Le soleil se lève lentement sur Dogomet, une localité située à 473 km de Conakry, et les rires des enfants résonnent dans les rues poussiéreuses, tandis que les femmes s’activent aux tâches domestiques quotidiennes. Cependant, derrière cette apparente tranquillité, se cache une réalité plus sombre : pour de nombreuses filles, l’éducation demeure un rêve fragile, souvent brisé par les pressions sociales et les difficultés économiques.
Kadiatou Barry, une jeune élève du collège de Dogomet, a été mariée de force à seulement 15 ans, puis envoyée au Nigéria, arrachée de son école et de son environnement « On m’a imposé ce mariage à cause des problèmes financiers, et je n’avais pas le choix. J’ai été envoyée très loin de ma famille, de mon pays, », raconte-t-elle, la voix remplie d’émotion.
Les contraintes financières et les traditions l’ont ainsi éloigné de l'école. « Nous pensions que c'était la meilleure solution pour elle, car nous n’avions pas les moyens pour financer ses études, » confie avec regret sa mère, Fatoumata Sow.
Après des mois dans ce mariage forcé, Kadiatou prend une décision courageuse : « J'ai voulu poursuivre mes études, mais mon mari s’y est opposé. J’ai donc fini par fuir pour retourner clandestinement en Guinée, me cachant chez une tante pour échapper aux pressions familiales. »
Son destin bascule, lorsqu’elle a est repérée par une organisation non gouvernementale locale, partenaire de mise en œuvre du Projet SWEDD, financé par la Banque mondiale. Fini les soucis financiers : elle obtient un kit scolaire, des kits hygiéniques, une bourse alimentaire, et un accompagnement psychologique : « Reprendre l'école après tout ce que j’ai vécu n'a pas été facile, mais je suis heureuse de pouvoir apprendre à nouveau et rêver d’un avenir meilleur », dit-elle, le regard plein d'espoir.
Sa mère la regarde avec fierté et espoir. « Je regrette d’avoir cru que le mariage était sa seule option. Aujourd’hui, ma fille a une vraie chance pour un avenir meilleur. » Kadiatou a 18 ans aujourd’hui, et elle sait que l'éducation est la clé pour transformer sa vie. Elle nourrit désormais le rêve de devenir médecin pour aider les femmes de sa communauté.
Un impact tangible sur l’éducation des filles
Tout comme Kadiatou, des milliers d’autres jeunes filles en Guinée ont vu leur vie se transformer grâce au SWEDD qui a dépassé les attentes dans le maintien des filles à l’école. Plus spécifiquement :
- 105 703 filles ont bénéficié d’au moins une intervention – bourse de performance, bourse alimentaire, kits scolaires, kits hygiénique, vélos—pour les maintenir à l’école et assurer leur réussite ; elles ont été aussi outillées sur des compétences de vie pour renforcer leur confiance en elles-mêmes et mieux se valoriser ;
- 99,66 % des filles inscrites dans les régions couvertes par le projet en 2023, ont poursuivi leur scolarité en 2024 ; et
- 1 090 leaders communautaires et religieux ont été formés pour sensibiliser les familles aux enjeux de la scolarisation des filles.
« Dans notre établissement, le SWEDD a redonné à de nombreuses filles le goût à l’éducation. Plusieurs sont revenues sur les bancs de l’école après deux ou trois ans d’abandon, » se réjouit Mamadi Traoré, principal du collège de Dogomet.
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Le SWEDD : un impact à grande échelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest
Kadiatou Barry fait partie de milliers d’adolescentes et de femmes dont la vie a été transformée, à bien des égards, par le SWEDD, un projet transformateur qui a eu un impact à grande échelle dans les pays participants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad.
Financé à hauteur de 680 millions de dollars par l’Association internationale de développement, IDA – membre du Groupe de la Banque mondiale— et mis en œuvre de 2015 à 2024, le SWEDD a tiré parti de partenariats solides avec des acteurs nationaux et régionaux pour, entre autres, renforcer le maintien des filles à l’écoles, améliorer leurs aptitudes à la vie quotidienne, élargir les opportunités économiques en outillant les femmes pour exercer des métiers plus rémunérateurs, et créer un environnement favorable dans lequel les adolescents et les femmes peuvent être socialement et économiquement autonomes et à l'abri de la violence fondée sur le genre.