Une réforme des subventions aux carburants favorisant les pauvres permettrait de mobiliser des ressources nécessaires pour améliorer les services essentiels

Les perspectives économiques du Gabon restent favorables à moyen terme, grâce aux bons résultats attendus dans le secteur pétrolier, indique la dernière édition de la Note de conjoncture du Gabon publiée par la Banque mondiale.

La croissance devrait s'établir autour de 3 % cette année et au cours des deux prochaines années. La balance commerciale et les finances publiques du pays ont bénéficié des prix élevés des produits de base et de la bonne tenue des exportations de matières premières comme le pétrole, le bois et le manganèse. Le Gabon a ainsi enregistré en 2022 son plus fort excédent budgétaire depuis les chocs sur les prix du pétrole de 2014.

Sa forte exposition à la volatilité des marchés des produits de base fait toutefois peser un risque considérable sur les perspectives de croissance du pays, ce qui souligne la nécessité de redoubler d’efforts pour promouvoir la diversification économique.

Croissance du PIB réel (%), 2018-2023

Sources : Perspectives économiques mondiales (GEP) et calculs des services de la Banque mondiale. | Note : Données préliminaires pour 2022 ; projections pour 2023.

Une approche favorable aux pauvres pour réformer les subventions aux combustibles fossiles

Si l’économie du Gabon a bénéficié des prix élevés du pétrole, cette situation a également conduit à une augmentation exponentielle du coût budgétaire des subventions aux combustibles fossiles.

Alors que la population gabonaise, en particulier les habitants les plus vulnérables, ressentait de plus en plus durement les effets de la récente flambée inflationniste, le gouvernement a augmenté les dépenses destinées à subventionner les carburants et les denrées alimentaires dans le but de contenir la hausse du coût de la vie pour les ménages.

Le montant des subventions aux carburants était estimé à 100,6 milliards de francs CFA (environ 165 millions de dollars) en 2022, soit 0,7 % du PIB. Pour tenter de contenir le coût budgétaire induit par ces subventions, le Gabon a cessé en juin 2022 de subventionner les prix pour le secteur industriel. En dépit de ces efforts, les dépenses publiques annuelles allouées aux subventions représentent encore les deux tiers des dépenses publiques totales consacrées à la santé, et plus de la moitié de celles affectées à l'éducation.

Les subventions aux carburants ont un coût d'opportunité budgétaire et social élevé. En outre, elles profitent essentiellement aux couches les plus aisées de la population, ce qui souligne l’importance d'envisager des politiques alternatives plus efficaces et mieux ciblées pour soutenir les personnes les plus vulnérables. La réduction des subventions aux carburants permettrait au Gabon de dégager des ressources qui pourraient servir à soutenir une politique budgétaire anticyclique et à relever les défis du développement. Investir dans la population d’un pays — dans sa santé, ses compétences et sa résilience aux chocs — est essentiel pour favoriser une croissance plus inclusive. Cela vaut particulièrement pour le Gabon, où un enfant né aujourd’hui n’atteindra en moyenne que 46 % de son potentiel productif.

Sources : Autorités gabonaises et calculs des services de la Banque mondiale.

Note : Les estimations sont basées sur les données de l’Enquête gabonaise pour l’évaluation et le suivi de la pauvreté 2017.

À la lumière de l’expérience de pays qui ont mené à bien des processus d’ajustement des prix, le rapport décrit les bonnes pratiques et les mesures d'accompagnement possibles pour une réforme des prix des carburants qui soit socialement acceptable et réduise au minimum l'impact sur la population :

• Réformer en priorité les subventions profitant aux couches les plus riches de la population et représentant le coût le plus élevé pour les finances publiques ;
• Adopter un mécanisme temporaire de lissage des prix offrant un juste équilibre entre volatilité excessive et risques budgétaires ;
• Échelonner la réforme pour permettre aux ménages et aux entreprises de s’adapter et afin de déployer des mesures d’atténuation ;
• Engager des consultations avec toutes les parties prenantes et mener des campagnes de communication pour répondre aux préoccupations des différents groupes économiques ;
• Adopter des mesures ciblées pour atténuer l’impact sur les groupes les plus vulnérables et les secteurs clés pour l’économie, en renforçant les filets sociaux et augmentant les dépenses sociales.