Ça n’a pas été facile au début. Mais elle était déterminée à s’adapter. Et a trouvé énormément de soutien auprès des autres étudiants qui venaient comme elle des quatre coins de l’Afrique. Plus de 35 nationalités, des cultures diverses, des amitiés qui naissent et qui continuent de vivre, des réseaux qui se tissent pour soutenir l’intégration des compétences. « Il y avait une telle diversité que l’Institut était un peu comme une Afrique miniature. J’ai visité l’Afrique en restant au même endroit ! »
Les Centres d’excellence, lieux de brassage des cultures et d’intégration
« L’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement fait partie de mes expériences les plus inattendues et les plus merveilleuses jusqu’à présent et je suis heureuse de dire que dans chaque pays d’Afrique de l’Ouest, j’ai un contact pour me guider et envisager des collaborations et opportunités régionales. »
Awa a orienté sa recherche sur l’impact de la construction du barrage de Diama et de l’ouverture de la brèche de Saint-Louis sur la salinisation des terres du Gandiol, au Sénégal. Ses travaux lui ont permis d'acquérir des compétences pratiques en pollution, nettoyage des sols et des terres salées.
Awa réalise des travaux pratiques de Géophysique à Kamboinsé, Burkina Faso. Photo: Awa
Dans le cadre de son mastère, Awa a également effectué un stage de quelques mois à la Société nationale des eaux du Sénégal mais elle a vite trouve un emploi de conductrice des travaux à l’Entreprise sénégalaise de construction et de l’industrie.
Pour elle, son travail est une passion avant d’être un métier. Et elle apprécie beaucoup l'opportunité d'être sur le terrain et en contact direct avec les bénéficiaires de son travail.
« Chaque fois qu’un bénéficiaire ouvre pour la première fois le robinet dans sa maison et voit de l’eau potable sortir, la satisfaction et la joie qui se lisent sur les visages me procurent un bonheur qu’aucun bien matériel ne peut me procurer. C’est juste magique, j’ai l’impression d’avoir accompli un miracle dans leur vie et je me sens utile pour la société. »
Pas la force, mais l’intelligence : les femmes sont des magiciennes qui transforment tout ce qui passe entre leurs mains !
En tant que femme travaillant dans le domaine de l’ingénierie, il y a bien sûr des moments compliqués, mais pour Awa l’époque où les femmes se tenaient à l’écart des études scientifiques est bien révolue.
« Il y a toujours ce regard de surprise qu’on me lance quand je rencontre des bénéficiaires d’un projet ou des collaborateurs. A chaque fois je suis accueillie par la question : tu es vraiment ingénieure ? Je m’y suis habituée maintenant, mais j’ai compris que c’est aussi dû à ma petite taille. Je crois que dans leur tête l’ingénierie c’est la force au lieu de l’intelligence alors que c’est tout à fait le contraire. Un jour alors que je devais rencontrer une bénéficiaire pour lui expliquer les différentes procédures et la mettre au courant de la date d’exécution, elle m’a confondue avec une élève du lycée à côté de chez elle avant de se confondre en excuses. J’en rigole toujours. »
Awa avec les autres jeunes étudiantes de l'Institut. Photo: Awa
Awa est actuellement en deuxième année de thèse à l’École doctorale de développement durable et société (ED2DS) de l’université de Thiès, option Sciences et Technologies. Pour elle, les femmes sont des magiciennes qui transforment tout ce qui passe entre leurs mains.
« Nous inculquons à nos enfants des valeurs qui font d’eux des personnes exceptionnelles. Nous transformons des ingrédients en repas succulents. Notre humeur fait que le foyer est chaleureux ou morose. Donc on peut venir à bout de tout. L’essentiel c’est de le vouloir, de persévérer en ce sens et d’avoir la volonté. Je ne dirai pas que c’est un milieu facile mais c’est beau. Apportons notre touche à la science et à la technologie pour faire encore plus ressortir leur splendeur ! »