En pleine expansion sur fond de changement climatique, villes et pays en développement se heurtent à des difficultés financières grandissantes, car ils ont besoin de routes, d’aéroports, de bâtiments, de systèmes d’adduction d’eau et d’approvisionnement énergétique capables de résister à une élévation de la température et à des phénomènes climatiques extrêmes. Faute d’investissements nouveaux, les exploitations agricoles et les chaînes d’approvisionnement en produits vivriers sont elles aussi menacées. Si dans la plupart des cas, les autorités savent comment réagir, elles ont souvent nettement plus de mal à trouver des ressources, surtout en cas de tensions sur les finances publiques.
Dans ce contexte, une solution relativement originale pour financer des investissements climato-intelligents gagne du terrain : les obligations vertes. Ces produits ont été conçus pour lever un maximum de fonds sur un marché évalué à 80 000 milliards de dollars et pour élargir la base d’investisseurs intéressés par des projets écologiques, partout dans le monde.
Le marché obligataire, qui a décollé en 2013, connaît depuis une expansion constante, à la mesure de la popularité des placements au service d’une croissance respectueuse de l’environnement. Les obligations vertes sont des instruments financiers liquides à revenu fixe et faciles à appréhender. Les fonds mobilisés sont exclusivement consacrés à des projets d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses conséquences ainsi qu’à d’autres activités aux retombées positives pour l’environnement. Attrayante pour les investisseurs, cette offre présente de surcroît l’avantage de soutenir des projets écologiques.
« Les obligations vertes constituent une nouvelle forme de flux financiers indispensables pour lutter contre le changement climatique », explique Rachel Kyte, vice-présidente et envoyée spéciale du Groupe de la Banque mondiale pour le changement climatique. « Elles offrent des perspectives d’investissements verts à un groupe toujours plus large d’acteurs, y compris ceux qui souhaitent diversifier leurs portefeuilles en se désinvestissant des combustibles fossiles, et ont prouvé l’existence d’une véritable appétence des investisseurs pour ce type de placement ».
La Banque mondiale et l’IFC, pionniers du marché des obligations vertes
Le service de la Trésorerie de la Banque mondiale a émis sa première obligation verte en 2008, dans un contexte où les investisseurs n’avaient pas accès à des opérations liquides à revenu fixe spécifiquement dédiées à des projets respectueux de l’environnement et au service du climat. Depuis, la Banque mondiale a mobilisé plus de 6 milliards de dollars par le biais de 65 émissions d’obligations vertes libellées dans 17 monnaies différentes. De son côté, l’IFC a émis 3,4 milliards de dollars de titres verts, dont deux opérations de 1 milliard en 2013. Les recettes sont affectées à l’appui de projets dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, les modes de transport durables et d’autres initiatives sobres en carbone. Elles financent également la gestion des forêts et des bassins versants et la construction d’infrastructures pour prévenir les dégâts provoqués par les inondations et renforcer la résilience climatique.
Les deux institutions — dont la cote AAA/Aaa rassure les investisseurs et dont la mission de développement et les mesures de sauvegarde garantissent une utilisation des recettes saine et efficace — ont contribué à développer le marché des obligations vertes, à élargir la base d’investisseurs et à les sensibiliser à l’utilité de projets respectueux de l’environnement vers lesquels orienter leurs opérations.