Parer au plus urgent en République centrafricaine
Tatiana Komanda est agricultrice en République centrafricaine (RCA). Ses journées s’enchaînent entre préparation des repas, travail aux champs ou au potager familial et vente de ses récoltes au marché local.
« Ce sont mes parents qui m’ont appris à cultiver la terre. J’ai grandi dans l’agriculture puis une fois mariée, j’ai continué avec mon mari. »
Tatiana a su tirer parti de son expérience : elle est aujourd’hui capable de subvenir aux besoins de sa famille et, ce qui compte le plus à ses yeux, d’envoyer ses enfants à l’école.
« L’argent que je gagne en vendant mes produits permet à mes enfants d’avancer dans la vie. Je peux payer leurs frais de scolarité et leur acheter des vêtements ou des chaussures. Je suis satisfaite de ma vie, je suis heureuse de voir mes enfants faire des études. »
Il n’en a pas toujours été ainsi pour Tatiana. Par le passé, l’agricultrice peinait à produire ne serait-ce que de quoi nourrir sa famille ; encore maintenant, la vie reste extrêmement difficile pour un grand nombre de ses concitoyens.
Enclavée au cœur de l’Afrique, la RCA est l’un des États les plus pauvres et les plus fragiles du monde. Sur les 6,1 millions d’habitants que compte le pays, plus de 4,5 millions (75 %) vivent de l’agriculture (a). Malgré l’importance de ce secteur, on estime qu’environ 2 millions de personnes seront confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire entre septembre 2023 et avril 2024 (a).
Les difficultés quotidiennes que connaît la population centrafricaine se sont encore intensifiées depuis l’année dernière et l’invasion de l’Ukraine, fournisseur essentiel de céréales pour les pays d’Afrique. À la guerre s’ajoute la crise climatique, qui menace à long terme l’agriculture centrafricaine. En raison des sécheresses et des inondations de plus en plus sévères qui frappent la RCA, 75 % de la population du pays sera bientôt exposée aux effets du changement climatique. Le niveau d’insécurité alimentaire devient désormais une situation d’urgence.
« Avant, nous avions du mal à nous en sortir, et même à nous procurer de la nourriture », se souvient Tatiana Komanda, qui n’a rien oublié de son combat quotidien contre l’insécurité alimentaire.
La Banque mondiale continue de travailler avec le gouvernement centrafricain pour faire en sorte que la population puisse non seulement manger à sa faim mais aussi acquérir les compétences et les équipements nécessaires pour évoluer vers une agriculture plus commerciale.
Le projet d’urgence en riposte à la crise alimentaire aide les agriculteurs comme Tatiana à accroître la production de nourriture, tout en améliorant la résilience des petits exploitants agricoles et des ménages confrontés à l’insécurité alimentaire grâce à la fourniture d’actifs et de services agricoles : semences, animaux d’élevage, équipements de transformation, services de vulgarisation et formations.
« Se relever »: améliorer la résilience sur le moyen terme à Madagascar
Répondre aux situations d’urgence engendrées par l’insécurité alimentaire et veiller à ce que les populations aient de quoi manger tous les jours est crucial, mais pas suffisant. Car il est tout aussi important, pour le développement, d’aider les pays et les individus à devenir plus résilient pour être ainsi capable de se protéger contre la prochaine crise.
À Madagascar, la pauvreté s’aggrave avec le changement climatique et son lot de sécheresses, de pluies tardives et d’invasions acridiennes. Ces phénomènes sont particulièrement dévastateurs dans le sud du pays, où les moyens de subsistance se limitent principalement à l’agriculture et à la pêche vivrières, et où le taux de pauvreté dépasse 90 %.
Des programmes humanitaires y sont déployés depuis de longues années, afin principalement d’apporter une réponse immédiate et de court terme. À la suite d’un nouvel épisode de sécheresse, la Banque mondiale a notamment participé avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au versement de deux séries de transferts monétaires d’urgence à quelque 600 000 personnes, tandis que 480 000 autres ont été approvisionnées en eau douce en coordination avec l’UNICEF.
Tous ces programmes ont joué un rôle crucial pendant les situations d’urgence qui n’ont cessé de frapper le sud de la Grande ÎIe depuis plusieurs décennies, mais ils n’ont guère permis de réduire les risques ni de rendre les gens autonomes de manière permanente. Consciente de la nécessité de soutenir les habitants de la région par des interventions qui répondent aux difficultés immédiates causées par les catastrophes naturelles, tout en les préparant mieux aux chocs futurs, la Banque mondiale s’est associée à plusieurs partenaires dans le cadre du projet d'appui aux moyens de subsistance résilients dans le sud de Madagascar.
Baptisé « Mionjo » (« se relever » dans le dialecte régional), le projet s’appuie sur l’expérience d’opérations financées par la Banque mondiale et les donateurs, mais aussi par des organisations de la société civile locales, pour améliorer l’accès aux infrastructures de base et aux moyens de subsistance et renforcer la gouvernance locale, en ciblant avant tout les jeunes et les femmes. Mis en œuvre à l’échelon des communes, le projet tente de mettre en place une approche intégrée et de long terme qui favorisera la transition de l’aide humanitaire vers un développement durable.