De part et d’autre des pistes qui desservent les 1 530 hectares de forêt classée de Dan, sont alignées des parcelles d’Acacia auriculiformis. Cette nouvelle forêt en croissance est le fruit d’intenses travaux de reboisement conduits depuis trois ans par les communautés regroupées au sein des unités d’aménagement forestier. Cette forêt a été organisée en trois séries (séries de production, séries agricoles et séries de protection) et deux unités d’aménagement (Azoua et Finli) dans lesquelles opèrent 12 groupements, soit 217 personnes au total, dont 50% de femmes ainsi que 1 292 travailleurs occasionnels dont 27% de femmes.
« Nous avons été formés sur les différentes étapes du reboisement, depuis la production de plants en pépinière avec les semences jusqu’au gardiennage, en passant par les techniques de mise en terre, de piquetage, de réalisation et d’entretien des pares-feux. De prédateurs de la forêt, nous sommes devenus experts et artisans du reboisement, » assure le président du conseil de coordination des unités d’aménagement forestier de Dan dont les actions ont permis de reconstituer plus de 876 ha de forêt et de procurer plus de 1 074 millions de dollars de revenus aux communautés.
Les femmes, actrices et promotrices du reboisement
Le Projet Forêts Classées Bénin (PFC-B) financé par la Banque mondiale a permis la mobilisation et l’implication des communautés dans les actions de reboisement. Il vise à améliorer la gestion intégrée des forêts classées et développer les chaînes de valeur des produits forestiers non ligneux au profit des communautés dépendantes des forêts, utilise une approche participative, permettant aux communautés d’être les vrais acteurs de la reforestation.
Le projet convient particulièrement aux femmes des groupements. Comme le raconte Francisca, “Grâce à ces revenus additionnels, je fais la transformation du manioc et je peux vendre du gari. J’ai aussi un élevage de poulets et de porcs. Cela me permet de prendre aisément soin de ma famille et de couvrir les besoins de santé de mes enfants.” Depuis, elle incite tous ceux et celles qu’elle croise à s’engager aussi auprès de la forêt classée de Dan.
“Ma vie a positivement changé”, ajoute Clémentine, une autre bénéficiaire. “Avant le projet, je ne faisais que survivre. Depuis le début des activités de reboisement, j’y participe activement et nous sommes payés dans les délais. Cela me permet d’acheter régulièrement de quoi prendre soin de moi et de mes enfants’’.
Exode rural éradiqué et nouvelles vocations
Les jeunes profitent également de ce projet de reboisement. “J’ai arrêté l’école en classe de troisième. Je n’avais aucune activité rémunérée avant l’arrivée de ce projet et j’envisageais de partir du village pour m’installer à Bohicon (principale ville du centre-Bénin) afin d’y trouver un travail,” confie Komlan, la vingtaine, casquette visée à la tête. Ce projet est une aubaine pour lui, car bien qu’harassant, l’emploi est bien rémunéré et ne nécessite pas de qualifications importantes.
Grâce au bouche-à-oreille, de nombreux jeunes comme Komlan travaillent à la reconstitution de la forêt classée de Dan. Une fierté pour Rémi Houéhounha, président du groupement de FIFONSI et forestier passionné. Evoluant dans ce secteur depuis des années, il n’a jamais connu un tel engouement : “J’espère que ces jeunes qui s’intéressent à leur environnement proche resteront au village pour s’investir dans ce domaine vital. Je connais des parents qui souhaitent maintenant que leurs enfants fassent des études d’agronomie”, affirme-t-il.
L’avenir de la forêt aux mains des communautés