« Si la malnutrition est signe de pauvreté, alors nos femmes l’ont vaincu en partie à Kpafonon » lance visiblement heureux Laga Solo, l’instituteur à la retraite. Dans ce village, Solo a vu des générations d’enfants nourris au Mimintchin « la sauce du pauvre » en Senoufo, la langue locale. Anémiés, déformés, ou souffrant d’autres maladies liées à la malnutrition, beaucoup d’enfants n’ont pas survécu.
La « sauce du pauvre », un lointain souvenir !
Dans les régions du Poro et de la Bagoué dans le nord de la Côte d’Ivoire, le régime alimentaire est peu varié, composé essentiellement de maïs et d’igname. « Jusqu’à un passé récent, on évacuait au moins trois enfants par semaine à l’hôpital pour des problèmes de sang, mais depuis qu’on a commencé à cultiver le jardin, tout le monde est en bonne santé », se réjouit Awa Koné, présidente de la coopérative Bêtikana de Kpafanon.
Depuis 2019, les habitudes alimentaires ont changé : les ménages consomment régulièrement carottes, courgettes, oignons, tomates, choux, aubergines, patates douces, et des œufs produits par les 56 membres de la coopérative.
Financé par la Banque mondiale grâce au Fonds Japonais pour le développement social, le Projet d’Appui à l’Agriculture Sensible à la Nutrition et au Développement des Capacités des Petits Agriculteurs (ASNAP), permet aux populations rurales vulnérables d’avoir accès à une alimentation riche et équilibrée, ainsi qu’aux femmes de s’autonomiser par la culture et la commercialisation de légumes bios.
Le projet a réhabilité une pompe hydraulique abandonnée pour alimenter une ferme villageoise -où se côtoient les femmes du groupement Bêtikana et les techniciens agricoles de l’Agence Nationale de l’Agriculture et du Développement Rural (ANADER) - et produire des légumes bios en qualité et quantité suffisantes pour la consommation locale et les marchés environnants. Mieux, la coopérative fournit des légumes gratuitement à la cantine scolaire du village, afin que les écoliers bénéficient de repas équilibrés et riches en vitamines.