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Aider l’Inde à combattre le fléau de la malnutrition

13 mai 2013


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LES POINTS MARQUANTS
  • Le taux de malnutrition infantile de l’Inde est presque cinq fois supérieur à celui de la Chine et deux fois plus élevé qu’en Afrique subsaharienne.
  • Trop souvent, les nouvelles mamans sont des adolescentes, dont une proportion effrayante (75 %) sont anémiques. Avec seulement 5 kilos en moyenne, contre pratiquement 10 kilos dans le reste du monde, la plupart ne prennent pas suffisamment de poids pendant leur grossesse.

En Inde, la malnutrition est un fléau qui sévit à bas bruit et l’un des pires défis pour le pays sur le plan du développement humain. Malgré une croissance économique alerte depuis 20 ans, l’Inde détient un des records mondiaux en matière de malnutrition des enfants de moins de cinq ans.

Le taux de malnutrition infantile y est pratiquement cinq fois supérieur à celui de la Chine et deux fois plus élevé qu’en Afrique subsaharienne. Environ 60 millions d’enfants (soit pratiquement la moitié de cette population) présentent un déficit pondéral, 45 % ont un retard de croissance, 20 % souffrent d’émaciation (poids insuffisant pour la taille, signe d’une malnutrition aiguë), 75 % sont anémiques et 57 % ont une carence en vitamine A.

La malnutrition a des conséquences graves chez l’enfant : non seulement elle compromet ses chances de survie et accroît sa propension à tomber malade mais elle réduit aussi ses capacités d’apprentissage, augmente la probabilité de décrochage scolaire et obère son avenir productif. Tout se joue principalement pendant la gestation et au cours des deux premières années de la vie : faute d’actions adaptées, les dégâts que la malnutrition provoque sur le développement cérébral sont pratiquement irréversibles, de même que les séquelles qui en découlent sur le plan des performances individuelles et de la productivité.

Étant donné son impact sur la santé, l’éducation et la productivité, la sous-alimentation est une entrave majeure au développement humain, qui retarde les effets tant attendus du dividende démographique de l’Inde et pèse sur ses perspectives de développement.

Si le taux de la malnutrition en Inde atteint globalement un niveau alarmant, les écarts d’un État à l’autre et entre groupes socioéconomiques sont considérables. Les premières victimes sont les filles, les ruraux, les plus démunis et les castes et tribus dites répertoriées (intouchables et populations aborigènes). Six États — Bihar, Chhattisgarh, Jharkhand, Madhya Pradesh, Rajasthan et Uttar Pradesh — cumulent la moitié des cas de malnutrition, sachant que certaines zones spécifiques de l’Andhra Pradesh et du Maharashtra concentrent 8 à 10 % des cas.

Un handicap qui se transmet d’une génération à l’autre

Plusieurs facteurs sont responsables de la malnutrition, mais ses deux principales causes sont à rechercher dans une alimentation et des soins inadaptés pour les jeunes enfants, en particulier pendant les deux ou trois premières années de leur vie. Le phénomène est souvent aggravé par des problèmes d’hygiène liés à la surpopulation, qui multiplient la survenue d’infections chez les plus jeunes, lesquelles épuisent les réserves en nutriments de ces organismes encore fragiles.

Trop souvent, les nouvelles mamans sont des adolescentes, dont une proportion effrayante (75 %) sont anémiques. Avec seulement 5 kilos en moyenne, contre pratiquement 10 kilos dans le reste du monde, la plupart ne prennent pas suffisamment de poids pendant leur grossesse. Ces adolescentes mal nourries ne peuvent pas mettre au monde d’enfants en bonne santé et perpétuent donc ce cercle vicieux de la malnutrition d’une génération à l’autre.

En revanche, les mères éduquées et plus autonomes ont des enfants mieux nourris. Des analyses récentes effectuées au Bangladesh confirment à nouveau le fait que les femmes qui participent aux décisions du ménage et ont la maîtrise des revenus familiaux nourrissent mieux leurs enfants. On constate aussi que les violences familiales à l’encontre des femmes ont un impact négatif important sur leur état nutritionnel et compromettent leur aptitude à mettre au monde des enfants en bonne santé.

Compte tenu de tout cela, le diagnostic est le suivant : pour que la population d’un pays soit en bonne santé, bien nourrie et productive, il est essentiel de développer l’accès à des aliments nutritifs et diversifiés mais aussi à de l’eau salubre, des installations sanitaires et des services anténataux, et d’informer et accompagner la population pour l’usage des pratiques recommandées en matière d’alimentation infantile (à l’instar de l’allaitement maternel exclusif au cours des six premiers mois d’existence).

Restructuration et renforcement du Programme de services intégrés pour le développement de l’enfant

Partant du postulat que le manque d’accès à la nourriture est la principale cause de malnutrition chez les jeunes enfants, le gouvernement indien avait surtout misé par le passé sur la distribution de compléments alimentaires, par l’intermédiaire du Programme de services intégrés pour le développement de l’enfant (ICDS), en place depuis de longues années. S’il a rapidement couvert tout le territoire national, le programme ICDS a surtout ciblé les enfants de 3 à 6 ans, soit un âge où la malnutrition est déjà installée.

Face au défi tenace que constitue la malnutrition, les autorités ont récemment restructuré ce programme afin d’en faire un dispositif multisectoriel mieux équilibré. Dans sa nouvelle version, celui-ci se concentrera sur l’apport de compléments alimentaires aux femmes enceintes, aux mères qui allaitent et aux enfants de moins de 3 ans. Il prévoit aussi des interventions destinées à améliorer les pratiques maternelles en matière d’alimentation et de soins aux enfants ainsi qu’à promouvoir la vaccination et le suivi de la croissance. Enfin, il s’efforcera de développer l’éducation préscolaire. Les autorités mettront ainsi la priorité sur le triptyque alimentation-santé-soins à l’enfance indispensable pour de meilleurs résultats nutritionnels.

L’action de la Banque mondiale

Afin de soutenir cette restructuration, la Banque mondiale a lancé un projet destiné à renforcer les services intégrés pour le développement de l’enfant et à améliorer la nutrition ; doté de 106 millions de dollars, ce projet constitue la première phase d’une opération qui vise en particulier les États les plus démunis du pays, qui manquent de capacités et où la malnutrition est généralisée.

Ce projet sous-tendra les initiatives du gouvernement pour promouvoir des grossesses sans risques, l’allaitement maternel exclusif et en temps opportun, une alimentation saine pour les nourrissons et les jeunes enfants et des améliorations sur le plan de l’hygiène personnelle, en ciblant les enfants de moins de 3 ans. Il facilitera de surcroît la mobilisation et l’implication des communautés ainsi que la mise en place à titre expérimental d’approches de soutien à ces efforts.

Pour ce faire, le projet financera des initiatives pilotes dans 162 districts fortement touchés par la malnutrition dans huit États : Andhra Pradesh, Bihar, Chhattisgarh, Jharkhand, Madhya Pradesh, Maharashtra, Rajasthan et Uttar Pradesh. Enfin, il contribuera au renforcement des capacités institutionnelles et à l’amélioration des synergies entre les différents organismes nationaux chargés de la nutrition et du développement des enfants.


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