Menée en collaboration avec les pays et d’autres partenaires, cette initiative permettra de réaliser des enquêtes auprès des ménages tous les trois ans dans 78 pays
WASHINGTON, 15 octobre 2015 — Œuvrer avec les pays en développement et ses partenaires internationaux pour faire en sorte que les 78 pays les plus pauvres du monde effectuent des enquêtes auprès des ménages tous les trois ans à partir de 2020 : tel est l’engagement pris aujourd’hui par le Groupe de la Banque mondiale afin de remédier aux très grandes lacunes que présente la collecte de données sur la pauvreté.
De fait, le manque de statistiques dans de nombreux pays entrave depuis longtemps les efforts de lutte contre la pauvreté. Selon la Banque mondiale, il y a 29 pays dans le monde qui ne disposait d’aucune donnée relative à la pauvreté (a) entre 2002 et 2011, tandis que dans 28 pays une seule enquête a été réalisée sur la même période. Ces lacunes ont des conséquences graves : elles ont non seulement empêché les analystes de déterminer les tendances à l’œuvre dans les pays et leurs progrès par rapport aux objectifs fixés, mais elles ont aussi fait obstacle à l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres.
L’annonce faite par le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim vient apporter un soutien capital à la mission que s’est donnée son institution, à savoir mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et favoriser une prospérité partagée pour les 40 % les plus pauvres dans les pays en développement.
« Pour être en mesure d’atteindre notre objectif, nous devons disposer de données qui montrent si ceux qui vivent dans la pauvreté s’en sortent ou pas, explique Jim Yong Kim. La collecte de données de qualité est l’un des instruments les plus précieux pour mettre fin à l’extrême pauvreté. Nous nous engageons, en collaboration avec nos partenaires dans les pays et au sein des organisations internationales, à accomplir une action qui relève du bon sens et qui n’a que trop tardé : effectuer, dans tous les pays, des enquêtes qui permettront de savoir si les conditions de vie des populations s’améliorent effectivement. »
Alors que le monde va s’employer à mettre fin à l’extrême pauvreté dans les quinze prochaines années, il sera plus important que jamais de se doter d’un socle solide de données et d’éléments factuels, et de veiller ainsi à ce que les politiques et programmes mis en place touchent les personnes exclues de la forte croissance qui a prévalu à partir du début des années 2000. Dans un contexte de ralentissement économique mondial, les États doivent investir dans l’accès à une éducation, une santé, un assainissement et une électricité de qualité et pour tous, et mettre en œuvre des dispositifs d’assurance sociale efficaces pour protéger les populations vulnérables ; de telles mesures ne sont pas accessoires, elles doivent faire partie intégrante de leurs stratégies de croissance.
Le ministre des Finances du Ghana, Seth E. Terkper, a salué l’annonce du Groupe de la Banque mondiale : « Si nous sommes parvenus à réduire de moitié notre taux de pauvreté au cours des vingt dernières années, c’est, à la base, grâce aux enquêtes sur le niveau de vie : celles-ci nous ont fourni une un support solide, avec des données de qualité et transparentes recueillies au niveau des ménages. Nous saluons les efforts entrepris par la Banque mondiale pour faire en sorte que tous les pays puissent avoir la même possibilité et être en mesure de collecter toutes les informations dont ils ont besoin pour améliorer la situation de leurs populations. »
Kaushik Basu, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale, précise cette démarche : « Les données confèrent une représentation à des individus qui, autrement, seraient marginalisés et oubliés ; c’est pourquoi nous avons décidé d’intensifier considérablement notre action en vue d’accroitre la quantité et la qualité des données recueillies dans les pays en développement. »
La Banque mondiale estime le coût total de cette initiative à 300 millions de dollars tous les trois ans, cette somme venant s’ajouter aux dépenses que les pays consacrent déjà à la collecte de données. Ce coût sera couvert à la fois par les ressources propres des pays, des dons des bailleurs de fonds et des financements de la Banque mondiale. Le processus d’expansion des données sur les ménages sera discuté et coordonné avec les pays et partenaires concernés dans les mois qui viennent.
« La Banque mondiale s’engage à aider les pays à concrétiser ce projet, déclare Jan Walliser, vice-président Croissance équitable, finance et institutions du Groupe de la Banque mondiale. Nous allons collaborer avec les partenaires nationaux afin qu’ils développent leurs capacités et s’approprient cette initiative, réunir les organismes et les gouvernements afin qu’ils s’instruisent mutuellement, appuyer la définition de normes internationales afin de garantir un niveau élevé de qualité dans chaque pays et, enfin, mobiliser des financements pour faire en sorte qu’aucun pays ne soit sommé de choisir entre des investissements directement destinés à sa population et d’autres dirigés vers la collecte de données capitales. »
Une initiative qui ouvre la voie à l’innovation
Les enquêtes auprès des ménages recueillent des données sur les niveaux de revenu et de consommation des habitants d’un pays, mais pas seulement : ces opérations statistiques permettent aussi de collecter une foule d’autres informations essentielles pour pouvoir mieux cibler les interventions et les diriger vers ceux qui en ont le plus besoin. Il s’agit du moyen le plus efficace pour établir un large socle de données sur les niveaux de vie dans des domaines cruciaux tels que l’éducation, la santé, la nutrition, l’exposition aux risques, l’assainissement ou l’infrastructure. Pour pouvoir mesurer les niveaux de vie et de pauvreté, il est également indispensable de disposer de données de qualité sur l’évolution des prix.
De nos jours, il est par ailleurs possible de mettre au point des modes de collecte innovants, en développant notamment des approches complémentaires qui exploitent les nouvelles technologies : téléphonie mobile, images satellitaires, géolocalisation, capteurs, etc. La disponibilité d’outils plus nombreux fournit à ceux qui analysent les données un tableau plus précis des obstacles auxquels se heurtent les pauvres et peut leur permettre de mieux aider ces derniers à connaître un avenir plus prospère.
Les travaux menés récemment en Somalie et au Soudan du Sud, (a) où les opérations statistiques ont été entravées par de longues années de conflit et d’insécurité, ou encore ceux entrepris en Sierra Leone (a) et au Libéria, alors que la crise Ebola empêchait la réalisation des habituels entretiens en face à face, ne constituent que quelques exemples de l’action déployée par la Banque mondiale, en collaboration avec les pays et ses partenaires, pour renouveler les méthodes de collecte statistique. Ces efforts, conjugués à ceux de nombreux autres acteurs, ont permis aux pays de mieux comprendre et résoudre les difficultés auxquelles sont confrontées leurs populations. Working with countries and partners, plan will ensure household surveys every three years in 78 countries