Skip to Main Navigation
publication

L’économie des nouvelles routes de la soie: Opportunités et risques liés aux corridors de transport

Image

La Chine a lancé les « nouvelles routes de la soie » en 2013. Ce projet baptisé Belt and Road Initiative (BRI) a pour objectif d’améliorer les voies de communication et la coopération à l’échelle transcontinentale.

Parce qu'il est ardu de mesurer les effets d’un projet d’une si grande ampleur, le Groupe de la Banque mondiale a entrepris de conduire une analyse indépendante des risques et opportunités associés au développement de ces corridors de transport. Élaborée à partir de travaux de recherche empirique et d’un modèle économique rigoureux, l’étude intitulée Belt and Road Economics entend aider les pays prenant part à l’initiative à entreprendre les investissements et les réformes qui répondront au mieux à leurs besoins de développement. Son but est aussi de nourrir les débats sur l’initiative des nouvelles routes de la soie en les ancrant sur une analyse et des données objectives.

 

TÉLÉCHARGER LE RAPPORT

 


« Pour réaliser les ambitions des nouvelles routes de la soie, les pays participants devront entreprendre des réformes tout aussi ambitieuses. Il sera particulièrement important d’améliorer la communication et la transparence des données, notamment en ce qui concerne la dette et la commande publique, et de se conformer aux normes sociales et environnementales les plus exigeantes. »
Ceyla Pazarbasioglu
vice-présidente, Croissance équitable, finance et institutions

Les principales conclusions

Résumé :

Les nouvelles routes de la soie peuvent considérablement améliorer les échanges commerciaux, les investissements étrangers et les conditions de vie des habitants des pays participants. Mais pour cela, la Chine et les pays de la Belt and Road doivent engager des réformes plus profondes afin de renforcer la transparence, développer le commerce, améliorer la soutenabilité de la dette et atténuer les risques environnementaux, sociaux et de corruption.

1. Dans les pays traversés par les nouvelles routes de la soie, l’essor des échanges commerciaux et des investissements directs étrangers (IDE) pâtit du manque d’infrastructures et de politiques publiques adaptées. La construction de nouvelles infrastructures peut contribuer à combler ces lacunes, mais elle est coûteuse, et ce d’autant plus qu’elle s’inscrit dans un contexte de hausse de la dette publique. 

  • À l’heure actuelle, on estime que le niveau des échanges commerciaux et des IDE dans les économies concernées est inférieur de 30 % et 70 % respectivement par rapport à leur potentiel.

2. Parce qu’ils permettront de faire baisser le coût du commerce, les projets de transport entrepris dans le cadre des nouvelles routes de la soie peuvent conduire au développement des échanges commerciaux, à la hausse des investissements et à la réduction de la pauvreté. Mais, pour certains pays, le coût des nouvelles infrastructures risque de l’emporter sur les gains potentiels.

  • En supposant que ces projets de transport soient intégralement réalisés, ils pourraient se traduire par une augmentation des échanges commerciaux dans le monde comprise entre 1,7 et 6,2 %, ce qui entraînerait une hausse du revenu réel mondial comprise entre 0,7 et 2,9 %.

3. En les accompagnant de réformes complémentaires, il est possible de maximiser les effets positifs des projets de transport des nouvelles routes de la soie et de faire en sorte que les gains qui en découlent profitent au plus grand nombre. Pour certains pays, ces réformes sont même une condition préalable aux gains nets potentiels associés à ces projets.

  • L’étude estime que le revenu réel des pays participants pourrait être de deux à quatre fois plus élevé s’ils mettent en œuvre des réformes qui réduisent les temps d’attente aux frontières et assouplissent les restrictions commerciales. 

4. L’initiative des nouvelles routes de la soie comporte des risques propres à tout grand projet d’infrastructure. Ces risques pourraient être aggravés par un degré de transparence et d’ouverture limité au niveau de l’initiative elle-même, ainsi que par la situation médiocre de plusieurs pays participants sur le plan de la gouvernance et des fondamentaux économiques.

