Glo-Djigbé, 13 novembre 2024. Le cliquetis des machines à coudre dans l’immense vestibule de l’unité de fabrication de vêtements de la zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ, Glo-Djigbé Industrial Zone) n’est pas pour distraire Carine Judith Aboua, en cette matinée. Elle est concentrée sur sa machine à coudre et le bout de treillis militaire sous le pied de biche de l’appareil, et s’attèle à confectionner des galons et poches de tenues. Elle doit livrer 450 pièces en fin de journée, une tâche qui requiert une célérité et une pression que nombre d’agents de l’unité de production redoutent. C’est loin d’être son cas, elle qui a quitté Porto-Novo, capitale administrative du Bénin, pour se retrouver depuis juillet 2022 dans les ateliers de production de vêtements.
LES POINTS MARQUANTS
- Plus de 5 000 jeunes peu ou pas instruits ont trouvé un emploi grâce au partenariat entre l’Agence nationale pour l’Emploi (AnpE) et la société de gestion de la zone industrielle de Glo-Djigbé au Bénin, à travers le programme Azôli.
- Ce programme actif du marché du travail, soutenu par le Projet d’inclusion des Jeunes (ProDIJ) financé par la Banque mondiale, contribue à garantir des opportunités d'emploi à 25 000 jeunes issus entre autres de zones fragiles du Bénin.
- Les secteurs ciblés sont principalement ceux de l'industrie textile, la transformation des noix de cajou ainsi que d'autres activités connexes.
Je m’épanouis dans mon environnement de travail
Enregistrée en ligne au départ en tant que stagiaire comme l’exige le processus de sélection du programme Azôli, qui signifie chemin de l’emploi, Carine finit par réussir l’ultime test. S’ensuit la période de formation au cours de laquelle elle est initiée aux divers processus de production et aux normes de qualité, à l’instar d’autres stagiaires enrôlés à travers ce programme gouvernemental appuyé par la Banque mondiale. Le projet dispense à chaque stagiaire une allocation mensuelle pour couvrir ses frais de subsistance, en plus de la formation gratuite de la GDIZ et la garantie d’un emploi à tous ceux qui terminent le processus avec succès. Ce dispositif a permis à plus de 5 000 jeunes d’être formés, puis recrutés dans les industries textiles et de transformation de noix de cajou de la GDIZ.
Cette opportunité de se voir recrutés au sein de l’unité de fabrication des vêtements à la fin de la formation clôturée avec succès, ils perçoivent un salaire ainsi que d’autres avantages accordés par l’unité pour conforter leur position en son sein.
« Aujourd’hui je peux me permettre certaines dépenses sans forcément attendre mon mari en service à Natitingou (à près de 700 km de Cotonou). Je me sens un peu plus épanouie et fière… », confie Carine Judith Aboua qui aura bénéficié du soutien de son époux tout au long du processus.
Isaac Gounon, 26 ans, vit une situation similaire. Avant d’atterrir à la GDIZ, son quotidien était loin de convenir à son épouse Béatrice : « Mon mari tirait le diable par la queue et cette instabilité n’était guère favorable à l’entente au sein du foyer. Aujourd’hui les choses semblent aller mieux et la famille ne regrette pas son départ de la commune de Bohicon pour la zone industrielle de Glo-Djigbé », témoigne-t-elle.
Mon recrutement a été une bouffée d’oxygène
Tourner dos à la précarité
Non loin de là, dans l’une des usines de transformation du coton béninois, Mahouton Geoffroy Gbénou voit son univers changer avec son enrôlement dans le programme Azôli. Revendeur d’essence de contrebande, il a su saisir l’opportunité et suit la formation en vue de sa reconversion.
Tout comme son épouse, Bernice Noutaï, également en formation d’opérateur machine, ils font partie de cette cohorte de jeunes bénéficiaires et espèrent tous deux tourner définitivement dos à la précarité. Quatre mois seulement après le démarrage de la formation, ils voient des changements s’opérer dans leur vie. Déscolarisés et parents d’un petit garçon, ils mutualisent désormais leurs énergies pour répondre aux besoins de la petite famille. « Ce job nous permet de mieux vivre et de pouvoir gérer nos charges. Les besoins de notre enfant inscrit dans une école privée sont mieux satisfaits », fait observer celle qui a été contrainte d’abandonner les bancs pour l’apprentissage après sa grossesse.
Mon salaire me soulage énormément
Développé par l’Agence nationale pour l’Emploi (Anpe) qui assure la tutelle du Projet d’Inclusion des Jeunes (ProDIJ), le programme Azôli constitue, selon Urbain Amégbédji, directeur général de l’Anpe, une réponse concrète aux défis de l’emploi des jeunes. Spécialement conçu pour les jeunes vulnérables, ce programme actif du marché du travail contribue à garantir des opportunités d'emploi à 25 000 jeunes, dans les secteurs prioritaires du programme d’action du gouvernement.
A l’instar de ces bénéficiaires, de milliers de personnes aspirent à une vie décente et souhaitent disposer d’un tremplin comme celui de l’approche d’inclusion économique des jeunes peu ou pas instruits en cours dans la zone industrielle de Glo-Djigbé. Une expérience dont la capacité d’absorption de la main-d’œuvre constitue, selon Urbain Amégbédji, est une véritable opportunité.
Témoignage :
Cette opportunité m’a donné la chance de vivre une nouvelle expérience
« Beaucoup de choses se sont améliorées dans ma vie depuis que j’ai intégré cette unité. Les deux enfants abandonnés à ma charge par leur père sont aujourd’hui mieux entretenus grâce à mes revenus. Ils vont à l’école et bénéficient de soins adéquats quand ils sont malades. En termes de développement personnel, le programme Azoli m’a fait bénéficier d’une formation et d’un savoir-faire qui me permettent de travailler et d’espérer une vie meilleure. Au départ, j’avais perdu tout espoir mais cette opportunité m’a donné la chance de vivre une nouvelle expérience dans ma vie. »