ANTANANARIVO, le 9 janvier 2019— Anjaranomenjanahary Yvon Vesantine, nous accueille sur le pas de sa porte le sourire aux lèvres. Un sourire longtemps disparu du visage de cette jeune femme de 27 ans, qui s’occupe seule de ses deux enfants depuis son divorce. Effacé par les années de misère et de détresse causées par la sécheresse ou le kere comme on l’appelle ici, dans le sud de Madagascar. De 2013 à 2015, la majorité des récoltes ont été perdues et plus d’un million de personnes se sont retrouvées en situation d’insécurité alimentaire. La dureté du climat est venue se greffer à la situation déjà précaire de mère sans emploi de Vesantine et a ajouté à son sentiment d’exclusion. « Pendant les années de famine, je n’avais rien à mettre sur la table pour nourrir mes enfants. »
Améliorer le quotidien des plus vulnérables
Vesantine fait partie des 450 000 personnes qui bénéficient de transferts monétaires versés depuis 2016 par le gouvernement pour soutenir les 39 communes les plus touchées par la sècheresse. Financé grâce à un don de 35 millions de dollars de la Banque mondiale, par le biais de l’Association internationale de développement (IDA), son fonds pour les pays les plus pauvres du monde, ce programme de protection sociale, Fiavota (qui veut dire « secours » en français), combine transferts monétaires, services de nutrition et fonds de relèvement. L’objectif ? Remédier en même temps à trois facteurs majeurs de pauvreté : des conditions de vie difficiles, le manque de moyens et d’opportunités économiques ainsi qu’un faible niveau de capital humain lié à l’insécurité alimentaire et à la déscolarisation des enfants.
Vesantine reçoit tous les mois une allocation mensuelle de 30 000 ariarys, l’équivalent de 10 dollars. « Grâce à cet argent, je peux acheter de la nourriture et des vêtements pour mes enfants », explique-t-elle. « Ce qui me réjouit aussi c’est de me sentir progressivement réintégrée par la société. Et maintenant, mes enfants vont à l’école. » Une fierté pour elle.
Renforcer le capital humain
Ce coup de pouce financier a permis aux ménages bénéficiaires du programme Fiatova d’augmenter leur revenu moyen qui est 40 % supérieur à celui des non-bénéficiaires du programme. La distribution de nourriture et les ateliers de nutrition fournis par le programme ont aussi introduit une diète plus diversifiée au sein des ménages, contribuant à réduire les cas de malnutrition aigüe chez les enfants et à améliorer la sécurité alimentaire. « Avant, on ne mangeait que du manioc séché, maintenant, on prend du riz, du maïs et quelque fois même du poulet », raconte May Liavatae, 30 ans. Pour cette mère de sept enfants, santé et éducation riment avec bien-être de la famille et un avenir meilleur. Avec le transfert monétaire reçu du Fiavota, elle a donc décidé de scolariser ses enfants. « Seule l’école pourra leur assurer un bon avenir », insiste-elle. « Je ne ménage aucun effort pour qu’ils puissent concrétiser leur rêve. La cadette souhaite devenir sage-femme », précise-t-elle remplie d’orgueil maternel.
Et les chiffres montrent que May n’est pas la seule à miser sur l’éducation de ses enfants. Chez les ménages bénéficiaires de Fiavota, le taux net de scolarisation au primaire a augmenté de 12 points par rapport aux non-bénéficiaires, limitant par la même occasion l’entrée précoce des enfants de 5 à 17 ans sur le marché du travail.