Une approche pilotée par les communautés
Il n'y a pas deux villages identiques, et si les déficits d'infrastructures sont similaires dans toutes les zones pauvres du Nigéria, les caractéristiques de leurs besoins sont différentes.
Le principe de développement piloté par la communauté est au cœur du CSDP : il s’agit de donner aux populations locales les moyens d'agir en leur attribuant directement des subventions.
« C'est une approche ascendante qui consiste à mettre les communautés aux manettes », explique Aderonke Funmi Abokede, responsable du CSDP pour l’État d’Osun, au sud-ouest du Nigéria. La mise en place d'un plan de fiabilité efficace a aidé la communauté d'Ola à mener à bien les projets qui y ont été lancés. »
Cela fait dix ans maintenant que cet État mène des projets financés par le CSDP dans plusieurs villages, et Mme Abokede est convaincue que leurs résultats perdurent en raison d'un élément clé : les communautés fournissent un certain pourcentage des fonds nécessaires pour les exécuter.
« La contribution financière des communautés garantit l'appropriation, car elles ont le sentiment d'être des parties prenantes qui ont un intérêt dans le projet. Si elles ne versent pas d'argent, elles ne se sentiront pas investies. C'est une très bonne méthode qui devrait être appliquée partout, notamment dans les pays en développement », conclut-elle.
La réussite de ce programme, mené dans 29 des 36 États du Nigéria et dans le territoire de la capitale fédérale, tient aussi au fait qu'il donne la parole à des groupes marginalisés. À l’instar des veuves du village de Dingis, dans l'État de Bauchi. Quand on les a consultées, ces femmes ont montré des enfants orphelins qui étudiaient sous un margousier et demandé qu'on leur construise des salles de classe.
Si l'ombre de l'arbre protégeait les enfants de la chaleur du soleil, qui peut atteindre ici 42 °C, les vents violents emportaient leurs cahiers et les tempêtes de sable irritaient leurs yeux. Le feuillage, peu touffu, n'arrêtait pas les gouttes, et les cours devaient s'interrompre pendant la saison des pluies. Après avoir réuni un peu d'argent pour construire quelques salles de classe, le village s'est résolu à solliciter une aide.
Les veuves ont également demandé la création d’un centre de santé à Dingis, qui a été construit dans le cadre du volet du CSDP dédié aux investissements en faveur des femmes et des groupes vulnérables. « Je suis très heureuse que les femmes se soient impliquées, se réjouit Aishatu Abdullahi, responsable de projet dans l'État de Bauchi. La plupart du temps, les voix de ces veuves ne sont pas entendues, car elles sont souvent très marginalisées dans leurs communautés. »
Autre exemple, l’initiative menée dans l'État d'Osun, où un centre de formation a été construit dans la capitale, Osogbo, après concertation entre les représentants de l'État et les associations de malentendants.
Le centre a été construit avec le soutien du CSDP de l'État d'Osun par l'intermédiaire de la Banque mondiale qui a financé 95 % du projet, tandis que la communauté des sourds y a contribué à hauteur de 5 %.
« Ici, nous proposons aux malentendants diverses formations professionnelles, comme la couture, la coiffure ou la restauration, explique Olaniyi Temitope, elle-même atteinte de surdité. Le centre dispose également d'une salle qui, en plus d'être utilisée pour des réunions, est aussi louée afin de récolter des fonds pour son entretien. »
Le village de Dingis dispose maintenant d'un centre de santé, l'une des infrastructures prioritaires demandées par les femmes. © Sanumioluwa Modupe Dawodu, Banque mondiale