YAOUNDÉ, 24 avril 2014 – Intitulé Réexaminer les sources de la croissance – La qualité de l’éducation de base, le septième numéro des Cahiers économiques du Cameroun publiés par le bureau de la Banque mondiale au Cameroun évalue la situation macroéconomique dans le pays en s’intéressant tout particulièrement au secteur de l’éducation de base.
Malgré la morosité du contexte économique mondial, la croissance économique du Cameroun pourrait s’établir aux alentours de 4.6% en 2013. Et ceci grâce à un secteur tertiaire dynamique et une agriculture industrielle qui booste la croissance.
Les perspectives concernant le secteur pétrolier sont aussi prometteuses, la production devant doubler grâce à l’exploitation de nouveaux gisements. De même, la première génération de projets d’infrastructures de grande envergure devrait s’achever dans les prochaines années. Néanmoins, l’accumulation d’arriérés, la détérioration de l’environnement des affaires et le retard dans l’exécution des investissements publics apportent un bémol à ces perspectives.
« L’économie camerounaise croît à un rythme assez honorable, entre 3 et 5% par an depuis une dizaine d’années. Pourtant, à ce rythme, le Cameroun ne parviendra pas à atteindre l’objectif fixé par le gouvernement dans sa vision 2035 » analyse Souleymane Coulibaly, économiste principal pour l’Afrique centrale à la Banque mondiale et l’un des auteurs principaux de ce rapport.
« Cette situation exige d’accorder une attention renouvelée aux sources de la croissance au Cameroun pour identifier les domaines d'action qui pourraient aider le Cameroun à atteindre les niveaux de croissance économique qui permettront de développer durablement le pays et réduire la pauvreté », a fait remarquer Gregor Binkert, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun.
Les théories de la croissance endogène ont été testées au cours des trois dernières décennies dans un grand nombre de pays et ont confirmé que le capital humain joue un rôle essentiel dans la croissance économique. À cet égard, l'éducation, ainsi que la santé (secteur couvert dans le précédent numéro des Cahiers économiques du Cameroun) peuvent contribuer à concrétiser l’objectif du Cameroun qui est de devenir une économie émergente à l’horizon 2035.
Dans le domaine de l’éducation, l’accès à l’éducation de base s’est beaucoup amélioré ces dix dernières années, Le taux brut de scolarisation primaire étant passé de 102.8% en 2001 à 112.9% en 2011. Cependant, les résultats scolaires se sont dégradés, même si ces derniers restent supérieurs à ceux des pays africains comparables.
Il convient aussi de noter que malgré l’aide publique supplémentaire accordée dans les zones dites prioritaires (Extrême Nord, Nord, Adamaoua et Est), les résultats scolaires y restent moins bons. Cette édition met en valeur les disparités entre les zones urbaines et rurales, la question du coût de la scolarisation et de l’efficacité des ressources tant humaines que financières allouées par l'État dans ce secteur.
« À l’avenir, les pouvoirs publics pourraient se concentrer sur l’essentiel en améliorant la collecte de données pour un meilleur suivi de la prestation des services d’éducation, en évaluant de façon plus systématique les acquis des élèves, en augmentant l'allocation budgétaire à l'éducation dans son ensemble, en réaffectant en priorité les dépenses publiques aux zones d'éducation prioritaire, en veillant à la transparence des allocations de crédits, et en réexaminant la politique des manuels scolaires pour garantir la durabilité et le prix abordable de ces outils », soutient Shobhana Sosale, chargée de projet en éducation à la Banque Mondiale et co-auteur de ce rapport.
Les Cahiers économiques du Cameroun visent à partager l’information et encourager la discussion afin d’aider à améliorer la gestion économique du Cameroun et à libérer son énorme potentiel économique. Publiés semestriellement, ils analysent les tendances et les enjeux économiques.