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publication 9 décembre 2018

RISE 2018 : le point sur les politiques publiques d’énergie durable dans le monde

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LES POINTS MARQUANTS

  • Le rapport RISE 2018 dresse le bilan des progrès accomplis vers l’adoption de politiques d’énergie durable, indicateur de premier plan et socle de la transition énergétique mondiale.
  • On observe une montée en puissance des politiques d’énergie durable dans le monde, mais ces avancées sont encore loin d’être suffisantes pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux ainsi que l’Objectif de développement durable n° 7 relatif à l’énergie.
  • Le rapport RISE 2018, qui porte sur la période 2010-2017, évalue la situation de 133 pays dans quatre domaines : accès à l’électricité, énergies renouvelables, efficacité énergétique et accès à des moyens de cuisson non polluants. Il fournit des données indispensables aux responsables publics et aide les acteurs privés à prendre des décisions d’investissement éclairées dans les projets énergétiques.

Selon la dernière édition des indicateurs sur les politiques publiques en matière d’énergie durable (ou RISE selon leur acronyme en anglais), le nombre de pays qui se sont dotés de cadres structurants solides a plus que triplé depuis 2010, avec en particulier un essor spectaculaire du soutien aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.

Le rapport tire toutefois la sonnette d’alarme : les pays ont parcouru à ce jour la moitié seulement du chemin qui les conduira à l’atteinte de l’Objectif de développement durable (ODD) n° 7 relatif à l’énergie durable et, plus généralement, à la réalisation des objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique.

Le rapport RISE dresse l’inventaire des politiques et réglementations nationales adoptées dans le monde entier en vue d’atteindre l’ODD 7. L’analyse porte sur les quatre domaines suivants : accès à l’électricité, moyens de cuisson non polluants, énergies renouvelables et efficacité énergétique.

L’édition 2018 du rapport, intitulé Policy Matters (a), couvre 133 pays qui représentent 97 % de la population mondiale. Il servira de référence aux dirigeants nationaux, qui pourront situer leurs avancées politiques et réglementaires par rapport à celles des autres pays dans leur région et dans le monde. L’objectif est aussi de mettre en évidence les lacunes qui entravent leurs progrès vers l’accès à l’énergie pour tous. 


« Les politiques publiques, ça compte. Les chiffres du rapport RISE 2018 viennent confirmer qu’elles constituent un indicateur de premier plan des avancées de la transition énergétique dans le monde. Mais le rapport tire aussi la sonnette d’alarme : si les pays ne passent pas à la vitesse supérieure en adoptant rapidement les bonnes politiques et en les appliquant vigoureusement, la réalisation des objectifs climatiques mondiaux et de l’ODD 7 est compromise. »
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Riccardo Puliti
directeur principal du pôle Énergie et industries extractives à la Banque mondiale

Voici ce qu’il faut retenir du rapport RISE 2018 :

  • Le nombre de pays qui se sont dotés de cadres structurants solides en matière d’énergie durable a plus que triplé entre 2010 et 2017, pour passer de 17 à 59.
  • Un grand nombre de pays parmi les plus gros consommateurs mondiaux d’énergie ont considérablement amélioré leurs réglementations relatives aux énergies renouvelables et se sont fixé des objectifs chiffrés dans ce domaine ainsi qu’en matière d’efficacité énergétique dans le cadre des négociations préparatoires à l’accord de Paris de 2015.
  • Les progrès ne se limitent plus aux pays développés : on trouve des pays très performants dans toutes les régions du monde en développement.

Accès à l’électricité :

  • Dans les pays qui ont le plus progressé sur le plan des taux d’accès à l’électricité depuis 2010, le rapport observe aussi une amélioration sur le plan des politiques publiques y afférentes. 
  • Les pays où les taux d’accès à l’électricité sont encore faibles mettent de plus en plus l’accent sur les solutions hors réseau : en 2017, ils étaient 70 % à avoir pris des mesures pour soutenir le développement de mini-réseaux et d’installations domestiques solaires, contre environ 15 % seulement en 2010.

Énergies renouvelables :

  • En 2017, 50 pays (soit deux fois plus qu’en 2010) se sont dotés d’un important arsenal de politiques publiques visant à favoriser le passage aux énergies renouvelables.
  • Parmi la totalité des pays couverts par le rapport, 37 % seulement s’étaient fixé un objectif national de développement des renouvelables en 2010. Sept ans plus tard, ils sont 93 %. En outre, 84 % des pays disposent désormais d’un cadre réglementaire à l’appui du déploiement des énergies renouvelables, tandis que 95 % d’entre eux autorisent le secteur privé à détenir et exploiter des projets dans ce secteur.
  • Les politiques de développement des énergies propres se concentrent principalement sur la production d’électricité, au détriment des secteurs du chauffage et du transport, qui représentent pourtant 80 % de la consommation mondiale d’énergie.

Efficacité énergétique :

  • Le pourcentage de pays pourvus d’un socle de politiques publiques solides en faveur de l’efficacité énergétique a été multiplié par dix entre 2010 et 2017, pour grimper de 2 à 25 %. Et, ce qui est particulièrement encourageant, ces pays représentent 66 % de la consommation mondiale d’énergie.
  • Les performances moyennes à l’échelle mondiale restent cependant faibles dans ce domaine, et les pays ont encore des progrès considérables à accomplir.

Moyens de cuisson non polluants :

  • Parmi les quatre domaines ciblés par l’ODD 7, celui des moyens de cuisson non polluants reste le plus négligé et le plus insuffisamment financé par les pouvoirs publics. 
  • Si le rapport note une certaine progression des politiques publiques dans ce domaine depuis 2010, il fait état de peu de progrès en ce qui concerne la fixation de normes pour les fourneaux ou encore les mesures visant à inciter les consommateurs et les producteurs à se tourner vers des technologies propres.

Ces résultats sont encourageants, mais insuffisants : les pays sont encore loin du compte, alerte le rapport RISE 2018.

  • Le monde n’a parcouru que la moitié du chemin vers l’adoption de politiques publiques abouties dans le domaine de l’énergie durable. Cette situation compromet l’atteinte de l’ODD 7 à l’horizon 2030 et entrave les avancées que le monde doit mener pour contenir le réchauffement planétaire sous la barre des 2 °C.
  • L’application des politiques constitue un enjeu capital. S’il est indispensable de se doter de cadres politiques structurants, il est tout aussi fondamental de garantir leur application et de disposer d’institutions efficaces. C’est pourquoi le rapport RISE intègre de nouveaux indicateurs qui permettent d’évaluer dans quelle mesure les pays s’attachent à faire exécuter les politiques adoptées.
  • La détérioration de la situation financière des compagnies nationales d’électricité met en péril les progrès accomplis sur le plan des politiques d’énergie durable. Dans les pays avec un faible taux d’accès à l’énergie, seulement 37 % de ces entreprises étaient solvables en 2016, contre 63 % en 2012.

 

RISE 2018 est la deuxième édition d’un rapport consacré à l’état des politiques publiques en matière d’énergie durable et paru pour la première fois en 2016. Dans la continuité de la méthodologie employée dans l’édition initiale, les pays sont classés en trois catégories : verte pour les pays très performants, jaune pour les pays moyennement performants et rouge pour les pays peu performants. Cette nouvelle édition a en outre été enrichie : elle intègre des données sur l’évolution des politiques depuis 2010, met davantage l’accent sur leur application effective, fournit des informations plus détaillées sur les secteurs du chauffage et du transport, et propose un système d’évaluation pilote des politiques de soutien aux moyens de cuisson non polluants dans 12 pays où les taux d’accès sont les plus faibles.