer les lois relatives aux transactions sécurisées et d’établir un registre des garanties plus efficient pour soutenir les prêts aux PME sans mettre en danger la stabilité financière.

« Il est primordial de trouver une solution pour combler le fossé entre les banques et les entreprises si l’on veut augmenter les perspectives de croissance dans la région. Or, les institutions de financement internationales disposent de l’expertise requise et de la volonté de venir en renfort des politiques nationales », souligne Debora Revoltella, économiste en chef de la BEI. Et d’ajouter : « Le soutien au secteur privé est l’un des éléments principaux d’une nouvelle initiative de la BEI destinée à renforcer la résilience économique de la région MENA et à aider les pays qui la composent. Cette initiative de résilience économique et de sortie de la crise a récemment été approuvée par les dirigeants des États membres de l’Union européenne. Elle permettra l’essor de secteurs économiques nouveaux par rapport aux activités traditionnelles, au moyen d’opérations et d’investissements en faveur de la croissance, de l’emploi, des infrastructures essentielles et de la cohésion sociale ».

Le rapport met en avant une marge de progrès considérable grâce à l’amélioration de l’éducation, de l’emploi et des compétences, en particulier pour les femmes et les jeunes. Il convient d’adopter des politiques pour supprimer les obstacles à l’entrée des femmes sur le marché du travail et pour cibler davantage les jeunes, ainsi que de mettre en place des incitations à développer la formation au sein des entreprises. Par ailleurs, des mesures pour soutenir l’émergence et la croissance de start-ups innovantes sont susceptibles d’avoir un effet particulièrement bénéfique sur l’emploi des jeunes.

« Il est crucial de développer l’emploi et les opportunités entrepreneuriales, en premier lieu pour les jeunes et les femmes, afin d’élever les niveaux de vie et le degré de stabilité politique et sociale. Il importe également de réorienter le système éducatif de la région vers l’acquisition de compétences professionnelles pertinentes pour la révolution technologique actuelle, afin de dynamiser l’entrepreneuriat et l’emploi » analyse Kaushik Basu, économiste en chef et premier vice-président de la Banque mondiale.

En matière de commerce, de concurrence et d’innovation, le rapport observe que, pour accroître leur productivité, les entreprises ont besoin d’une plus grande ouverture à l’international. Des règlements douaniers et commerciaux plus efficients, pour les importations comme pour les exportations, peuvent y contribuer. Quant à la concurrence, il est possible de la stimuler en limitant les restrictions sur la création et la liquidation d’entreprises, ainsi que sur l’investissement étranger.

*La Cisjordanie et la bande de Gaza, Djibouti, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Tunisie et le Yémen.

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