Le nombre d’enfants qu’elle suit a plus que doublé en un an. Depuis que le site de nutrition d’Ankiririke fait également partie des 338 sites bénéficiaires du programme de filets de sécurité sociale, financé par la Banque mondiale pendant trois ans pour aider les communautés à faire face à la sécheresse qui frappe durement le sud du pays.
« En 2016, le site a accueilli et suivi 278 enfants, aujourd’hui, nous avons 619 enfants de moins de cinq ans qui viennent régulièrement au site. Avant, je consacrais deux demi-journées par semaine pour m’occuper d’eux mais aujourd’hui, je suis ici tous les jours. Et si je ne suis pas dans le centre, vous me verrez au domicile des mères qui ont besoin de moi, pour voir les enfants ou sensibiliser les nouvelles mamans », confie-t-elle.
La sécheresse qui sévit dans le sud de Madagascar depuis 2013, s’est traduite par une baisse drastique des récoltes et plus d’un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire. 35 000 enfants de moins de 5 ans sont atteints de malnutrition modérée et 12 000 autres de malnutrition aigüe sévère. Tous les mois, Haova et son équipe détectent des cas d’enfants atteints de malnutrition dans le site d’Ankiririke et doivent les transférer au centre de santé de base (CSB) le plus proche, situé en ville, à Amboasary Sud, à 7km du village.
« J’accompagne la maman avec l’enfant qui est déjà fatigué et sous un soleil très fort, nous allons à pied pour rejoindre le CSB d’Amboasary Sud, à 7km d’ici. Nous avons faim mais nous avons surtout peur pour l’enfant. C’est l’une des expériences les plus marquantes de mon métier en tant qu’agent de nutrition. »
Kasy Sambetoke, 3 ans est l’un des enfants qui a été transféré au CSB en novembre 2016 pour cause de malnutrition sévère aigüe. Aujourd’hui, elle se remet progressivement mais continue de prendre un supplément nutritionnel. Haova vient régulièrement la voir chez elle pour s’enquérir de son état. Ses parents cultivent du maïs et du manioc mais, les récoltes ayant été désastreuses, le ménage a commencé à manger du cactus rouge, très mauvais pour la santé.
« Je connais le nom de chacun de ces 619 enfants. Chaque enfant devient mon propre enfant. J’ai mal pour eux et je suis très heureuse de pouvoir au moins leur donner un peu d’espoir avec l’existence de ce site, leur témoigner qu’ils ne sont pas seuls. Ma plus grande récompense est quand l’enfant guérit et recommence à rire et à jouer ».
Haova reçoit régulièrement des formations pour prendre en charge les enfants malnutris. Elle a mobilisé toute la communauté pour construire le site de nutrition d’Ankiririke, devenu pour les nombreuses mamans un havre d’espoir, d’écoute et d’échanges.