Le changement climatique remet en question les aspirations du Sénégal au développement
Bien qu’il soit devenu l’une des économies d’Afrique subsaharienne qui affiche la croissance la plus rapide au cours de la dernière décennie grâce à une compétitivité internationale accrue et des conditions extérieures favorables, le Sénégal a enregistré des progrès limités vers une croissance inclusive, les performances économiques restant caractérisées par un rythme lent de réduction de la pauvreté et des inégalités persistantes.
La large façade maritime du Sénégal et sa dépendance à l’égard des ressources naturelles pour l’activité économique, l’emploi et les moyens de subsistance — conséquence de la lenteur de la transformation structurelle de son économie — rendent le pays particulièrement vulnérable au changement climatique.
L’inaction climatique coûte cher alors que l’action climatique induira des avantages
Le Rapport national sur le climat et le développement (CCDR) recommande plusieurs mesures destinées à accélérer l’action climatique et le développement dans le capital naturel, bâti et humain et à faciliter la transition énergétique. Les besoins de financement de l’action climatique, tels qu’ils sont évalués pour le présent CCDR, sont relativement faibles par rapport à l’économie du Sénégal et, chose plus importante encore, devraient induire des avantages importants au fil du temps au‑delà de l’adaptation au changement climatique et de l’atténuation de ses effets.
La transition énergétique a permis d’atteindre à la fois les objectifs de développement et de climat, en dépassant les cibles des contributions déterminées au niveau national et en mettant le pays sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Cependant, des risques importants subsistent, liés aux retards dans le déploiement comme dans la disponibilité des financements pour la production d’énergies renouvelables et le gaz domestique. Le formidable potentiel du Sénégal en ce qui concerne les énergies renouvelables (principalement l’énergie solaire) donne l’option de production la moins coûteuse afin de répondre à la demande croissante d’énergie tout en accélérant la décarbonation. En fin de compte, le pays pourrait jouer un rôle de premier plan dans la décarbonation de la région, grâce aux possibilités d’exportation, et renforcer la résilience sur l’ensemble du réseau régional. À court terme, eu égard aux obstacles au déploiement rapide des énergies renouvelables, l’utilisation transitoire du gaz domestique aidera à éliminer progressivement les centrales au charbon et au fioul lourd, coûteuses et fortement polluantes, tout en équilibrant le système électrique et en abaissant le coût de l’électricité.
Les priorités en matière d’adaptation recensées dans le rapport sont axées essentiellement sur des interventions de développement sans regret que le changement climatique ne fait que rendre plus cruciales. Elles consistent principalement à assurer un meilleur développement grâce à des investissements dont on a déjà besoin de toute urgence, et à faire en sorte que ces investissements soient rendus résilients face à un large éventail d’effets possibles du changement climatique pour le Sénégal. L’amélioration de la gestion des ressources naturelles est une priorité pour réaliser des activités économiques, des emplois et des moyens de subsistance résilients.
L’investissement dans des villes durables stimulera la croissance économique tout en renforçant la résilience et en réduisant l’impact climatique.
Les besoins de financement de l’action climatique sont colossaux, beaucoup plus importants que les niveaux actuels des investissements et flux financiers liés au climat. Pour résorber ce déficit, il faudra un engagement actif du secteur public et du secteur privé afin de mobiliser des ressources à grande échelle et d’orienter les décisions d’investissement et de consommation vers des résultats compatibles avec le climat. Un secteur privé en bonne santé qui investit dans des solutions résilientes au changement climatique et favorise une utilisation efficace des ressources est essentiel pour que l’action climatique se déroule au rythme et à l’échelle adéquates. Le rapport fait ressortir plusieurs domaines dans lesquels le gouvernement peut jouer un rôle de facilitateur en proposant des mesures incitatives (par exemple en harmonisant les prix du carbone), en renforçant le secteur financier national, en exploitant le financement des risques de catastrophe et en expérimentant des instruments novateurs afin de mobiliser des ressources supplémentaires (par exemple, des obligations et des prêts indexés sur la durabilité).
***
Les rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) du Groupe de la Banque mondiale constituent un diagnostic fondamental qui intègre le changement climatique et le développement. Ils aident les pays à prioriser les actions les plus efficaces à même de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de renforcer l’adaptation et la résilience, tout en réalisant des objectifs de développement plus larges. Ces rapports proposent des mesures concrètes et prioritaires pour soutenir la transition vers une économie sobre en carbone et résiliente. En tant que documents publics, les CCDR visent à informer les gouvernements, les citoyens, le secteur privé et les partenaires de développement et à favoriser l’engagement en faveur du programme de développement et de lutte contre le changement climatique.