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Malgré l’amélioration des conditions de vie à Port-au-Prince, les zones rurales d'Haïti demeurent très pauvres

11 juillet 2014


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Sri Mulyani Indrawati, Directrice générale et Directrice des opérations de la Banque mondiale: la pauvreté rurale est souvent plus élevée et plus difficile à combattre que dans les zones urbaines. 


LES POINTS MARQUANTS
  • L'extrême pauvreté a diminué de 31 à 24% entre 2000 et 2012 en Haïti.
  • Toutefois, en 12 ans les taux de pauvreté extrêmes sont restés sensiblement les mêmes dans les zones rurales.
  • Seulement 11% des Haïtiens des zones rurales ont accès à l'énergie contre 63% dans les villes.

Les rues de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, bourdonnent d'activités : les marchands ambulants vendent de tout, vêtements, fruits, eau minérale ou soda. Ils crient le prix aux passants qui attendent un "tap-tap", les bus locaux qui sont peints en rouge, bleu, jaune, vert et souvent portent le visage de gens célèbres ou une expression populaire.

Bien que Port-au-Prince ait été profondément affectée par le tremblement de terre il y a quatre ans et demi et soit toujours confrontée à de nombreux défis, les progrès sont tangibles. Plus de 90% des familles vivant auparavant dans les camps logent désormais dans des quartiers plus sûrs, plus d'enfants vont à l'école, et les résidents ont maintenant un meilleur accès à l'eau et autres services essentiels.

Mais à environ 200 km, dans la communauté rurale de Simon, les choses sont différentes: les routes sont poussiéreuses, non asphaltées et la vie est plus calme.

Il n'est pas toujours facile d'obtenir de l'eau potable en campagne. En fait, environ 40 pour cent de la population rurale d'Haïti utilise des sources d'eau non protégées comme les rivières ou les puits non protégés, ce qui augmente les risques de contracter des maladies comme le choléra. En revanche, dans les villes, ceux qui n'ont pas accès à des sources d'eau potable ont davantage la possibilité d'acheter de l'eau en bouteille, ce qui simplifie la lutte contre les maladies.

La situation s'est améliorée dans la communauté de Simon, environ 60.000 habitants ont maintenant un meilleur accès à l'eau potable, grâce à un projet d'eau en milieu rural de la Banque mondiale qui a installé des pompes à eau potable ou l’eau courante dans des maisons rurales.

Mais il y a encore beaucoup d'autres régions rurales d’Haïti qui sont trop loin de sources d'eau potable et dont les populations sont à risque de consommer de l’eau contaminée.

Jean Michelet Theard Desir vit avec sa femme et ses deux enfants dans Simon, près des Cayes dans le sud d'Haïti. Il a maintenant un robinet d'eau à côté de sa maison et il paie environ 4 dollars par mois pour l'eau potable. Mais il y a quelques années seulement, sa situation était très différente.

"Avant, j'avais ce puits et j’allais me laver dans la rivière. Lorsque vous vous lavez dans la rivière, vous vous lavez dans l'eau que tout le monde utilise et où tout se passe. Parfois, votre corps vous démange », selon Theard Desir.



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Considérable écart entre campagne et ville

Haïti est en fait le pays le plus inégalitaire en Amérique latine et dans les Caraïbes: les 20% plus riche de la population détiennent plus de 64% de la richesse totale, tandis que les 20% plus pauvres en détiennent à peine 1%.

Mais la plus grande inégalité reste géographique - entre les villes et la campagne. L'écart entre la population urbaine et rurale en Haïti est saisissant: près de 70% des ménages ruraux sont considérés chroniquement pauvres contre un peu plus de 20% dans les villes. Cela signifie qu'ils vivent en dessous du seuil de pauvreté d'Haïti avec moins de deux dollars par jour et n'ont pas accès aux biens et services de base.

De plus, l'inégalité est à la hausse dans la campagne, alors qu’elle diminue dans les villes, selon la Banque mondiale (d’après les données de l’Institut Haïtien des Statistique et de l’Informatique).

Cela est d'autant plus inquiétant que la plupart des Haïtiens vivent dans la campagne, plus de la moitié de la population. 48% des Haïtiens vivent dans les villes et 22% dans la capitale du pays, Port-au-Prince.

La Banque mondiale et l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) montrent que les taux de pauvreté extrêmes ont diminué en Haïti - de 31% à 24% entre 2000 et 2012, mais surtout en raison des progrès dans les villes, où ils ont diminué de 21% à 12% dans le même laps de temps. Dans les zones rurales toutefois, le taux de pauvreté extrême est resté sensiblement le même depuis 12 ans.

Ainsi, alors que les choses s'améliorent dans les villes d'Haïti, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la situation est plus sombre pour la campagne d'Haïti.

Par exemple, seulement 11% des gens de la campagne haïtienne ont accès à l'énergie contre 63% dans les villes. 16% dans les zones rurales ont accès à un assainissement amélioré, contre 48% dans les villes.

«Globalement, la pauvreté rurale est souvent plus élevée et plus difficile à combattre que dans les zones urbaines. Mais offrir l'éducation, les services de santé, et l'emploi à ces communautés est primordial pour promouvoir l'égalité d'accès à une vie meilleure pour tous les Haïtiens », a déclaré Sri Mulyani Indrawati, Directrice générale et Directrice des opérations de la Banque mondiale, cette semaine lors de sa visite en Haïti.

L'eau potable et les services d'assainissement appropriés sont essentiels pour éviter les maladies de toutes sortes. Comme l'explique Theard Desir - avec un accès à l'eau potable, son «corps ne le gratte plus » et maintenant sa famille peut boire, cuisiner et se laver en toute sécurité.

Mais la route est longue, car l'objectif est qu'un jour les 10,4 millions d'Haïtiens puissent boire de l'eau sans être malade, profiter d’un l’éclairage électrique pour travailler la nuit  et  avoir accès à de meilleures opportunités.

Alors que le pays s'emploie à rendre durable les progrès réalisés et à élargir les possibilités pour ses citoyens, Haïti aura besoin d'investissements publics plus ciblés dans les zones rurales et de gestion efficace de ses ressources limitées pour améliorer l'accès et la qualité des services de base et augmenter la productivité agricole. Dans les zones urbaines, la priorité devrait être accordée au développement des compétences et à la création d'emplois.

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