Un volume record de 10 500 tonnes de semences à distribuer pour les semailles d’avril
WASHINGTON, 12 février 2015 — Dans un effort concerté visant à relancer l’activité agricole et éviter la faim dans les pays touchés par Ebola, le Groupe de la Banque mondiale a réuni un financement d’urgence de 15 millions de dollars pour fournir à plus de 200 000 agriculteurs de Guinée, du Libéria et de Sierra Leone un volume record de 10 500 tonnes de semences de maïs et de riz à temps pour les semailles d’avril.
Plus d’un million de personnes pourraient en effet connaître la faim faute d’un accès sûr à de la nourriture et de mesures d’urgence pour garantir la production végétale et animale.
Comme le montre un rapport du Groupe de la Banque mondiale, la crise Ebola a imposé un lourd tribut aux économies de ces trois pays — en particulier à leurs secteurs agricole et alimentaire. Les ressources octroyées à titre de don par l’Association internationale de développement (IDA) et le Fonds fiduciaire pour la reprise et la reconstruction des pays touchés par Ebola serviront également à acheter des engrais pour multiplier les semences de base, l’objectif étant de respecter les délais serrés des semailles et de contribuer à poser les bases d’une reprise durable.
« L’agriculture est la colonne vertébrale des économies de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone », affirme Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique. « En procurant rapidement aux populations d’Afrique de l’Ouest des semences pour leurs principales cultures vivrières, nous œuvrons pour la reprise de l’activité dans les zones rurales et contribuons à éloigner le spectre de la faim dans les pays les plus touchés par Ebola. »
D’après des estimations publiées récemment par la FAO et le Programme alimentaire mondial, 230 000 personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire en Guinée, un nombre qui pourrait monter à 470 000 d’ici mars 2015. Au Libéria, 170 000 personnes sont concernées et, faute d’intervention, le nombre de victimes de la faim pourrait dépasser 300 000. Le début de l’épidémie a coïncidé avec les périodes de culture et de récolte, et l’exode rural a entraîné une grave pénurie de main-d’œuvre agricole. En Sierra Leone, plus de 120 000 personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, et ce nombre pourrait dépasser les 280 000. Kailahun, l’un des épicentres de l’épidémie, est la région agroalimentaire la plus fertile du pays.
Ce concours sans précédent du Groupe de la Banque mondiale s’inscrit dans le cadre de l’un de ses programmes régionaux, le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (WAAPP), qui couvre 13 pays d’Afrique de l’Ouest parmi lesquels les trois touchés par Ebola. Avec l’appui de ce programme, des équipes-pays se sont déployées dans le but d’identifier des fournisseurs de semences dans des pays voisins. Les actions menées en préparation de la période de semis sont les suivantes : élaboration de plans d’approvisionnement auprès de huit pays, évaluation des besoins, sélection des fournisseurs, collaboration avec AfricaRice (un centre du GCRAI) pour la multiplication des semences parentales de riz et organisation de la distribution des semences et des engrais aux agriculteurs en temps opportun.
Pour assurer la libre circulation des camions de transport de semences, les trajets ont été planifiés à l’avance et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a autorisé les services de douanes et de contrôle des frontières à laisser passer lesdits camions sans encombre. Les mouvements des camions seront surveillés en temps réel à l’aide d’un système de messagerie instantanée (SMS), particulièrement aux postes-frontière.
L’agriculture est une activité sociale essentielle et les restrictions de circulation ont gravement entamé la capacité des agriculteurs à récolter leurs produits, les mettre sur les marchés, préparer les champs pour les semis et assurer un apport continu de semences pour les semailles suivantes. Des rapports indiquent que des familles paysannes aux abois ont dû consommer des graines initialement conservées pour la campagne agricole suivante. Des récoltes ont pourri dans les champs à cause de l’exode rural.
« Au mieux, l’agriculture est une entreprise risquée. La disponibilité d’intrants essentiels comme les semences, les engrais, les systèmes d’irrigation et les services de vulgarisation est déterminante pour une bonne récolte », explique Juergen Voegele, directeur principal du pôle Agriculture des Pratiques mondiales du Groupe de la Banque mondiale. « Ebola a certes eu des conséquences dévastatrices sur les économies des pays touchés, mais nous sommes convaincus que des efforts ciblés de relance du secteur agricole aideront non seulement à nourrir la population, stimuler la croissance économique et accroître la production alimentaire, mais qu’ils permettront également d’enrayer l’accélération du dénuement et l’aggravation de la pauvreté induites par la maladie. »
La réponse du Groupe de la Banque mondiale face à Ebola
Le Groupe de la Banque mondiale a mobilisé environ un milliard de dollars au bénéfice des pays les plus éprouvés par la crise Ebola. Cette somme comprend une enveloppe de 518 millions de dollars octroyés par l’IDA — le guichet du Groupe de la Banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres — en vue d’apporter les soins et les traitements nécessaires, de contenir et prévenir la propagation des infections, d’accompagner les populations confrontées aux répercussions économiques de la crise et d’améliorer les systèmes de santé publique, et un financement d’au moins 450 millions de dollars venant de l’IFC — un membre du Groupe de la Banque mondiale – pour soutenir le commerce, l’investissement et l’emploi. Pour en savoir plus, consulter la fiche d’information sur le site www.worldbank.org/ebola.