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ARTICLE 13 décembre 2017

Pour un scénario optimum du développement de Casablanca


De la fiction au développement, Casablanca peut renouer avec le succès 

La Banque mondiale aide la municipalité de Casablanca, au Maroc, à assumer davantage de responsabilités dans la délivrance de services aux citoyens et l’offre d’infrastructures. Dans le cadre d’un prêt axé sur les résultats (a), le premier prêt de ce type accordé à un niveau infranational, la Banque mondiale s’associe aux autorités marocaines afin de démontrer la puissance d’un modèle d’autonomisation des collectivités locales pour améliorer la qualité de vie et l’environnement des affaires dans les grandes métropoles du royaume.

Soixante-quinze ans après la première projection du film éponyme, la simple évocation du nom de « Casablanca » nous renvoie aux visages en noir et blanc d’Ingrid Bergman et d’Humphrey Bogart échangeant un regard débordant de sentiments douloureux. Faites l’expérience : si vous cherchez des images de la ville sur Google, vous allez devoir faire défiler un certain nombre de lignes consacrées à ce classique du genre avant d’y parvenir...

Dans la réalité cependant, la ville a fortement changé, ne serait-ce que du fait de la hausse de sa population, passée d’environ 500 000 habitants à l’époque à plus de 3,5 millions aujourd’hui. L’essor de Casablanca, sous-tendu par une activité portuaire dynamique et son rôle de pôle industriel, est allé de pair avec la transformation économique du Maroc, ancien pays essentiellement rural devenu majoritairement urbain : dans les années 50, trois Marocains sur quatre vivaient à la campagne. Aujourd’hui, plus de 60 % des habitants du royaume vivent en ville.

Comme dans la plupart des autres pays en développement, l’urbanisation du Maroc a provoqué une transformation structurelle de l’économie nationale, tirée par des activités industrielles modernes et les secteurs de services. Cette mutation démographique et économique n’est cependant pas encore achevée et, pour assurer sa transition dans le groupe des pays à revenu intermédiaire supérieur, le royaume va devoir gérer judicieusement son urbanisation et exploiter au mieux le potentiel de ses villes.

Une situation contrastée, entre dynamisme économique et multiples défis à relever

En tant que première ville et capitale économique du pays, Casablanca incarne les défis et les opportunités de l’urbanisation. Plus d’un Marocain sur dix vit dans l’agglomération du Grand Casablanca : véritable poumon économique du royaume, celle-ci assure directement un cinquième du PIB national. Mais elle se caractérise aussi par des inégalités et des poches persistantes de pauvreté.

Les contraintes, en termes de capacités financières et institutionnelles, empêchent la Commune de satisfaire les attentes toujours plus fortes de ses habitants. Faute d’exploiter son potentiel budgétaire, estimé à quelque 150 millions de dollars par an, la ville n’a pas les moyens d’investir : en 2016, ses capacités d’investissement sont ressorties à 19 dollars par habitant seulement — un niveau beaucoup trop faible pour assurer les services urbains requis à l’échelle de la métropole et favoriser ainsi l’inclusion sociale. L’essor urbain soutenu des dix dernières années, conjugué à un faible niveau d’investissements, explique les profondes inégalités d’accès aux services dans la capitale économique du Maroc.

Casablanca est devenue une priorité nationale, à la fois incarnation brillante des promesses de l’urbanisation et illustration concrète des multiples défis qui l’accompagnent. Face à une concurrence mondiale toujours plus intense, la première ville du Maroc doit agir fermement et sans retard pour préserver sa position de premier pôle de croissance du pays et de premier débouché vers les autres économies de la planète. Cette prise de conscience grandissante des autorités s’est traduite par le lancement, en septembre 2014, du Plan de développement du Grand Casablanca (PDGC) — une initiative d’une durée de six ans (2015-21) dotée de 3,4 milliards de dollars et censée améliorer la coordination entre le pouvoir central et les autorités locales de l’agglomération de Casablanca sur le front des politiques et des investissements. En plus d’appeler la Commune de Casablanca à contribuer directement aux investissements attachés à ce plan, sur fonds propres et à travers des emprunts extérieurs, le PDGC l’oblige à introduire une série de réformes institutionnelles pour renforcer sa viabilité financière, son attractivité commerciale et ses capacités de fourniture de services.

Aider Casablanca à réaliser son scénario optimal de développement

Avec le Programme d’appui à la Commune de Casablanca, tout juste lancé, la Banque mondiale accompagne les efforts de la ville pour relever ses principaux défis. Cette opération constitue le premier prêt de type « programme pour les résultats » consenti à une commune et comporte un nouveau modèle d’appui à un programme intégré de réformes et d’investissements à l’échelon municipal.

Le Programme d’appui à la Commune de Casablanca entend pour cela accroître les capacités d’investissement de la municipalité ; améliorer l’environnement urbain et l’accès aux services de base ; et optimiser l’environnement des affaires dans la Commune.

Les réformes promues par cette opération permettront de démontrer la viabilité du modèle d’autonomisation de collectivités territoriales au Maroc, qui les amènera à assumer davantage de responsabilités pour piloter le développement des villes et satisfaire les attentes des citadins. En 2011, le Maroc s’est engagé dans un ambitieux programme de réformes institutionnelles aux fins de poursuivre la décentralisation et la déconcentration. La Constitution de 2011 donne désormais aux régions et aux municipalités un mandat élargi pour soutenir les efforts de création d’emplois par le secteur privé, promouvoir des services publics de qualité et renforcer la redevabilité. Mais la décentralisation n’est pas encore achevée et le pays doit redoubler d’efforts pour conforter le pouvoir financier et institutionnel des autorités régionales et locales afin qu’elles puissent mener à bien les mandats qui leur ont été confiés.



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