YAOUNDÉ, le 24 avril 2014— Si le Cameroun veut concrétiser son objectif de devenir une économie émergente à l’horizon 2035, le pays devra investir dans le capital humain en commençant par améliorer la qualité de son éducation primaire, constate l’édition la plus récente des Cahiers économiques du Cameroun.
Publication semestrielle de la Banque mondiale, cette revue qui analyse les perspectives économiques du pays, s’intéresse en effet à l’éducation de base comme source essentielle de croissance. « Si l’économie camerounaise croît à un rythme assez honorable (4 à 5% par an) depuis une dizaine d’années, à ce rythme, le Cameroun ne parviendra pourtant pas à atteindre l’objectif que s’est fixé le gouvernement dans sa vision 2035», constate Souleymane Coulibaly, économiste principal pour l’Afrique centrale à la Banque mondiale et co-auteur de ce rapport.
Un réexamen des sources de croissance est donc essentiel, à commencer par l’éducation de base, pilier d’une croissance à long terme. « L’éducation primaire permet à une large partie de la population de participer au processus de production et de croissance », souligne l’économiste. « Il existe en effet un lien étroit entre le niveau d’éducation et la probabilité pour les ménages de tomber sous le seuil de pauvreté », ajoute-t-il.
Or, si l’accès à l’éducation de base s’est beaucoup amélioré au Cameroun, le taux d’achèvement du cycle primaire passant de 53% à 2001 à 80% en 2011, les résultats scolaires des Camerounais se sont cependant dégradés.
Le rapport note en effet que les résultats des Camerounais à un test standardisé ont empiré entre 1998 et 2005, même s’ils restent supérieurs à ceux de nombreux pays d’Afrique francophone. Une étude du ministère de l’Éducation de base (MINEBUB), réalisée en 2010 auprès d’élèves du primaire, vient confirmer ce constat : en troisième année du cycle primaire 49% des jeunes Camerounais éprouvaient beaucoup de difficultés à lire et 27% ne savaient pas lire du tout, preuve que le Cameroun doit renforcer d’urgence la qualité de son secteur éducatif.
Les Cahiers économiques du Cameroun notent également la persistance de très fortes disparités au niveau inter et intrarégional ainsi qu’entre les sexes et les catégories sociales. A titre d’exemple, si 91% des élèves achèvent l’école primaire dans les zones urbaines, dans les zones rurales le taux d’achèvement n’est que de 68%. D’autre part, le taux d’analphabétisme des adultes en zone rurale (57%) est trois fois plus élevé qu’en zone urbaine (17%).
Autre statistique révélatrice des disparités qui semblent caractériser le système éducatif camerounais, dans les zones rurales, le taux de scolarisation des filles n’est que de 65% contre 79% pour les garçons. Enfin, alors que la quasi-totalité des élèves appartenant aux milieux les plus nantis achèvent le cycle primaire, seuls 40% du quintile le plus pauvre de la population y parviennent.