  • Risques liés à la soutenabilité de la dette : Sur les 43 pays à revenu faible ou intermédiaire pour lesquels des données détaillées sont disponibles, douze risquent d'être confrontés à moyen terme à une détérioration de la viabilité de leur dette.
  • Risques liés à la gouvernance : En se rapprochant des bonnes pratiques mondiales en matière de transparence et d’ouverture dans la passation des marchés publics, les pays seraient davantage en mesure de garantir que les projets liés aux nouvelles routes de la soie soient attribués aux entreprises les mieux placées pour les mettre en œuvre.
  • Risques environnementaux : Les infrastructures de transport développées dans le cadre de l’initiative entraîneront, selon les estimations, une hausse des émissions de carbone de 0,3 % à l'échelle mondiale, mais qui pourra atteindre 7 % voire plus dans certains pays, en raison d’une augmentation de la production dans des secteurs plus émetteurs de CO2.
  • Risques sociaux : L’afflux de travailleurs associé à la réalisation d’un projet d’infrastructure peut générer des risques de violence contre les femmes, de maladies sexuellement transmissibles et de tensions sociales.

 


À propos des auteurs

Michele Ruta, chef d’équipe de projet et économiste principal, Macroéconomie, commerce et investissement

Michele Ruta est économiste principal au pôle mondial d’expertise en Macroéconomie, commerce et investissement du Groupe de la Banque mondiale, où il dirige le programme de travail sur l’intégration régionale. Auparavant, il a occupé différentes fonctions au Fonds monétaire international (FMI), à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à l’Institut universitaire européen (IUE). M. Ruta a publié des articles dans des revues à comité de lecture comme le Journal of International Economics et il a contribué à l’élaboration de nombreux rapports, dont le Rapport sur le commerce mondial de l’OMC et le Rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale, avec des contributions sur le commerce international et l’intégration régionale. Il est titulaire d’un doctorat en économie délivré par l’université Columbia et d’un diplôme de premier cycle de l’université de Rome La Sapienza.

Matías Herrera Dappe, économiste senior, Transport

Matías Herrera Dappe est économiste senior au pôle mondial d’expertise en Transport et TIC de la Banque mondiale. Il travaille depuis plus de dix ans sur les politiques économiques liées aux infrastructures, en se consacrant principalement aux aspects économiques des investissements dans les infrastructures et aux enjeux de la participation du secteur privé dans ce domaine, des performances comparées, de la concurrence, de la réglementation et des adjudications. Avant de rejoindre la Banque mondiale, il a travaillé au sein de compagnies privées et de groupes de réflexion, ainsi qu’en tant que consultant indépendant, et a conseillé des gouvernements et des entreprises en Amérique latine, en Amérique du Nord et en Europe. M. Herrera Dappe a publié de nombreux articles sur ses thèmes de recherche et il est rédacteur en chef adjoint du Journal of Infrastructure, Policy and Development. Il est titulaire d’un doctorat en économie de l’université du Maryland.

Somik Lall, économiste principal, Développement social, urbain et rural et résilience

Somik V. Lall est expert mondial pour les solutions de développement territorial à la Banque mondiale et économiste principal spécialisé dans le développement urbain en Afrique. À ce titre, il dirige un programme mondial de recherche sur l’urbanisation et le développement spatial ; il est notamment à l’origine du programme Urbanization Reviews. C’est un expert reconnu en matière de politiques de développement liées à la compétitivité urbaine et territoriale, aux agglomérations et clusters urbains, aux infrastructures et à l’évaluation d’impact. Il totalise plus de 18 ans d’expérience dans ces domaines, en particulier en Asie, en Afrique et en Amérique latine. M. Lall était l’un des principaux membres de l’équipe qui a rédigé le Rapport sur le développement dans le monde 2009 : Repenser la géographie économique. Il est l’auteur principal d’un rapport phare de la Banque mondiale intitulé Planning, Connecting, and Financing Cities Now, ainsi que de la publication Ouvrir les villes africaines au monde. M. Lall a été conseiller économique senior auprès du Comité des politiques de développement des transports nationaux créé par le Premier ministre de l’Inde.

Chunlin Zhang, spécialiste principal du secteur privé, Finance, compétitivité et innovation

Chunlin Zhang est spécialiste principal du développement du secteur privé au sein du Groupe de la Banque mondiale. Entré à la Banque en 1999, il s’est consacré aux pays d’Asie de l’Est-Pacifique et d’Afrique. Il a dirigé un grand nombre d’activités d’analyse et de conseil en matière de développement du secteur privé, de réforme des entreprises publiques et des services publics, d’innovation et entrepreneuriat, de diversification économique et d’inégalité. Il est l’auteur de nombreux rapports et documents de politique générale à l’intention des pays clients de la Banque mondiale. Chunlin Zhang a étudié l’économie à l’université de Nankai et à l’université de Pékin, en Chine. Il est titulaire d’un doctorat en économie délivré par l’Académie chinoise des sciences sociales.