La nouvelle directive : faire sauter les verrous de l’inclusion économique
Cette directive est l’aboutissement de plusieurs années de travail et de collaboration intenses consacrées à la mise en œuvre pratique de la politique gouvernementale sur les réfugiés, telle qu’énoncée dans une proclamation adoptée en 2019. Elle détaille les modalités grâce auxquelles les réfugiés peuvent occuper un emploi formel, créer leur propre entreprise, bénéficier de projets de développement et contribuer à l’économie locale. Avec la promulgation de cette directive, il s’agit de faire tomber les dernières barrières à l’inclusion économique complète des réfugiés en Éthiopie.
« [Cette directive] n'est pas qu’un simple document d’orientation. C'est un manifeste de valeurs, un engagement en faveur de la dignité humaine et une reconnaissance du potentiel que recèlent les communautés de réfugiés », explique Senidu Fanuel, spécialiste senior du secteur privé à la Banque mondiale. « Au fur et à mesure de sa mise en œuvre, elle pourrait permettre non seulement d’améliorer la vie de centaines de milliers de réfugiés en Éthiopie, mais aussi de repenser la question de l’accueil et de l’intégration des réfugiés dans le monde entier. »
Impact et opportunités
De fait, la nouvelle directive aura d’immenses retombées. En autorisant les réfugiés à travailler légalement et entreprendre librement, l’Éthiopie valorisera un riche capital humain. L’économie locale a tout à gagner de leurs compétences, leur expérience et leur esprit d’entreprise.
Un grand nombre des Érythréens réfugiés en Éthiopie possèdent un niveau élevé d’instruction et une expérience professionnelle dans l’économie formelle. Leur intégration sur le marché du travail pourrait par conséquent contribuer à remédier à la pénurie de qualifications. De même, les réfugiés somaliens disposent souvent de solides réseaux commerciaux susceptibles de stimuler les échanges transfrontaliers.
En outre, alors que le pays développe son secteur manufacturier et ses parcs industriels, les réfugiés pourraient constituer une main-d’œuvre précieuse — selon un modèle similaire à celui à l'œuvre en Jordanie, où les réfugiés syriens font désormais partie intégrante du secteur de la confection.
Retombées mondiales
Les avancées de l’Éthiopie dans l’inclusion économique des réfugiés rayonnent bien au-delà de ses frontières. Et sa démarche est riche d’enseignements dans un monde où l'exil des réfugiés s’inscrit de plus en plus dans la durée. En adoptant les bonnes politiques et en apportant un soutien adapté, le pays prouve que les réfugiés ne sont pas un fardeau, mais qu’ils peuvent au contraire contribuer à l’économie et à la société. Son approche est parfaitement en phase avec le Pacte mondial sur les réfugiés et le Cadre d’action global pour les réfugiés, que l’Éthiopie a été l’un des premiers pays à adopter.
Perspectives
Après ce pas de géant, c’est le début d’un nouveau chapitre pour l’Éthiopie.
Nul doute que le chemin à parcourir encore sera semé d’embûches, mais il pourrait déboucher sur un modèle d’inclusion des réfugiés qui profite à tous. Et ce chemin passe par la poursuite de la collaboration de l’ensemble des parties prenantes — gouvernement, Banque mondiale, autres partenaires de développement, mais aussi réfugiés et communautés d’accueil.
L’heure est à la célébration des progrès accomplis, mais c’est aussi le moment de passer à l’action. Il faut à présent transformer des dispositions juridiques en opportunités économiques et faire en sorte qu’elles améliorent effectivement les moyens de subsistance des populations. La Banque mondiale est prête à accompagner l’Éthiopie dans cette évolution cruciale et à partager les enseignements tirés de cette expérience.