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ARTICLE 09 janvier 2020

Madagascar : remédier à trois facteurs majeurs de pauvreté grâce aux transferts monétaires Fiavota

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LES POINTS MARQUANTS

  • Région la plus pauvre de Madagascar, le Grand Sud a été très affecté par la sécheresse de 2013 à 2015, qui a détruit la majorité des récoltes et fait basculer des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire
  • Pour leur venir en aide, le programme de transferts monétaires, Fiatova, vise à améliorer les conditions de vie, renforcer le capital humain et relancer l’activité économique
  • Plus de 450 000 personnes en bénéficient, dont des nombreuses femmes qui ont pu scolariser leurs enfants et se trouver un métier

ANTANANARIVO, le 9 janvier 2019— Anjaranomenjanahary Yvon Vesantine, nous accueille sur le pas de sa porte le sourire aux lèvres. Un sourire longtemps disparu du visage de cette jeune femme de 27 ans, qui s’occupe seule de ses deux enfants depuis son divorce. Effacé par les années de misère et de détresse causées par la sécheresse ou le kere comme on l’appelle ici, dans le sud de Madagascar. De 2013 à 2015, la majorité des récoltes ont été perdues et plus d’un million de personnes se sont retrouvées en situation d’insécurité alimentaire. La dureté du climat est venue se greffer à la situation déjà précaire de mère sans emploi de Vesantine et a ajouté à son sentiment d’exclusion. « Pendant les années de famine, je n’avais rien à mettre sur la table pour nourrir mes enfants. »

Améliorer le quotidien des plus vulnérables

Vesantine fait partie des 450 000 personnes qui bénéficient de transferts monétaires versés depuis 2016 par le gouvernement pour soutenir les 39 communes les plus touchées par la sècheresse. Financé grâce à un don de 35 millions de dollars de la Banque mondiale, par le biais de l’Association internationale de développement (IDA), son fonds pour les pays les plus pauvres du monde, ce programme de protection sociale, Fiavota (qui veut dire « secours » en français), combine transferts monétaires, services de nutrition et fonds de relèvement. L’objectif ? Remédier en même temps à trois facteurs majeurs de pauvreté : des conditions de vie difficiles, le manque de moyens et d’opportunités économiques ainsi qu’un faible niveau de capital humain lié à l’insécurité alimentaire et à la déscolarisation des enfants.

Vesantine reçoit tous les mois une allocation mensuelle de 30 000 ariarys, l’équivalent de 10 dollars. « Grâce à cet argent, je peux acheter de la nourriture et des vêtements pour mes enfants », explique-t-elle. « Ce qui me réjouit aussi c’est de me sentir progressivement réintégrée par la société. Et maintenant, mes enfants vont à l’école. » Une fierté pour elle.

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Bénéficiaires en train de collecter leur allocation. Crédit photo : Dia Styvanley, Banque mondiale

Renforcer le capital humain                  

Ce coup de pouce financier a permis aux ménages bénéficiaires du programme Fiatova d’augmenter leur revenu moyen qui est 40 % supérieur à celui des non-bénéficiaires du programme. La distribution de nourriture et les ateliers de nutrition fournis par le programme ont aussi introduit une diète plus diversifiée au sein des ménages, contribuant à réduire les cas de malnutrition aigüe chez les enfants et à améliorer la sécurité alimentaire. « Avant, on ne mangeait que du manioc séché, maintenant, on prend du riz, du maïs et quelque fois même du poulet », raconte May Liavatae, 30 ans. Pour cette mère de sept enfants, santé et éducation riment avec bien-être de la famille et un avenir meilleur. Avec le transfert monétaire reçu du Fiavota, elle a donc décidé de scolariser ses enfants. « Seule l’école pourra leur assurer un bon avenir », insiste-elle. « Je ne ménage aucun effort pour qu’ils puissent concrétiser leur rêve. La cadette souhaite devenir sage-femme », précise-t-elle remplie d’orgueil maternel.

Et les chiffres montrent que May n’est pas la seule à miser sur l’éducation de ses enfants. Chez les ménages bénéficiaires de Fiavota, le taux net de scolarisation au primaire a augmenté de 12 points par rapport aux non-bénéficiaires, limitant par la même occasion l’entrée précoce des enfants de 5 à 17 ans sur le marché du travail.


« Seule l’école pourra assurer un bon avenir à mes enfants, je ne ménage aucun effort pour qu’ils puissent concrétiser leur rêve. La cadette souhaite devenir sage-femme.  »
May Liavatae
Bénéficiaire du programme Fiatova

Relancer l’activité économique

Avec le fonds de redressement de 180 000 ariarys (53 dollars) qu’elle reçoit, Vesantine a décidé de lancer dans une activité économique et a choisi d’investir dans l’élevage caprin, un élevage à cycle court et rentable. Son activité a bien évolué depuis : « Au début, je possédais deux chèvres. Aujourd’hui, j’en ai six. Ils représentent pour moi une assurance contre les mauvais jours, pour que mes enfants et moi ne revivions plus jamais le cauchemar du kere. » Vesantine ne compte pas s’arrêter là et voit déjà loin ; elle projette d’investir à long terme dans l’élevage bovin. « L’important pour moi est de garantir un revenu pérenne à ma famille et devenir indépendante ».

Les résultats des évaluations à mi-parcours du programme Fiavota ont effectivement montré que les transferts monétaires ont favorisé l’autonomisation des femmes et la création de petites entreprises familiales telles que celles de Vesantine. En 2018, près de deux tiers des ménages bénéficiaires possédaient au moins deux petites activités familiales génératrices de revenus, qui sont souvent dirigées par des femmes alors qu’auparavant, elles étaient gérées par les époux avec l’aide de leurs femmes.

Les évaluations d’impacts du programme ont démontré que les trois objectifs sont atteints. Elles indiquent en particulier une hausse globale du niveau de vie des bénéficiaires, accompagnée d’une baisse de cinq points de l’intensité de leur pauvreté alimentaire, une multiplication des activités économiques et une augmentation de la scolarisation des enfants.

« Les évaluations mettent en évidence que les ménages bénéficiaires du programme Fiavota se relèvent progressivement de leur situation d’extrême pauvreté après 15 mois de mise en œuvre. Ils ont pu tirer profit des effets des transferts monétaires et des mesures d’accompagnement fournis par le programme », affirme Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar. « Néanmoins, ce redressement est encore à consolider car le Grand Sud continue de subir les effets cycliques des changements climatiques. »

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Les évaluations d’impact ont montré que de nombreux ménages utilisent l’argent des transferts monétaires pour lancer leur activité, notamment dans l’élevage. Crédit photo : Dia Styvanley, Banque mondiale



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