« Je m’appelle Marie Jeanne Montrose. Mariée, mais maintenant veuve. J’ai perdu mon mari à cause de l’insécurité. J’ai quatre enfants. »
C’est ainsi que Marie Jeanne se présente, avec des mots froids et mélancoliques. Elle fait partie des nombreuses personnes déplacées par la violence grandissante à Port-au-Prince, Haïti. Les groupes armés ont transformé la ville en un champ de bataille dangereux, forçant des milliers de familles à fuir leurs maisons et à chercher refuge dans des camps temporaires pour personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI). Comme tant d'autres, Marie Jeanne a tout abandonné pour protéger sa famille.
« Je vivais au bas du centre-ville, et les gangs tuaient des gens », dit-elle, se souvenant de l'horreur de ces derniers jours avant sa fuite. « Nous avons été obligés d'abandonner là où nous étions. » La vie était impossible dans le centre-ville ; une violence constante a coûté des vies et anéanti tout sentiment de sécurité. S'installer dans un site de déplacés internes était un choix que Marie Jeanne n’aurait jamais imaginé faire, mais c'était la seule option qui restait à sa famille.
Cependant, à leur arrivée au camp, les défis étaient loin d’être terminés. « Au début, quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous vivions très mal parce que nous ne trouvions rien », explique-t-elle. Il leur manquait même les nécessités les plus élémentaires, incluant l’eau potable aux encore les abris, pour assurer leur survie. Le camp de PDI était surpeuplé, désorganisé et dangereux. La menace de maladies planait en raison de l’absence de gestion des déchets, et de nombreuses familles n’avaient pas accès à l’eau potable, aggravant le traumatisme déjà immense du déplacement.
Mais l’histoire de Marie Jeanne est un récit de résilience, grâce à des interventions cruciales réalisées avec un financement de la Banque mondiale.
Une Bouée de Sauvetage pour les Familles Déplacées
Le projet Eau potable et assainissement rural, résilient, durable et décentralisé en Haïti, financé par la Banque mondiale, soutient l'amélioration des conditions de vie et du bien-être des personnes déplacées à Port-au-Prince à travers une collaboration entre la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA) et l'UNICEF. Cet accord vise à garantir un accès adéquat à l'eau potable, des installations sanitaires de base améliorées, et des conditions d'hygiène adéquates.
« Avec ce projet, nous avons de l'eau, des toilettes, et nous avons appris à nous laver les mains et à garder le site propre », raconte Marie Jeanne, en rappelant à quel point la situation était désastreuse avant. « La gestion des déchets était très mauvaise quand nous sommes arrivés sur les sites de déplacés internes, mais maintenant tout est propre. Nous avons de l'eau pour boire et pour nos activités quotidiennes. »
L'importance de ces services est immense. Sans eau potable ni accès à des installations sanitaires, les personnes déplacées couraient un risque élevé de contracter des maladies d'origine hydrique comme le choléra, qui peuvent se propager rapidement dans les zones densément peuplées.
Aujourd'hui, la situation s'est améliorée. Le financement de la Banque mondiale a permis de fournir plus d'un million de litres d'eau potable à plus de 22 000 personnes sur 18 sites de déplacés internes à Port-au-Prince. Des toilettes ont été construites et réhabilitées, offrant un espace plus sûr et digne pour les familles. 400 personnes ont été formées à la chloration des points de stockage et de distribution d’eau ; des douches séparées pour hommes et femmes ont été construites ; des stations de lavage des mains avec savon ont été installées, et 3 665 personnes ont reçu des kits d'hygiène. Un système de gestion des déchets solides a également été mis en place pour assurer la propreté des sites.
« On nous a donné des seaux, de l'eau et des fournitures, et les toilettes ont été nettoyées », se rappelle Marie Jeanne. Ces choses simples - des toilettes propres, un seau d'eau - peuvent sembler insignifiantes pour certains, mais pour les familles en crise, elles sont vitales.
Le soutien du projet à une réponse globale en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) – qui garantit l’accès à l’eau potable, à un assainissement adéquat et à la promotion de l’hygiène – marque une étape cruciale dans la réponse aux besoins urgents des communautés affectées.
En fin de compte, il contribue à l'objectif plus large du développement durable et de la stabilité en Haïti, en renforçant l'engagement du Groupe de la Banque mondiale à soutenir les populations vulnérables dans les contextes fragiles et touchés par des conflits.
Un avenir de possibilités
L’un des résultats les plus significatifs du projet est le sentiment de sécurité qu’il a redonné aux résidents du camp. « Nous dormons désormais mieux et nos enfants sont en sécurité », déclare Marie Jeanne, soulignant que ces améliorations ont apporté une tranquillité d'esprit aux familles qui vivaient autrefois dans la peur.
Pour Marie Jeanne, ce projet représente une chance de reconstruire sa vie, de retrouver l'espoir dans le chaos. « Nos enfants sont en sécurité, je peux le dire maintenant », dit-elle avec soulagement.
Au-delà du soutien pratique, le projet a également apporté quelque chose de plus aux familles déplacées : un sentiment de dignité et d'action. « Je compte sur cette organisation et je continuerai à mettre mes espoirs dans ce projet qui nous apporte un soutien dans les sites de déplacés. »