D’après les prévisions, on devrait assister à un rebond de la croissance du PIB réel à 5,3 % en 2021, à la faveur de l’extraordinaire performance du secteur agricole. Même si les réformes en cours devraient permettre d’améliorer la performance à long terme de l’économie marocaine, les perspectives à court terme sont sujettes à des risques considérables compte tenu de la propagation de nouveaux variants du coronavirus 2019 et de la persistance de la vulnérabilité financière du secteur privé. Les indicateurs de pauvreté devraient recommencer à baisser en 2021, mais le nombre de pauvres devrait seulement retrouver les niveaux d’avant la pandémie d’ici 2023.
Évolutions récentes
Amorcée en fin 2020, la reprise reste incomplète. Après une contraction de 6,3 % en 2020, l’économie a affiché une croissance du PIB réel en glissement annuel de 1 % au premier trimestre 2021, encouragée par la forte augmentation de la valeur ajoutée agricole (20,5 %) après des pluies abondantes et par les exportations de certains produits manufacturés. Le secteur des services, pour sa part, est resté en récession, du fait des mauvaises performances de l’industrie touristique relativement large du Maroc. Divers indicateurs donnent à penser que la reprise des activités non agricoles pourrait avoir ralenti au deuxième trimestre : 50 000 emplois urbains ont été perdus en glissement annuel, les exportations totales et les ventes de ciment ont diminué, et l’indice de confiance des consommateurs a reculé. Malgré l’évolution positive de son programme de vaccination (48,6 % de la population avait été complètement vaccinée au 22 septembre), le Maroc a essuyé une troisième vague de COVID-19 pendant l’été.
Perspectives
Selon les projections, la croissance devrait rebondir à 5,3 % en 2021, en raison d’un effet de base et d’une campagne agricole extraordinaire plutôt que d’une accélération généralisée de l’activité économique. Le Maroc ne pourrait retrouver son PIB pré-pandémique qu’en 2022, puis suivrait une accélération progressive de la croissance, sous réserve de la mise en œuvre réussie des réformes en cours et envisagées. Soutenu principalement par le recouvrement d’impôts indirects, le déficit budgétaire devrait commencer à diminuer en 2021 (6,7 % du PIB), pour stabiliser la dette en dessous de 79 % du PIB. En revanche, le déficit courant devrait se creuser à 3,7 % du PIB, la bonne performance des exportations de produits manufacturés et des envois de fonds étant plus que compensée par la reprise des importations. Toutefois, ce scénario de base reste très incertain. La dernière vague des contaminations prouve que la pandémie peut encore retarder la normalisation complète des activités économiques. La crise a accru les vulnérabilités macro-financières du Maroc et le risque d’une augmentation déferlante de faillites d’entreprises et de défauts de paiement ne peut pas encore être écarté, compte tenu de la précarité de la situation de trésorerie d’une grande partie des entreprises. Dans un tel scénario, l’assise financière et la capacité de prêts du secteur bancaire seraient compromises, ce qui pourrait détériorer les finances publiques du fait des passifs éventuels associés aux programmes de garantie de prêts.